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L'Iran applique l'accord nucléaire, s'inquiète de l'attitude des Etats-Unis


Un technicien iranian dans un complexe de l'enrichissement de l'uranium en dehors de la ville de Isfahan, au sud de la capitale Tehran, fev.2007 (AP Photo/Vahid Salemi, File)
Un technicien iranian dans un complexe de l'enrichissement de l'uranium en dehors de la ville de Isfahan, au sud de la capitale Tehran, fev.2007 (AP Photo/Vahid Salemi, File)

En transférant de l'uranium enrichi vers la Russie, l'Iran applique à la lettre l'accord nucléaire avec les grandes puissances, mais s'inquiète dans le même temps d'une politique américaine "discriminatoire" sur les visas jugée contraire à l'esprit de cette entente.

Le secrétaire d'Etat américain John Kerry s'est réjoui lundi du transfert par l'Iran d'une dizaine de tonnes d'uranium enrichi vers la Russie, un des points majeurs de l'accord du 14 juillet conclu à Vienne entre l'Iran d'une part et les Etats-Unis, la Russie, la Chine, la France, la Grande-Bretagne et l'Allemagne de l'autre.

C'est une "progression importante" vers la mise en oeuvre de l'accord destiné à garantir la nature strictement pacifique des activités nucléaires iraniennes contre une levée des sanctions internationales, selon M. Kerry.

Son entrée en vigueur dépend désormais du feu vert de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) qui doit vérifier que l'Iran a bien rempli toutes ses obligations.

Après le transfert d'uranium, Téhéran finalise la diminution du nombre de ses centrifugeuses et la transformation de son réacteur à eau lourde d'Arak, a affirmé mardi Behrouz Kamalvandi, porte-parole de l'Organisation iranienne de l'énergie atomique.

"Tout est prêt pour l'étape finale", a-t-il dit. "Si nous pouvons finir les quelques petites choses (qu'il nous reste à faire) dans les jours à venir, tout sera prêt" pour l'entrée en vigueur de l'accord.

Une fois ces obligations remplies et certifiées par l'AIEA, un jour de la mise en oeuvre sera alors fixé, théoriquement en janvier, à partir duquel les sanctions qui asphyxient l'économie iranienne depuis des années seront levées progressivement.

- 'Violation claire' -

Mi-décembre, l'AIEA a formellement refermé le dossier concernant les tentatives de l'Iran de se doter de l'arme atomique dans les années 2000. Les activités nucléaires iraniennes suspectes n'avaient "pas dépassé le stade d'études de faisabilité et scientifiques, et l'acquisition de certaines compétences et capacités techniques", a-t-elle alors souligné.

Tout semble donc se dérouler comme prévu, l'Iran remplissant jusqu'à maintenant ses obligations, même si ce pays a toujours démenti son intention de fabriquer l'arme atomique.

Néanmoins de nouvelles dispositions américaines sur l'octroi de visas prises après les attentats de Paris du 13 novembre (130 morts) inquiètent à Téhéran.

Une loi votée le 18 décembre par le Congrès américain impose aux ressortissants de 38 pays, dont 30 en Europe, d'avoir au préalable un visa pour se rendre Etats-Unis s'ils sont allés en Irak, en Syrie, au Soudan ou en Iran.

"Du point de vue de l'Iran, cette nouvelle loi américaine est une violation claire de l'accord nucléaire", a estimé Abbas Araghchi, vice-ministre iranien des Affaires étrangères, également l'un des principaux négociateurs du dossier nucléaire.

Selon lui, le président Barack Obama et M. Kerry "savent que cette loi affecte l'accord, car elle gêne les voyages de gens qui peuvent être influents dans le développement des relations de l'Iran avec le monde. C'est la raison pour laquelle l'Iran a entamé des contacts pour régler le problème".

- 'Coup destructeur à l'accord' -

L'Iran, qui rappelle qu'il combat en Syrie et en Irak l'Etat islamique (EI) qui a revendiqué les attentats de Paris, juge cette loi "discriminatoire".

Selon son chef de la diplomatie Mohammad Javad Zarif, "elle est avant tout contre l'indépendance de l'Europe" et "les Européens doivent montrer leur indépendance face à des mesures discriminatoires",

M. Zarif a fait ces déclarations le 21 décembre à Téhéran devant Gérard Larcher, président du Sénat français, qui a lui déploré "un mauvais signal" envoyé par Washington alors qu'un rapprochement historique s'opère entre l'Iran et les Occidentaux. "Ce qui est sûr, c'est que cela peut être perçu ici (à Téhéran) comme une marque de défiance (...)".

Le chef de la commission des Affaires étrangères et de la Sécurité nationale du Parlement iranien, Alaeddine Bouroudjerdi, a appelé dimanche à s'opposer à la loi américaine "injuste et discriminatoire".

Considérant que cette loi va "cibler vos citoyens, je vous appelle à vous opposer à cette décision de l'administration américaine" qui "est un coup destructeur" porté à l'accord nucléaire, a-t-il écrit à ses homologues du Parlement européen et des assemblées parlementaires de France, de Grande-Bretagne, d'Allemagne, de Russie et de Chine.

Avec AFP

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