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La Russie enquête en Turquie après l'assassinat de son ambassadeur


Le tireur Mevlut Mert Altintas crie après avoir tué Andrei Karlov, l'ambassadeur russe d'Ankara, à Ankara, Turquie, le 19 décembre 2016.
Le tireur Mevlut Mert Altintas crie après avoir tué Andrei Karlov, l'ambassadeur russe d'Ankara, à Ankara, Turquie, le 19 décembre 2016.

La Russie a dépêché mardi à Ankara une délégation pour enquêter sur le spectaculaire assassinat la veille de son ambassadeur par un policier turc, dont six proches ont été placés en garde à vue.

Sous l'objectif des caméras, Mevlüt Mert Altintas, 22 ans, a tué de plusieurs balles l'ambassadeur russe à Ankara, Andreï Karlov, affirmant vouloir venger la ville d'Alep, en passe d'être entièrement reprise par le régime syrien avec le soutien de Moscou.

Ce meurtre est survenu en plein réchauffement des relations entre la Turquie et la Russie qui, opposées sur le dossier syrien, ont toutefois parrainé une trêve ayant permis de lancer l'évacuation de la partie est d'Alep tenue par les rebelles.

Les dirigeants des deux pays ont dénoncé une "provocation" visant à saboter leurs liens. "Nous ne permettrons absolument pas que nos relations avec la Russie se dégradent", a assuré mardi le président turc Recep Tayyip Erdogan.

Le président turc a également affirmé avoir convenu avec son homologue russe Vladimir Poutine de poursuivre leur coopération, y compris au sujet de la Syrie.

Fait inédit, la Turquie a accepté la participation de 18 enquêteurs, agents des services secrets et diplomates russes aux investigations. La délégation russe a pris part à l'autopsie du corps de l'ambassadeur à Ankara, selon les médias turcs.

"Nous devons savoir qui a guidé la main du tueur", a de son côté pressé le président Poutine.

Six proches du tireur, dont ses parents et sa soeur, étaient en garde à vue mardi à Aydin, ville de l'ouest de la Turquie, a rapporté l'agence de presse Dogan.

En dépit de l'assassinat, les autorités russes et turques ont décidé de maintenir une réunion sur la Syrie qui a réuni mardi, à Moscou, les ministres des Affaires étrangères de la Russie, de la Turquie et de l'Iran.

Selon le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov, les trois pays ont convenu de l'importance d'étendre le cessez-le-feu en Syrie et sont prêts à être les "garants" de négociations de paix entre le régime syrien et l'opposition.

Dépouille rapatriée

Un avion russe a décollé en début de soirée d'Ankara à destination de la Russie avec, à son bord, la dépouille de l'ambassadeur, après une cérémonie d'hommage à laquelle ont assisté notamment la veuve du diplomate ainsi que leur fils.

L'assassinat s'est produit dans le quartier des ambassades, soulevant la question de la sécurité dans le coeur de la capitale turque déjà secouée cette année par plusieurs attentats et le coup d'Etat manqué en juillet.

Mardi, avant l'aube, un homme a tiré des coups de feu devant l'entrée de l'ambassade américaine, avant d'être arrêté. Les Etats-Unis ont annoncé la fermeture de toutes leurs représentations en Turquie mardi.

A Ankara, les autorités ont déployé des policiers supplémentaires et des camions équipés de lances à eau pour renforcer la sécurité autour de l'ambassade de Russie, a rapporté l'agence de presse progouvernementale Anadolu.

Les images glaçantes de l'assassinat montrent l'ambassadeur russe tressaillir sous l'impact des balles tirées dans son dos, avant de s'écrouler lourdement alors qu'il s'exprimait lors de l'inauguration d'une exposition de photos.

Selon les autorités, Mevlüt Mert Altintas, qui n'était pas en service ce jour-là, a réussi à éviter le portique de sécurité à l'entrée de la salle en présentant son badge de police aux agents de sécurité.

Des photos le montrent quelques instants avant l'attaque, se tenant derrière l'ambassadeur russe à la manière d'un garde du corps. Selon plusieurs témoins, le policier a brusquement fait feu dans le dos du diplomate russe.

Après les coups de feu, le policier qui servait depuis deux ans et demi dans les forces anti-émeutes, a lancé "Allah Akbar" et "n'oubliez pas Alep", avant d'être abattu par les forces d'intervention spéciale.

Plusieurs journaux turcs ont affirmé mardi que le tireur pourrait être lié au prédicateur Fethullah Gülen, bête noire du président Erdogan qui le désigne comme l'instigateur du putsch manqué en juillet.

Dans un communiqué, M. Gülen, exilé aux Etats-Unis qui dément toute implication dans le putsch raté, s'est dit "choqué et profondément attristé" par l'assassinat.

M. Cavusoglu a annoncé depuis Moscou que la rue d'Ankara où se trouve l'ambassade russe porterait désormais le nom d'Andreï Karlov.

Le pape François "présente ses condoléances" à la Russie, a indiqué le Vatican dans un télégramme adressé à M. Poutine.

Poutine ordonne le renfort des mesures de sécurité

Vladimir Poutine a ordonné à ses services secrets de renforcer les mesures de sécurité en Russie et à l'étranger, au lendemain de l'assassinat de l'ambassadeur de Russie à Ankara par un policier turc.

"Je demande aux services secrets de prendre des mesures supplémentaires pour assurer la sécurité à l'intérieur de la Russie et à l'étranger, d'augmenter la sécurité des organisations russes à l'étranger et de leurs collaborateurs", a déclaré M. Poutine, cité par les agences de presse russes.

"Je vous demande également d'intensifier le travail avec les services secrets étrangers", a ajouté M. Poutine s'exprimant devant les responsables des différents services secrets de son pays à l'occasion de la Journée des agents de renseignement.

L'ambassadeur de Russie à Ankara, Andreï Karlov, a été abattu lundi soir par un policier turc affirmant agir pour venger la ville d'Alep, en passe d'être entièrement reprise par le régime syrien avec le soutien de Moscou.

La Turquie et la Russie ont mis en place une commission commune pour l'enquête sur le meurtre du diplomate, tué de plusieurs balles dans le dos. Une délégation russe de dix-huit membres est arrivée mardi matin dans la capitale turque pour y prendre part.

Avec AFP

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