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Les civils fuient en nombre les combats à Mossoul et en Syrie


Des enfants de Raqqa dans un camp de déplacés, Ras al-Ain, Syrie, le 22 janvier 2017.
Des enfants de Raqqa dans un camp de déplacés, Ras al-Ain, Syrie, le 22 janvier 2017.

L'intensification des combats dans la ville irakienne de Mossoul et dans le nord de la Syrie provoque l'exode de dizaines de milliers de civils qui aggrave encore la situation humanitaire dans ces deux pays.

A Mossoul, ce sont plus de 45.000 personnes qui ont rejoint des camps de déplacés depuis le début le 19 février de l'offensive pour chasser les djihadistes du groupe Etat islamique (EI) de la partie ouest de la ville, a indiqué dimanche l'Organisation internationale pour les migrations (OIM).

Dans le nord de la Syrie, le nombre de déplacés est évalué à 66.000, selon le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l'ONU (Ocha). Des familles entières fuient les combats notamment liés à la double offensive des forces turques et de leurs alliés rebelles d'une part, et des troupes syriennes appuyées par la Russie d'autre part.

"Nous avons quitté nos maisons les mains vides, nos gamins meurent de faim", a témoigné Joumana, une Syrienne de 25 ans qui a pris la fuite avec ses deux jeunes enfants.

"Daech (acronyme arabe de l'EI) nous tirait dessus, les avions nous bombardaient. Nos enfants sont terrifiés", a-t-elle raconté à l'AFP dans un village situé à 18 km de la ville de Minbej, l'objectif de nombreux déplacés.

'Insuffisant'

A Mossoul, un grand nombre de civils en fuite rejoignent les camps d'accueil installés à la hâte dans les zones désertiques qui entourent la deuxième ville d'Irak.

Ils ont quitté leur domicile depuis que les forces gouvernementales ont lancé une vaste offensive pour reprendre la partie ouest de Mossoul après avoir conquis l'est de la ville fin janvier.

En fuyant, ils risquent d'être touchés par les tireurs embusqués de l'EI ou les engins explosifs disséminés par les djihadistes.

Le ministre irakien des Déplacés et de la Migration a qualifié samedi de "clairement insuffisant" le travail des agences spécialisées de l'ONU pour l'accueil des déplacés. "L'ONU parle beaucoup mais les efforts déployés sont faibles, malgré le fait qu'elle dispose d'énormes sommes d'argent", a regretté Jassem Mohammed al-Jaff.

Lise Grande, la coordinatrice humanitaire de l'ONU en Irak, a pourtant assuré que "la priorité des humanitaires" était "d'assurer dans les structures d'urgence une capacité suffisante". "Actuellement nous redoublons d'efforts", a-t-elle insisté.

L'OIM a estimé que quelque 200.000 personnes avaient fui les combats à Mossoul, qui ont commencé à la mi-octobre, mais plusieurs dizaines de milliers d'entre elles ont depuis regagné leur foyer dans la partie orientale de la ville.

Les forces irakiennes ont accentué leur pression sur l'EI en attaquant dimanche quatre quartiers de Mossoul-Ouest contrôlés par les djihadistes.

Situation tendue à Minbej

Dans le nord de la Syrie, la situation militaire s'est encore compliquée ces dernières semaines avec l'implication d'une multitude d'acteurs.

L'essentiel des 66.000 déplacés ont fui les environs d'Al-Bab, une ville de la province d'Alep prise le 23 février à l'EI par les forces turques alliées à des groupes rebelles syriens, après des semaines de combat acharné.

La province d'Alep abrite des dizaines de milliers de Syriens déplacés, hébergés pour la la plupart dans des camps installés près de la frontière avec la Turquie.

Parallèlement, les djihadistes défendent leurs positions dans le sud-est de la province face à l'avancée des troupes gouvernementales qui se trouvent désormais à six km de la station de pompage de Khafsa -- alimentant en eau la ville d'Alep mais mise hors de service par l'EI il y a 48 jours.

Dimanche, l'EI a perpétré deux attentats suicide dans cette province septentrionale, tuant huit soldats du régime près de la localité de Deir Hafer et sept combattants rebelles à Azaz.

En voiture, en moto ou dans des pick-up, de nombreux civils, en majorité des femmes et des enfants, cherchent refuge dans la grande ville de Minbej, aux mains des Forces démocratiques syriennes (FDS, une alliance de combattants kurdes et arabes).

Ces véhicules formaient dimanche une longue queue aux checkpoints, où les combattants des FDS fouillaient chacun d'entre eux, a constaté un correspondant de l'AFP.

Au fur et à mesure que les combats se rapprochent de la ville, la situation humanitaire risque de se détériorer à Minbej.

"La ville accueille déjà des dizaines de milliers de déplacés, qui ont fui les affrontements précédents. Cela va être difficile de recevoir cette nouvelle vague de déplacés", a averti samedi Rami Abdel Rahmane, le directeur de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

Le conflit syrien, qui va entrer mi-mars dans sa septième année, a déjà fait plus de 310.000 morts et poussé des millions d'habitants à fuir ailleurs dans le pays ou à l'étranger.

Avec AFP

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