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Le Burkina Faso, "modèle de tolérance religieuse", selon International Crisis Group


Le président burkinabè Roch Marc Christian Kabore , 18 janvier 2016.
Le président burkinabè Roch Marc Christian Kabore , 18 janvier 2016.

Le Burkina Faso, pourtant touché par des attaques de groupes islamistes et victime d'un attentat ayant fait 30 morts en janvier, est une "exception" dans le Sahel et jouit d'"un modèle de tolérance religieuse résistant", selon un rapport

Ce rapport intitulé "Burkina Faso: préserver l'équilibre religieux", souligne que cette "tolérance" est héritée d'un "pluralisme religieux ancré" alors que la région est marquée par la montée de la religiosité et d'une violence qui se réclame de l'islam.

"Le Burkina Faso n'a jamais connu de conflit civil ou de tensions liées à l'appartenance religieuse. Musulmans, chrétiens et animistes vivent ensemble, sont voisins et se marient", note le rapport présenté à Ouagadougou.

Dans ce pays sahélien pauvre d'Afrique de l'ouest où 60,5% de la population est musulmane, 19% catholique, 15,3% animiste et 4,2% protestante, la religion est un "marqueur d'identité secondaire".

"Rares sont les Burkinabè qui n'ont pas un ami, un parent ou un voisin d'une autre religion. Même si le paysage religieux varie d'une région à l'autre, il n'existe pas de zones, régions, villes ou quartiers exclusivement chrétiens, musulmans ou animistes", écrit Cynthia Ohayon, principale rédactrice du rapport.

Mais le modèle de coexistence religieuse au Burkina connait des "tiraillements" car, "il existe depuis longtemps des frustrations parmi les musulmans, liées au décalage entre leur poids démographique et leur faible représentation au sein de l'élite politique et administrative".

"A cela, s'ajoute le sentiment que l'administration favorise parfois le christianisme ou ne prend pas suffisamment en compte les intérêts des musulmans", indique le rapport.

ICG estime que le Burkina Faso peut encore maintenir son "équilibre religieux" et recommande aux autorités du Burkina Faso d'"oeuvrer à améliorer la représentation des musulmans au sein de l'élite politique et administrative sans tomber dans la dangereuse logique des quotas" en poursuivant les efforts de valorisation de l'enseignement franco-arabe et en facilitant l'obtention d'équivalences pour les diplômés issus des universités des pays arabes.

Selon ICG, "le Burkina Faso ne peut demeurer éternellement imperméable aux évolutions qui affectent ses voisins" alors qu'il est écartelé entre "une région sahélienne où un islam rigoriste semble gagner du terrain et des groupes armés et terroristes sont actifs" et "une zone côtière marquée par l'essor de nouvelles églises protestantes, qui adoptent parfois un discours intolérant à l'égard des autres religions".

Le Burkina Faso, qui a longtemps était épargné, est désormais visé par des attaques de groupes islamistes. Le 15 janvier, un commando de trois assaillants a tué 30 personnes, majoritairement des étrangers, et fait 71 blessés dans le centre de Ouagadougou, et des attaques ont lieu régulièrement près de ses frontières.

Avec AFP

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