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Le camp de refugiés de Dadaab au Kenya fermera peut-être en novembre


Le plus grand camp de réfugiés du monde, Dadaab, dans le nord du Kenya, en 2012.
Le plus grand camp de réfugiés du monde, Dadaab, dans le nord du Kenya, en 2012.

Le Kenya a réaffirmé sa volonté de fermer d'ici novembre le camp de réfugiés de Dadaab, le plus grand du monde, qui accueille essentiellement des Somaliens fuyant leur pays en guerre.

Depuis le 6 mai, le gouvernement kényan répète qu'il compte bien fermer ce camp et a mis en place une équipe chargée d'étudier la faisabilité de ce projet.

Dadaab, situé près de la frontière avec la Somalie, accueille 350.000 personnes, pour la plupart des Somaliens qui fuient leur pays déchiré depuis plus de 20 ans par la guerre civile.

Durant tout le mois de mai, des voix du monde humanitaire ou universitaire se sont élevées pour mettre en doute la faisabilité de ce projet, jugé improbable d'un point de vue logistique et juridique par de nombreux experts.

"Le timing de l'annonce n'est probablement pas anodin", notait de son côté un diplomate occidental, suggérant que Nairobi place ses pions en amont de certaines échéances électorales. La course pour la présidentielle de 2017 est lancée, et la sécurité sur le territoire kényan est l'une des priorités de la campagne.

"La sécurité est un des gros points faibles de la présidence Kenyatta", selon Cedric Barnes, spécialiste de la Corne de l'Afrique pour l'ONG International Crisis Group.

Le gouvernement kényan assure, sans en fournir la preuve jusqu'à présent, que c'est à Dadaab qu'avaient été planifiées les attaques des islamistes somaliens shebab contre le centre commercial Westgate, en 2013, et l'université de Garissa, en 2015.

Face aux critiques et aux doutes, le ministre kényan de l'Intérieur Joseph Ole Nkaissery a réaffirmé que "cette décision de fermer le camp de Dadaab est définitive".

"Nous espérons que cette fermeture interviendra au plus tard au mois de novembre" a-t-il précisé après que l'équipe lui eut remis son rapport, qu'il partagera avec le Haut-Commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR).

"De notre côté, nous nous chargerons de la sécurité et nous assurerons que cela se fera dans les conditions les plus humaines possibles", a détaillé le ministre, précisant que le rapport était "très clair sur le calendrier" à tenir.

"Mais cette tâche incombe au HCR, et nous sommes seulement là pour les aider à rapatrier les réfugiés", a-t-il ajouté.

Les ONG et l'ONU avaient fait part de leur consternation face à cette décision du gouvernement kényan, le HCR la qualifiant même de "très préoccupante". De leur côté, des militants des droits de l'Homme ont signalé que le rapatriement des réfugiés constituerait une violation du droit international.

A l'heure où l'attention humanitaire se porte surtout sur la crise migratoire en Europe et où le Kenya est mécontent de la lenteur des rapatriements volontaires vers la Somalie prévus par l'accord de 2013, l'annonce est un moyen pour le Kenya de se repositionner dans l'agenda international.

"Le Kenya veut obtenir plus d'argent, pour l'accueil des réfugiés, pour que des écoles et des routes soient construites dans le nord-est du pays, pour renforcer la sécurité autour des camps", énumère Ben Lawrence, auteur du livre "City of Thorns" qui raconte la vie de réfugiés à Dadaab.

La dernière fois que le Kenya a menacé de fermer Dadaab, en avril 2015, rappelle-t-il, les États-Unis ont promis 45 millions de dollars.


Avec AFP

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