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Le Philippin Duterte part à Moscou et enfonce un coin avec Washington


Rodrigo Duterte donne un discours à Phnom Pen, le 11 mai 2017. (Hean Socheata/ VOA Khmer)
Rodrigo Duterte donne un discours à Phnom Pen, le 11 mai 2017. (Hean Socheata/ VOA Khmer)

Le président philippin Rodrigo Duterte s'envole lundi pour la Russie afin de rencontrer son "héros", d'acquérir des armes et de défaire un peu plus l'ancrage traditionnel de l'archipel avec les Etats-Unis.

Cette visite de cinq jours doit sceller l'amélioration spectaculaire des relations bilatérales survenue depuis l'arrivée au pouvoir de M. Duterte fin juin 2016. Le président philippin s'attache depuis à détricoter son alliance avec l'ancien colonisateur américain, qu'il accuse d'hypocrisie et d'intimidation.

M. Duterte verra jeudi le président russe Vladimir Poutine, qu'il a décrit par le passé comme son "héros favori". Il avait parlé de liens particuliers à cause de leur passion mutuelle pour des sujets comme la chasse et les armes.

Vendredi, le chef de l'Etat philippin a expliqué que l'une des priorités de ce voyage était d'obtenir des bombes guidées russes afin de s'en servir contre les militants islamistes du sud de l'archipel.

"S'ils peuvent nous laisser des bombes guidées avec précision", a-t-il dit. "On a tant de bombes intelligentes mais pas aussi précises".

Pendant des dizaines d'années, les Etats-Unis ont joué le rôle de protecteur principal des Philippines, auxquelles ils sont liés par un traité de défense mutuel.

M. Duterte a réduit la portée des exercices militaires annuels conjoints, appelant au retrait des troupes américaines de l'archipel.

Pendant ce temps, Pékin défie de plus en plus ouvertement la puissance américaine dans la région, en particulier en mer de Chine méridionale, qu'il revendique presque entièrement.

Pékin a des prétentions sur des parties de cette mer qui entrent directement en concurrence avec celles de Manille mais malgré tout, M. Duterte se montre déterminé à s'appuyer sur la Chine et la Russie aux dépens de Washington.

'Balbutiements'

Ceci est dû en partie au fait que la Chine et la Russie soutiennent - ou du moins s'abstiennent de critiquer- sa guerre controversée contre la drogue, qui a fait des milliers de morts et pourrait s'apparenter selon les défenseurs des droits à un crime contre l'humanité.

M. Duterte est monté au créneau contre Washington, notamment quand Barack Obama était encore président, pour avoir dénoncé sa guerre contre la drogue.

Lors d'une visite d'Etat en Chine l'année dernière, il avait annoncé la "séparation" des Philippines d'avec les Etats-Unis.

"Je me suis réaligné sur votre mouvance idéologique (celle de la Chine) et je vais peut-être me rendre aussi en Russie pour parler à Poutine et lui dire qu'on est trois contre le reste du monde: la Chine, les Philippines et la Russie. C'est la seule voie", avait-il lancé à Pékin.

M. Duterte, qui se définit comme socialiste, a rencontré une première fois le numéro un russe en marge d'un sommet de l'Asie-Pacifique au Pérou en novembre dernier.

"Historiquement, on m'a identifié avec le monde occidental. C'était bien tant que ça a duré. Récemment, j'ai vu pas mal de ces nations occidentales intimider les petits pays", avait-il alors dit au président Poutine.

Depuis, deux flottilles de la marine russe ont mouillé à Manille.

Manille et Moscou ont noué des relations diplomatiques il y a 41 ans mais jusqu'à présent, les relations bilatérales sont restées en demi-teinte. Ce qui s'expliquait en partie par l'alliance entre Manille et Washington.

D'après les données officielles, les échanges entre les Philippines et la Russie se sont élevés l'année dernière à seulement 226 millions de dollars, contre 18 milliards de dollars pour les échanges avec les Etats-Unis.

Les relations en sont "à leurs balbutiements" mais la situation va changer, a déclaré à la presse la ministre adjointe aux Affaires étrangères Maria Cleofe Natividad.

Cette visite "va envoyer un message fort sur l'engagement des Philippines dans la recherche de nouveaux partenariats et pour renforcer leurs relations avec des partenaires non traditionnels".

Avec AFP

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