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Les tirailleurs sénégalais : un siècle dans l'armée française


Les tirailleurs sénégalais avec le maréchal Petain, le chef d'État français, à Dakar le 15 mai 1942.
Les tirailleurs sénégalais avec le maréchal Petain, le chef d'État français, à Dakar le 15 mai 1942.

Les tirailleurs sénégalais à la célèbre chéchia rouge, tombés par milliers lors de l'offensive d'avril 1917 du Chemin des Dames, étaient des soldats recrutés dans les anciens territoires français de l'Afrique subsaharienne.

Rien que le premier jour de la bataille, 1.400 d'entre eux sont morts, ce qui vaudra au Général Charles Mangin, commandant de la sixième armée, le surnom de "boucher des Noirs". On estime qu'à peu près 6.000 ont péri dans la bataille. En 2007, a été édifié sur le site, près de Laon (Aisne), un mémorial rendant hommage aux tirailleurs de la première guerre mondiale.

On en recensa plus de 200.000 lors de la Première guerre mondiale, 150.000 pour la Seconde, 60.000 en Indochine, selon l'historien Julien Fargettas, auteur d'un ouvrage sur le sujet.

Ils ont intégré les rangs de l'armée française en 1857 (sur une initiative du gouverneur du Sénégal, Louis Faidherbe), jusqu'au début des années 1960.

Le premier contingent de "tirailleurs" (de "tir" et "ailleurs"), ainsi appelé par raillerie parce que ratant souvent leur cible, est composé d'engagés du territoire du Sénégal. Mais les régions ayant fourni les plus gros contingents correspondraient pour les pays actuels au Mali, au Burkina Faso et à la Guinée.

Ils ont participé à toutes les phases de la conquête coloniale en Afrique puis à celle de Madagascar, vers 1890, et à ce qu'on a appelé la "pacification" du Maroc, à partir de la fin du XIXe siècle.

Ils ont servi l'armée française dans ses pages les plus glorieuses : la libération de Toulon, le débarquement de Provence. Mais aussi dans des moments plus sombres, comme la répression du soulèvement du Constantinois en Algérie en mai 1945 ou la répression à Madagascar en 1947.

Durant la seconde guerre mondiale, les Allemands ont choisi de maintenir leurs prisonniers africains en France pour des questions de "pureté raciale". Les tirailleurs ont donc été envoyés dans des fermes, des usines, des exploitations forestières, vivant quasiment au sein de la société française. Les habitants connaissaient très peu les Noirs à l'époque. Ce fut une découverte mutuelle avec de très nombreuses amitiés, des liaisons, des mariages, des naissances.

A partir des années 2000, les Africains ont commencé à se réapproprier cette histoire et surtout à voir ces tirailleurs différemment de leurs aînés qui ont pu les considérer, aux indépendances, comme des collaborateurs de l'État colonial, explique M. Fargettas.

Aujourd'hui, il y a une volonté, particulièrement au Sénégal, de mettre en avant cet héritage militaire.

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Au micro de VOA AFRIQUE, le professeur Thiam affirme: "Si l'empire Francais a pu se mettre en place entre 1871 et 1914 c'est essentiellement grâce à ses tirailleurs Sénégalais."

Au musée des Forces armées à Dakar, plusieurs sections leur sont consacrées. Il n'y pas d'autre lieu de mémoire similaire en Afrique. L'ancien président Abdoulaye Wade (2000-2012), dont le père était tirailleur, a initié en 2004 une "Journée du tirailleur".

Avec AFP

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