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Les Pays-Bas veulent autoriser l'aide au suicide pour les personnes âgées


Un homme âgé bénéficie d’une assistance après l’effondrement des bâtiments suite à un tremblement de terre, en Amatrice, Italie, le 24 Août 2016. (AP Photo/Alessandra Tarantino)
Un homme âgé bénéficie d’une assistance après l’effondrement des bâtiments suite à un tremblement de terre, en Amatrice, Italie, le 24 Août 2016. (AP Photo/Alessandra Tarantino)

Après avoir légalisé l'euthanasie il y a près de quinze ans, les Pays-Bas envisagent désormais d'autoriser l'aide au suicide pour les personnes âgées qui ont le sentiment d'avoir "accompli" leur vie, même si elles ne sont pas malades.

"Les personnes qui pensent, après avoir mûrement réfléchi, avoir achevé leur vie, doivent, sous de strictes conditions et selon des critères très précis, être autorisées à finir leur vie d'une manière qui leur semble digne", ont affirmé les ministres de la santé et de la justice dans une lettre adressée au parlement.

Avec la Belgique, les Pays-Bas ont été en 2002 le premier pays au monde à légaliser l'euthanasie. Mais pour autoriser la procédure, deux médecins minimum doivent avoir la conviction qu'il n'existe pas d'autre solution raisonnable pour le patient malade et que la souffrance est "insupportable et sans perspective d'amélioration".

Ces dispositions, qui peuvent être sujettes à interprétation, font régulièrement l'objet d'un débat aux Pays-Bas et sont souvent critiquées à l'étranger : certaines maladies mentales ou la démence peuvent être considérées comme "souffrance insupportable". Les enfants de plus de douze ans peuvent également demander l'euthanasie.

En 2015, les Pays-Bas ont enregistré 5.516 cas d'euthanasie, soit 3,9% des décès dans le pays, contre 3.136 cas cinq ans plus tôt. Parmi ces personnes, plus de 70% souffraient de cancer et 2,9% de maladies psychiatriques ou de démence.

Le futur texte, qui sera élaboré après des discussions avec des experts, ne portera que sur les personnes âgées mais le gouvernement n'a pas évoqué d'âge spécifique.

Les personnes concernées "ne voient plus de possibilité pour donner un sens à leur vie, vivent mal leur perte d'indépendance, ont un sentiment de solitude", assure le gouvernement. "Mais pour pouvoir mettre en place leur fin de vie, elles ont besoin d'aide".

Un "assistant à la mort", une personne avec une éducation médicale et des formations spécifiques, devra autoriser la procédure après avoir exclu qu'un traitement puisse effacer ce "souhait de mort". Le processus sera examiné après le décès par une commission spécialisée.

Pour Robert Schurink, président de l'Association néerlandaise pour une fin de vie volontaire, "ceci offre une solution", a-t-il affirmé au quotidien populaire AD: certaines personnes "étaient contraintes à des mesures drastiques comme le suicide ou arrêter de manger et de boire quand elles ne voulaient plus vivre."

L'aide au suicide est illégale mais en 2013, un homme reconnu coupable d'avoir aidé sa mère de 99 ans à se suicider en lui procurant des médicaments n'avait pas été puni par les juges, estimant qu'il "avait agi par amour".

Toutefois, plusieurs partis de l'opposition ont critiqué le projet. Le parti socialiste, notamment, estime qu'un éventuel texte ne peut que mener à "une pression sur les autres personnes âgées qui vont se sentir de trop dans la communauté".

Certains Néerlandais éprouvent la même inquiétude évoquant "les personnes fragiles, solitaires, désespérées" alors que le hashtag #voltooidleven (#vieaccomplie) était en tête des tendances sur Twitter dans le pays.

La ministre de la Santé s'est défendue à la télévision publique NOS, assurant qu'il ne s'agissait pas d'une "mort sur commande" : "il faut organiser un processus très consciencieux". "Il ne doit pas s'agir ici de personnes qui, par exemple, sont seules ou qui sont dépressives ou dont les problèmes peuvent être résolus d'une autre manière", a-t-elle ajouté.

Selon un sondage publié début 2016, 64% des Néerlandais sont favorables à la mise à disposition d'une "pilule de fin de vie" pour les personnes âgées qui le désirent.

Également interrogé par la NOS, Pieter Jiskoot, 95 ans, essaie depuis plusieurs années de se procurer de quoi mettre fin à ses jours. "J'ai perdu ma femme et ma fille, ma famille ne vient plus me voir et je ne peux plus lire", a expliqué ce lecteur assidu.

"Je suis réduit à mes pensées et celles-ci tournent toujours vers le passé", a-t-il ajouté : "l'avenir a disparu".

Avec AFP

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