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Le procès de Simone Gbagbo reprend sur fond des manifestations des proches de victimes


Ivory Coast's former first lady Simone Gbagbo (L) looks on as she attends the first day of her trial at the Palace of Justice in Abidjan December 26, 2014. Simone Gbagbo went on trial in Abidjan on Friday for her alleged role in stealing an election her h
Ivory Coast's former first lady Simone Gbagbo (L) looks on as she attends the first day of her trial at the Palace of Justice in Abidjan December 26, 2014. Simone Gbagbo went on trial in Abidjan on Friday for her alleged role in stealing an election her h

Le procès de l'ex-Première dame ivoirienne, Simone Gbagbo, accusée d'"atteinte à la sûreté de l'Etat", a repris après une brève suspension à la suite d’une "exception" sur "l'irrégularité" de la cour que la défense a soulevée en début de l’audience de lundi.

La défense a notamment brandi le fait que l'ordonnance de désignation de la cour est arrivée à expiration il y a trois mois.

Avant de reprendre, les juges se sont retirés pour analyser la requête de la défense. Avant la suspension, l’audience n’avait duré qu’une trentaine de minutes au tribunal d'Abidjan-Plateau. Le président de la Cour d'assises, Taïrou Dembélé, a suspendu l'audience, sur insistance de la défense, sans indiquer quand le procès reprendra.

L'audience a repris après une interruption de près d'une heure, et le juge a rejeté cette requête. Les journalistes ont ensuite été invités à quitter la salle.

Pendant ce temps, les proches des victimes ont manifesté devant la cour d’assises d’Abidjan exigeant que Mme Gbagbo réponde des faits qui lui sont reprochés.

"Simone Gbagbo, tu dois répondre de tes crimes": le procès de l'ex-Première dame ivoirienne, accusée d'"atteinte à la sûreté de l'Etat", a repris lundi, sous les cris de proches de victimes de la crise de 2010-2011, qui réclament justice.

Plusieurs dizaines de parents de victimes avaient rejoint le tribunal d'Abidjan, dans le quartier central du Plateau, pour ce procès, un rendez-vous majeur pour le pays à moins d'un an de la présidentielle d'octobre 2015.

"Nous, les victimes de Simone Gbagbo, réclamons justice", "Simone Gbagbo, marraine des escadrons de la mort en Côte d'Ivoire", pouvait-on lire sur des pancartes brandies notamment par des femmes.

Longtemps surnommée "la dame de fer", Simone Gbagbo, 65 ans, épouse de l'ex-président Laurent Gbagbo, est jugée aux côtés de 82 personnnalités de l'ancien régime.

Le procès s'est ouvert vendredi dernier, le gouvernement du président Alassane Ouattara ayant refusé de transférer Mme Gbagbo à la Cour pénale internationale (CPI), qui l'accuse de "crimes contre l'humanité", comme son mari, détenu à La Haye depuis trois ans.

Trente minutes après la réouverture du procès, et l'appel nominatif des accusés, le président de la Cour d'assises, Taïrou Dembélé, a suspendu l'audience, sur insistance de la défense.

Les avocats ont en effet soulevé une "exception" sur "l'irrégularité" de la cour, arguant que l'ordonnance de désignation est arrivée à expiration il y a trois mois.

Vêtue d'un ensemble de couleur jaune, lunettes sur le nez, Simone Gbagbo était assise dans le box des accusés aux côtés de Pascal Affi N'Guessan, le président du parti de M. Gbagbo, et de Gilbert Aké N'Gbo, son dernier Premier ministre, entres autres ex-dignitaires. De nombreux prévenus - mais pas l'ex-Première dame - comparaissent libres, ayant déjà obtenu la liberté provisoire, comme M. Affi N'Guessan.

Mme Gbagbo, 65 ans, est jugée pour son rôle dans la crise postélectorale de 2010-2011, provoquée par le refus de son mari de reconnaître sa défaite à la dernière présidentielle face à Alassane Ouattara. La crise, qui s'est conclue par deux semaines de guerre et l'arrestation du couple présidentiel, a fait quelque 3.000 morts.

Mais le procès qui débute à Abidjan ne couvre pas les "crimes de sang" commis durant la crise, qui font l'objet d'une procédure distincte, au grand dam de proches des victimes.

Les familles de victimes "réclament justice immédiate et ne veulent pas que le procès de Simone soit différé", elles exigent "qu'elle soit jugée pour crimes contre l'humanité et non pour atteinte à la sûreté de l'Etat", a expliqué à l'AFP Issiaka Diaby, président du Collectif des victimes de Côte d'Ivoire.

Après avoir livré à la CPI l'ancien président et Charles Blé Goudé, leader des "jeunes patriotes" pro-Gbagbo, Abidjan refuse le transfèrement à La Haye de Simone Gbagbo, assurant que la justice ivoirienne est désormais en mesure d'organiser un procès équitable. Mais le pouvoir juge aussi qu'un tel transfèrement affecterait le processus de réconciliation nationale.

La justice ivoirienne est régulièrement accusée d'être une "justice des vainqueurs" par des organisations de la société civile et par l'opposition, car l'immense majorité des personnes poursuivies en lien avec la crise de 2010-2011 appartiennent au camp Gbagbo.

"Tout le pays attend qu'on puisse tourner la page et solder les comptes de la grave crise de 2011 (...) pour aller à la réconciliation. Si ce procès peut y contribuer, tant mieux", déclarait vendredi l'un des co-accusés, Michel Gbagbo, fils de Laurent Gbagbo, en liberté provisoire.

L'enjeu est d'autant plus important que, selon la Fédération internationale des droits de l'Homme (FIDH), la Commission dialogue, vérité et réconciliation ivoirienne, qui a remis récemment son rapport final, n'a "pas tenu ses promesses".

Le président de la Commission, l'ancien Premier ministre Charles Konan Banny, a lui-même reconnu que les résultats des travaux étaient décevants.

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