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Le FMI tance Pékin et sa croissance à court terme


La Française Christine Lagarde, directrice générale du FMI, 26 février 2016.
La Française Christine Lagarde, directrice générale du FMI, 26 février 2016.

Le FMI s'en est pris mardi à la politique économique chinoise, accusant Pékin de soutenir artificiellement la croissance au risque de laisser gonfler une bulle financière qui menacerait le reste du monde.

Dans ses prévisions économiques mondiales, le Fonds monétaire international a légèrement revu à la hausse ses prévisions pour le géant asiatique, misant désormais sur une croissance de 6,6% pour 2017, alors qu'il tablait sur 6,5% en début d'année.

L'institution de Washington prend ainsi acte du redressement de la croissance chinoise constaté ces derniers mois: Pékin a annoncé lundi un score de 6,9% au premier trimestre, alors que la deuxième économie mondiale avait vu l'an dernier son taux de croissance tomber au plus bas depuis 26 ans, à 6,7%.

Mais le FMI tire aussi la sonnette d'alarme: ce sursaut est alimenté par une inquiétante hausse du crédit qui menace le système financier. Pire, le Fonds laisse entendre que Pékin pourrait agir ainsi à des fins politiques à l'approche du congrès du Parti communiste à l'automne, au cours duquel le président Xi Jinping doit décrocher un deuxième mandat à la tête du pays, tandis que plusieurs autres hauts dirigeants partiraient à la retraite.

"Il est prévu que les autorités chinoises continuent de mettre l'accent sur la préservation de la stabilité macroéconomique à l'approche de la transition à la tête du pays plus tard dans l'année", remarquent les auteurs du rapport. "L'économie chinoise continue de dépendre de mesures de relance pour maintenir une croissance élevée et demeure dangereusement dépendante d'une expansion rapide du crédit", s'inquiètent-ils.

Répercussions 'considérables'

En clair, Pékin continue à remettre à plus tard le nettoyage indispensable du secteur financier: "les progrès sont limités dans la réduction du surendettement des entreprises et le ralentissement du crédit", les autorités préférant "maintenir une croissance relativement élevée du PIB à court terme".

A plus long terme, à savoir dès l'an prochain, le FMI table sur un affaissement du taux de croissance à 6,2%.

Dans le viseur: "un système financier de plus en plus opaque et complexe", selon le FMI. La fameuse "finance de l'ombre", ces officines vers lesquelles se tournent un grande partie des particuliers et des entreprises privés dans la mesure où les crédits bancaires sont phagocytés par les entreprises publiques. Le FMI appelle à "mettre un frein aux produits alternatifs" et à renforcer les dispositifs de contrôle.

L'institution dirigée par Christine Lagarde souligne que les risques qui pèsent sur le système financier chinois menacent aussi l'ensemble de la planète.

"La mauvaise affectation persistante des ressources (...) brandit la menace d'un ajustement perturbateur en Chine à moyen terme", observe le FMI, qui rappelle que "comme l'ont démontré les soubresauts des marchés au deuxième semestre de 2015 et au début de 2016, les répercussions des turbulences en Chine sur les autres pays peuvent être considérables".

Au chapitre des menaces, le FMI évoque sans le nommer le président américain Donald Trump et sa campagne électorale durant laquelle il envisageait d'infliger des droits de douane punitifs aux produits chinois.

"Des facteurs externes, tels que l'adoption de politiques protectionnistes dans les pays avancés, ou des chocs internes pourraient entraîner un durcissement plus général des conditions financières en Chine, qui pourrait être amplifié par des sorties de capitaux, avec un impact négatif sur la demande et la production", avertit le Fonds.

Conclusion: Pékin doit "accepter" une croissance plus lente et plus durable de l'économie, tout en réduisant le rythme de croissance du crédit via une hausse des taux directeurs de la banque centrale.

Le FMI plaide pour une restructuration "résolue" des entreprises publiques qui ne sont pas rentables, amortie par un soutien à l'aide sociale, aux dépenses de santé et aux allocations de chômage.

Avec AFP

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