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Le puzzle d'une intervention militaire en Libye se met lentement en place


Des éléments des forces pro-gouvernementales libyennes sur un char à Benghazi, Libye, 21 mai 2015.
Des éléments des forces pro-gouvernementales libyennes sur un char à Benghazi, Libye, 21 mai 2015.

Préparatifs à Rome, forces spéciales déjà sur place, premiers raids : le puzzle d'une intervention militaire internationale contre l'organisation Etat islamique (EI) en Libye commence à se mettre en place, même si le gouvernement d'union nationale libyen se fait toujours attendre.

Le général Donald Bolduc, commandant des forces spéciales américaines en Afrique, a fait frémir les états-majors militaires et politiques en assurant cette semaine au Wall Street Journal qu'un "centre de coordination de la coalition" était en place à Rome en vue de cette intervention.

"Nous attendons la formation du gouvernement libyen, il n'y a pas de +war room+", a vivement réagi Domenico Rossi, sous-secrétaire d'Etat italien à la Défense, sur son compte Twitter.

Mais au-delà de la forme et du nom, les préparatifs sont bien en cours.

"Nous sommes en train de coordonner la formation de la force de sécurité et de stabilisation libyenne, qui devra intervenir quand un gouvernement aura été formé", a ainsi déclaré la ministre italienne de la Défense, Roberta Pinotti, la semaine dernière.

Depuis une dizaine de jours, les informations se multiplient à Paris, Londres et Rome, selon lesquelles des membres des forces spéciales françaises, américaines ou britanniques sont déjà à pied d'oeuvre en Libye. Il Corriere della Sera écrit ainsi jeudi qu'une cinquantaine d'Italiens sont sur le départ.

Selon les médias, ces militaires ne participent pas aux opérations militaires menées par les forces du général Khalifa Haftar, loyales au gouvernement de Tobrouk (est, reconnu par la communauté internationale), ou par Fajr Libya (Aube de la Libye), la coalition de milices islamistes devenue le bras armé du gouvernement non reconnu siégeant à Tripoli.

Leur mission consiste plutôt à établir des contacts avec les forces sur le terrain, évaluer la situation, fournir du renseignement, peut-être des armes et des moyens de communication.

En plus de ses nombreux vols de reconnaissance, l'armée américaine a déjà mené au moins deux raids aériens en Libye, dont celui du 19 février contre un camp de l'EI près de Sabrata, qui a fait 50 morts et probablement tué l'un des chefs du groupe.

- 'Urgent d'agir' -

Parallèlement, le porte-avions français Charles de Gaulle a quitté le Golfe pour la Méditerranée, officiellement pour des exercices conjoints avec la marine égyptienne.

A Sabrata, le commandant d'un groupe loyal à la coalition Fajr Libya a assuré que des soldats britanniques étaient à Misrata pour prendre contact avec les milices. Selon lui, un plan est en place et la campagne visant à déloger l'EI de Syrte va commencer "bientôt".

La communauté internationale s'inquiète en effet beaucoup de voir l'EI renforcer sa présence à Syrte. Le groupe y compte 3.000 à 5.000 combattants, dont des centaines de Tunisiens, Soudanais, Yéménites et Nigérians de Boko Haram venant se former pour repartir frapper ailleurs.

"Il est urgent d'agir", a reconnu le ministre italien des Affaires étrangères, Paolo Gentiloni. "Mais nous avons déjà connu l'illusion d'interventions sans perspectives à moyen et long termes. Nous devons éviter les erreurs du passé et les fuites en avant".

L'Italie insiste donc sur le fait qu'une intervention ne peut se faire que sous l'égide de l'ONU, à la demande d'un gouvernement libyen reconnu.

"Il faut qu'il y ait un partenaire viable sur le terrain", a souligné mercredi un responsable américain de la Défense à l'AFP. "Il y a des discussions" sur une coalition en Libye "mais rien de concret pour l'instant", a assuré un autre.

Pour l'instant, le gouvernement de Tobrouk refuse toute opération sans son accord préalable, tandis que celui de Tripoli promet de traiter toute intervention comme une "invasion étrangère".

Une chose est sûre: personne n'a l'intention d'envoyer des troupes au sol en nombre.

Une intervention militaire d'occupation "est impensable, absurde, jamais envisagée et reste certainement exclue", a insisté Mme Pinotti, tandis que M. Rossi expliquait que la lutte contre l'EI serait "moins efficace" si les soldats de la coalition étaient perçus comme "des envahisseurs".

Mais "l'expérience, dans les autres pays, a bien montré que les frappes aériennes ne suffisent pas", a prévenu mercredi Alshiabani Abuhamoud, ambassadeur en France du gouvernement de Tobrouk. "S'il n'y a pas de troupes terrestres, soit nationales soit internationales, cela ne suffira pas".

AFP

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