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Le parlement du Malawi, face à l'IVG


Deux femmes au centre de santé Kasinje au Malawi (Jodi-Ann Burey)
Deux femmes au centre de santé Kasinje au Malawi (Jodi-Ann Burey)

La Commission juridique du Malawi étudie un nouveau projet de loi qui assouplirait la règlementation de l’IVG.

Après le Maroc, qui a récemment autorisé l'avortement dans de nouveaux cas, notamment de viol ou de graves malformations et maladies fœtales, c’est au tour du Malawi de se pencher sur la question de l’IVG.

La Commission juridique du Malawi étudie un nouveau projet de loi qui assouplirait la règlementation de l’IVG. Les statistiques dont dispose le gouvernement indiquent qu’à travers le pays, 70.000 femmes avortent chaque année, et que 17 % d’entre elles meurent durant cette procédure jusqu’à présent illicite. Car l’IVG reste passible d’une peine de prison pouvant aller jusqu’à 14 ans, sauf dans les cas où la grossesse menace la vie de la mère.

Ce qui n’empêche pas les Malawiennes de se faire avorter clandestinement. Une pratique qui coute très cher au gouvernement, qui dépense environ un million de dollars par an pour traiter les séquelles de ces IVG illégaux. C’est ce qui a poussé les autorités à soumettre un projet de loi sur la fin de la grossesse, l’espoir étant de protéger la santé des femmes tout en réduisant les dépenses de santé publique.

Une juge de la haute Cour, Esme Chombo, présidente de la Commission chargée de la révision de la loi sur l’avortement, explique: “Nous allons assouplir les conditions dans lesquelles un avortement peut être autorisé. Si une femme est enceinte, mais que le médecin dit que le bébé est mal formé, ce qui compromettrait sa survie, alors une femme pourra décider si elle lui donnera naissance, ou mettra fin à sa grossesse », explique Mme Chombo.

Le nouveau projet de loi prévoit également d’autoriser les IVG chez les femmes victimes de viol, inceste ou autres violences.

Ce n’est pas suffisant, estime pour sa part Crispin Sibande, coordinateur national de la Coalition pour la prévention des avortements risqués.

« Des statistiques du ministère de la Santé montrent que 80 % des femmes et des filles qui ont recours à un IVG font partie d’un couple stable, ou sont mariées. Si une personne est mariée, peut-elle demander un avortement au motif qu’elle a été violée? Si quelqu'un est en couple, mais a des rapports sexuels avec d’autres et se retrouve enceinte, cela veut dire que dans ces cas, l’IVG est hors de question » fait-il remarquer.

Par contre, le Père Maurice Munthali est contre l’IVG. “Au plan spirituel, un avortement reste interdit, parce que c’est un pêché. Le viol, l’inceste, peu importe … quand la conception survient, tout s’arrête. Une erreur a été commise par la personne qui a violé, mais vous ne pouvez pas punir le bébé qui est dans l’utérus » affirme le Révérend Munthali.

Du coté des Malawiens, les avis sont partagés. Esnat Lungu, 24 ans, est pour la nouvelle loi. Si on me violait et que je me retrouvais enceinte, je ne voudrais certainement pas garder l’enfant, dit-elle.

Par contre, Wyford Banda n’est pas si sûr, et fait valoir qu’on tue un organisme vivant.


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