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Les Portoricains de Floride pourraient décider de l'issue de l'élection présidentielle


Le milliardaire new-yorkais Donald Trump s'adressant à des militants du Tea Party le 16 avril à Boca Raton, en Floride.
Le milliardaire new-yorkais Donald Trump s'adressant à des militants du Tea Party le 16 avril à Boca Raton, en Floride.

Des bénévoles cherchant à mobiliser les électeurs hispaniques pour voter dans trois semaines s'activent dans le centre de la Floride. Car cette communauté pourrait bien décider du vainqueur de la course à la Maison Blanche, et ça ne se présente pas bien pour les républicains.

Depuis l'élection de 2012, la sévère crise financière qui sévit dans le territoire américain de Porto Rico a poussé des centaines de milliers d'habitants à s'installer en Floride (sud-est).

Ils sont de fervents supporteurs de la démocrate Hillary Clinton et pourraient bien faire tomber dans son escarcelle cet Etat, l'un des plus cruciaux terrains d'affrontement pour la présidentielle.

Ana Iris Vazquez, femme au foyer de 54 ans, prépare le déjeuner dans son appartement d'Orlando lorsque deux femmes frappent à sa porte. Elles travaillent pour "Mi Familia Vota" (Ma famille vote), une ONG qui traque les Hispaniques non-inscrits pour les transformer en électeurs.

"Pour Hillary", s'exclame Mme Vasquez, interrogée sur son choix pour le scrutin du 8 novembre. "Si je votais pour cet homme (Donald Trump, candidat républicain, NDLR), nous serions tous fichus", dit-elle en souriant.

En quittant leur île des Caraïbes, elle et les autres "Flo-Ricains" n'ont jamais songé un instant qu'ils pourraient un jour être maîtres du destin présidentiel des Etats-Unis.

Un million de personnes d'origine latino se sont installées en Floride depuis 2012, pour la majorité en provenance de Porto Rico plombée par une dette abyssale. Beaucoup ont choisi la région d'Orlando pour recréer leur foyer.

"La migration des Portoricains a déjà eu un impact énorme sur le nombre d'Hispaniques inscrits sur les listes électorales du centre de la Floride", constate Mark Hugo Lopez, directeur du Pew Hispanic Research Center.

Ils sont citoyens américains et ont donc le droit de voter aux Etats-Unis, contrairement aux immigrants étrangers qui doivent obtenir la citoyenneté américaine ce qui peut prendre de longues années.

A l'heure actuelle, 1,9 million d'Hispaniques sont inscrits soit 15,4% des électeurs de Floride. D'après Pew, entre 2006 et 2016, leur nombre a bondi de 61%. Et la grande majorité sont démocrates.

- Etat-clé -

Au bureau de "Mi familia vota" d'Orlando, une dizaine de bénévoles se préparent à arpenter les supermarchés et à aller de maison en maison. Sur le mur, des affiches colorées illustrent les 28.200 Hispaniques qu'ils ont inscrits à ce stade.

Les élections en Floride ont parfois été très serrées. En 2000, le républicain George W. Bush a remporté l'Etat - et donc la présidence - avec une avance de seulement 537 voix sur le démocrate Al Gore.

Ce qui explique pourquoi les deux candidats ont courtisé avec autant d'assiduité l'électorat de Floride, qui compte 20,2 millions d'habitants dont 24,5% sont d'origine latino. C'est le troisième Etat le plus peuplé du pays.

Mais plus que sa taille, c'est son statut de "swing state" - à savoir un Etat qui peut changer de camp d'une élection à l'autre - qui fait sa spécificité.

La tâche est d'autant plus complexe pour l'aspirant-président que l'électorat floridien est tout sauf homogène : le sud penche côté démocrate, le nord côté républicain, et le centre est partagé même si l'écart se creuse désormais grâce aux Portoricains.

"Tout peut arriver car l'Etat est très équitablement partagé", estime Kevin Hill, professeur de politique et de relations internationales de la Florida International University.

D'après la plus récente moyenne des sondages effectuée par RealClearPolitics, Hillary Clinton mène avec 5,5 points d'avance sur Donald Trump au niveau national. Mais, dans l'Etat du sud-est, sa marge n'est que de 3,5 points.

- Antipathique -

Donald Trump s'est attiré l'antipathie des Hispaniques, en particulier des Mexicains qualifiés de criminels et de violeurs et en promettant de construire un mur à la frontière américano-mexicaine pour endiguer l'immigration clandestine.

"Cet homme fait de la discrimination envers nous, il nous dénigre. Que Diable nous arriverait-il avec cet homme ?", s'inquiète Mme Vasquez.

D'après un récent sondage Pew, 58% des Hispaniques inscrits pour voter aux Etats-Unis soutiennent la démocrate, et seulement 19% le républicain.

Désormais, la date butoir pour s'inscrire est passée. L'ONG non partisane de défense des droits des immigrés s'emploie donc à s'assurer que les électeurs se déplaceront en masse dans les bureaux de vote.

Avec AFP

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