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Le Liberia et la Guinée enquêtent sur des accusations de corruption dans le secteur minier


Abou Keita, 5 ans environ, cherche l'or à la mine de Djikouloumba, près de la région de Kankan, en Guinée, le 27 avril 2008.
Abou Keita, 5 ans environ, cherche l'or à la mine de Djikouloumba, près de la région de Kankan, en Guinée, le 27 avril 2008.

Dans un rapport de 44 pages intitulé "The Deceivers" ("Les imposteurs"), Global Witness détaille des opérations menées par des responsables de la compagnie minière britannique Sable Mining pour obtenir ou sécuriser des permis au Liberia et en Guinée.

Le Liberia et la Guinée ont ouvert des enquêtes après la récente mise en cause par l'ONG britannique Global Witness de membres ou proches du pouvoir dans ces pays voisins pour corruption autour de contrats miniers, selon des responsables à Monrovia et Conakry.

Dans un rapport de 44 pages publié le 11 mai et intitulé "The Deceivers" ("Les imposteurs"), Global Witness détaille des opérations menées par des responsables de la compagnie minière britannique Sable Mining pour obtenir ou sécuriser des permis au Liberia et en Guinée.

A la suite des allégations de Global Witness, le Parlement libérien a décidé le 20 mai, à l'unanimité, la création d'une commission spéciale indépendante d'enquête sur ce dossier, a déclaré lundi à l'AFP un porte-parole du Parlement, Isaac Redd.

Elle sera composée de six membres, "qui ne sont ni au gouvernement, ni au Parlement", a dit M. Redd, estimant les accusations de l'ONG "trop graves pour laisser la moindre place au compromis".

Sable Mining a été fondée par les Britanniques Philippe-Henri Edmonds dit Phil Edmonds, ancienne vedette de cricket, et Andrew Groves, que l'ONG accuse d'avoir "bâti leur empire sur le marché boursier avec la corruption et les escroqueries". La société, citée dans le rapport, a réfuté toutes les allégations.

Le rapport de l'ONG accuse Sable Mining d'avoir payé au Liberia près de 960.000 dollars (plus de 855.000 euros) à plusieurs responsables du pouvoir ou à des proches entre 2010 et 2012 pour s'assurer leurs faveurs.

Parmi les bénéficiaires sont cités l'actuel président du Parti de l'Unité (UP, au pouvoir) Varney Sherman, par ailleurs ancien avocat de la société, un ancien président de l'Assemblée nationale, Alex Tyler, et un ex-ministre des Finances aujourd'hui sénateur, Morris Saytumah.

Le rapport fait aussi état de milliers de dollars consacrés à des frais - notamment de voyages et de téléphone - pour un beau-fils de la présidente Ellen Johnson Sirleaf, Fombah Sirleaf, chef des services de renseignement du pays.

Dans des déclarations rapportées par la presse, Varney Sherman a réfuté toute malversation dans ce dossier et s'est dit prêt à coopérer à toute enquête. Alex Tyler et Morris Saytumah ne s'étaient pas encore publiquement exprimés.

De son côté, la présidence libérienne a annoncé avoir déjà mis en place une commission pour enquêter sur ces allégations, mais M. Redd a insisté sur l'importance de la commission indépendante votée par le Parlement, en raison du risque de conflit d'intérêts.

"La plupart de ceux qui ont été accusés dans le rapport occupent d'importantes fonctions gouvernementales", a souligné le porte-parole du Parlement.

Pour la Guinée, Global Witness évoque "des millions de dollars" déboursés par Sable Mining pour financer la campagne d'Alpha Condé pour les élections présidentielles, qu'il a remportées en décembre 2010.

Ces montants ont été versés notamment à son fils, Alpha Mohamed Condé, et à l'un de ses proches, Aboubacar Sampil, toujours selon le rapport. Mais l'ONG précise que son enquête n'a permis de prouver "aucune malversation de la part d'Alpha Condé" lui-même.

En réaction à ces "graves allégations" de Global Witness, le ministre guinéen des Mines et de la Géologie Abdoulaye Magassouba a "demandé que soient prises toutes les mesures nécessaires pour examiner tous les permis miniers obtenus en Guinée par Sable Mining Africa Limited", a annoncé le gouvernement le 13 mai dans un communiqué.

Le ministre guinéen de la Justice, Cheick Sako, cité dans ce communiqué, précise que la compagnie disposait de "droits d'exploration et de développement sur des ressources naturelles remontant à 2010" et s'est engagé "à ce que l'émission de chacun de ces permis soit examinée".

Il n'a pas exclu de solliciter "l'assistance des services d'entraide judiciaire dans d'autres pays, y compris ceux du Royaume-Uni".

Sollicités à plusieurs reprises par l'AFP depuis la semaine dernière, les responsables concernés ont jusqu'à présent refusé de s'exprimer.

Avec AFP

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