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L'Egyptien Hamadtou, sans bras, fait sensation au tennis de table des paralympiques à Rio


Le champion paralympique égyptien de tennis de table Ibrahim Hamato renvoi un coup à son adversaire lors d’un match d'exhibition avant la finale du Championnat du monde du table tennis en équipe à Kuala Lumpur, Malaisie, 6 mars 2016.
Le champion paralympique égyptien de tennis de table Ibrahim Hamato renvoi un coup à son adversaire lors d’un match d'exhibition avant la finale du Championnat du monde du table tennis en équipe à Kuala Lumpur, Malaisie, 6 mars 2016.

Ibrahim Hamadtou tient la raquette entre ses dents mais se défend merveilleusement bien. Il est entré dans la légende paralympique

Le joueur de tennis de table Ibrahim Hamadtou peut être aussi rapide et rusé avec sa raquette que son adversaire. Mais c'est pour une autre raison qu'il fait sensation aux Jeux paralympiques de Rio: cet Egyptien de 43 ans se défend avec ses dents.

Ces Jeux regorgent d'histoires de femmes et d'hommes qui ont entraîné leurs corps blessés à la compétition de haut niveau. Parmi elles, celle d'Ibrahim Hamadtou détonne.

Ce père de trois enfants, originaire de la ville portuaire de Damiette, a perdu ses deux bras dans un accident de train quand il était enfant et il tient sa raquette avec sa bouche.

Bien qu'il n'ait pas remporté ses premiers matches, contre le numéro quatre mondial, le Britannique David Wetherill, et l'Allemand Thomas Rau, ce joueur étonnant se dit "ravi".

"Je suis juste content d'avoir pu venir d'Égypte et d'avoir affronté des champions, dit-il à l'AFP. Ce que je ressens est inexplicable, je suis trop heureux."

Hamadtou avait 10 ans lorsqu'il a perdu ses bras. "Après, il est resté silencieux chez lui pendant trois ans. Il n'osait pas sortir", raconte son entraîneur depuis 20 ans, Hossameldin Elshoubry.

Le foot, trop dangereux

Un proche essaye alors de sortir l'adolescent de sa dépression grâce au sport. Avec ses deux bonnes jambes, le football semble parfait.

"Le football, ça n'a pas marché", soupire Ibrahim Hamadtou. Son coach explique: "C'était trop dangereux. Sans bras, si vous tombez, vous n'avez aucune façon de vous protéger".

Le jeune homme se tourne alors vers le tennis de table en faisant tenir la petite raquette sous l'aisselle de son bras droit. "Cela n'a pas marché non plus", sourit-il.

Finalement, il essaye de tenir le manche avec sa bouche, comme lorsque l'on cherche quelque chose avec une lampe et qu'on a les mains pleines, décrit-il.

Mais le tennis de table, discipline rapide et précise qui se joue sur une petite table, est incomparable au fait de tenir une lampe de poche. Hamadtou, lui, y est arrivé. Pour cela, il a dû faire quelques ajustements.

Pour servir et ramasser la balle, il utilise ses orteils et joue donc sans chaussure droite. Pour échanger des balles, il peut compter sur son cou musclé et agile qui transforme sa tête en l'équivalent d'un bras et sa bouche en une main.

"Cela m'a pris trois ans pour apprendre", poursuit-il. "Après, sa vie a complètement changé. Il est même retourné à l'école", ponctue fièrement son coach.

Dans son pays, Hamadtou est devenu une star grâce une vidéo de ses exploits postée sur Youtube, vue plus de 2,3 millions de fois.

Équitable

L'un de ses adversaires, David Wetherill, qui joue au tennis de table avec une béquille pour soutenir la partie gauche de son corps, est aussi très connu dans sa discipline. La vidéo de son superbe coup à Londres en 2012, alors qu'il était tombé au sol, a également été vue des millions de fois.

Pourtant, celui-ci dit se sentir "dans l'ombre" face à l'Égyptien. "C'est une légende du tennis de table, déclare-t-il. Je sentais un peu de pression, j'étais nerveux. Ibrahim, avec toutes ces choses qu'il réalise, fait relativiser."

Le problème de ce sportif, finalement, c'est d'être unique car il est difficile de lui trouver des adversaires contre qui les matches soient équitables.

"Il est le seul à utiliser sa bouche. S'il y en avait cinq, six, sept autres, nous pourrions créer une nouvelle catégorie", poursuit son entraîneur.

Cela pourrait arriver. En Egypte, le sportif entraîne deux garçons sans bras âgés de 10 et 12 ans.

Selon Hossameldin Elshoubry, "il veut offrir à ces deux jeunes les compétences que personne n'a pu lui donner quand il était enfant".

Avec AFP

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