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Le Drian "l'Africain" fait ses adieux au continent


Le ministre de la défense Jean-Yves Le Drian sur la base militaire française Sangaris Mpoko à Bangui, Centrafrique, le 31 octobre 2016.
Le ministre de la défense Jean-Yves Le Drian sur la base militaire française Sangaris Mpoko à Bangui, Centrafrique, le 31 octobre 2016.

Le ministre français de la Défense Jean-Yves Le Drian, patron du front antijihadiste au Sahel depuis cinq ans, a fait ses adieux à l'Afrique sur un message, "ne rien céder" face au terrorisme, et un conseil pour son successeur, la "patience".

Devenu au fil de ses déplacements au Sahel - une trentaine au total - et d'autant de tête-à-tête avec les chefs d'Etat de la région le "M. Afrique" de François Hollande, Jean-Yves Le Drian quittera son poste en mai, avec la fin du quinquennat et l'élection d'un nouveau président.

A quelques semaines de la "quille", comme il le dit souvent lui-même, sa tournée auprès de la force Barkhane (4.000 hommes), de vendredi à dimanche, a pris des airs de voyage-testament.

Face à des "groupes terroristes qui ne reculent devant aucun moyen", "nous avons fait le choix non de la passivité mais du combat", a-t-il martelé devant les soldats français stationnés à Gao (Mali), Niamey ou N'djamena.

"C'est ce même terrorisme que nous combattons au Levant ou dans les rues de France avec les patrouilles de l'opération Sentinelle", a-t-il ajouté.

Quatre ans après l'intervention française Serval qui a mis en déroute les jihadistes dans le nord du Mali mais sans éradiquer la menace, a-t-il un regret ?

Attentats-suicides - le dernier a fait 80 morts en janvier à Gao - et attaques aux "IED" (engins explosifs improvisés) continuent de frapper forces maliennes, onusiennes ou françaises et débordent vers le centre du Mali et le Niger voisin.

"J'aurais vraiment souhaité que celle aille plus vite. Mais il faut toujours faire preuve de patience, laisser le temps se dérouler", a confié le ministre aux journalistes qui l'accompagnaient.

La patience, c'est aussi le message subliminal que le président malien Ibrahim Boubacar Keïta lui a lancé en lui offrant vendredi une petite chaise basse sculptée. Un clin d'oeil à ceux qui se mettent en "colère", se lèvent trop vite et se tapent la tête au plafond, lui a expliqué en substance "IBK".

"Quitter Bamako.."

Souvent, le ministre de la Défense n'a pas mâché ses mots, demandant à son homologue malien de faire plus, plus vite pour mettre en oeuvre les accords de paix de 2015 au nord.

Avec les premières patrouilles mixtes, certes encore balbutiantes mais enfin visibles entre soldats maliens et ex-rebelles touareg, Jean-Yves Le Drian veut enfin croire à une "accélération de l'histoire".

Certes rien n'est gagné. "Mais on a un dispositif, ça y est, il faut que chacun s'y tienne", a-t-il insisté.

Idriss Déby, qui tient le Tchad d'une main de fer, le président nigérien Mahamadou Issoufou, tous ont salué, le temps d'un entretien, "l'ami africain" sur le départ.

Pour cette dernière tournée, le ministre, d'ordinaire plus retenu, n'a pas caché non plus son émotion. "Ah quitter Bamako..", a-t-il soupiré en repartant.

A Niamey, M. Le Drian a passé en revue avec gourmandise les cinq drones américains Reaper, nouveau nerf de la guerre, acquis par la France sous son impulsion.

"J'étais là pour l'arrivée du premier. Il y avait une urgence opérationnelle. On était à poil !", a-t-il raconté.

Il a bouclé sa tournée auprès des soldats français postés à Faya Largeau, une oasis dans l'immensité ocre du Sahara, dans l'est du Tchad, là même où la colonne Leclerc, légende de la France Libre, passa sur la route de la Libye.

A son successeur - sur le nom duquel il se refuse à "spéculer" -le ministre conseille de poursuivre "la grande avancée de Barkhane", c'est-à-dire la mise en place de forces mixtes contre le terrorisme entre cinq pays du Sahel.

"Barkhane, c'est une mission compliquée mais qui donne des résultats", a-t-il affirmé. Il faudra partir "non pas au gré des humeurs" mais quand les cinq pays du G5 Sahel assureront eux-mêmes leur sécurité, estime-t-il.

Pourrait-il, in fine, être son propre successeur si Emmanuel Macron l'emportait, comme cela se murmure dans l'entourage du candidat du centre à la présidentielle du printemps ?

"A un moment donné on a dit que j'allais être le ministre de la Défense d'Alain Juppé (candidat malheureux à la primaire de la droite). Maintenant on le dit de Macron", s'amuse-t-il.

"Je vais retourner en Bretagne. Le 19 mai ce serait bien, c'est la fête de la Bretagne !", a esquivé le ministre, également président de la région.

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