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L'ancien secrétaire général de l'ONU Boutros Boutros-Ghali est mort


Boutros Boutros-Ghali, ancien secrétaire général de l'Onu. (Archives)
Boutros Boutros-Ghali, ancien secrétaire général de l'Onu. (Archives)

Brillant intellectuel, francophone et francophile, Boutros Boutros-Ghali, qui est mort en Egypte à l'âge de 93 ans, a été le premier Africain secrétaire général de l'ONU et se présentait comme un "ardent défenseur du tiers-monde".

L'ancien secrétaire général des Nations unies Boutros Boutros-Ghali, qui avait présidé l'organisation pendant la période trouble des guerres au Rwanda et dans les Balkans, est mort à l'âge de 93 ans, a annoncé mardi l'organisation.

"Nous avons été informés que l'ancien secrétaire général Boutros Boutros-Ghali est décédé", a déclaré l'ambassadeur vénézuélien Rafael Ramirez, qui préside le Conseil de sécurité de l'ONU durant le mois de février.

Témoignage de Tchika Kanyurhi, joint par Timothée Donangmaye
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Selon un porte-parole de l'ONU, Boutros Boutros-Ghali s'est éteint au Caire.

Le diplomate égyptien avait été le premier Africain à accéder au poste de secrétaire général, une fonction qu'il avait occupée entre 1992 et 1996.

Né le 14 novembre 1922 au Caire, Boutros Boutros-Ghali était issu d'une grande famille de la minorité chrétienne copte d'Egypte. Son grand-père, assassiné en 1910, avait été Premier ministre. Après avoir fait la majeure partie de ses études à Paris, il était devenu professeur de droit à l'université du Caire et avait publié de nombreux ouvrages traitant des relations internationales.

Boutros Boutros-Ghali avait ensuite été nommé ministre d'Etat aux Affaires étrangères en octobre 1977 sous le président Anouar al-Sadate. Durant ses 14 ans en poste, il a notamment joué un rôle clef dans la conclusion des accords de paix égypto-israéliens initiés à Camp David en 1978 et signés un an plus tard.

Spécialiste des rapports Nord-Sud, Boutros Boutros-Ghali avait été le principal artisan de la politique africaine de l'Egypte.

Elu à l'ONU dans l'euphorie de la fin de la Guerre froide et de l'après guerre du Golfe, il a dû faire face à de sérieuses crises, avec des conflits en ex-Yougoslavie, en Somalie, au Moyen-Orient et le génocide au Rwanda.

Après la mort en Somalie de 18 soldats américains fin 1993 et les reculades des Nations unies dans les dossiers de l'ex-Yougoslavie et du Rwanda, il avait été pris comme bouc émissaire, en particulier par les Etats-Unis qui avaient mis un veto à sa réélection et soutenu le ghanéen Kofi Annan.

L'ambassadrice américaine à l'ONU, Madeleine Albright, avait accusé à l'époque M. Boutros-Ghali de ne pas avoir réussi à réformer l'organisation pour la rendre plus efficace. Mais le principal intéressé avait, lui, eu le sentiment d'avoir été puni pour avoir condamné des opérations israéliennes dans le sud du Liban et poussé certains pays à payer leurs arriérés.

"Boutros Boutros-Ghali a consacré sa vie à promouvoir des idéaux d'un monde plus juste, plus pacifique et plus équitable, d'une +mondialisation démocratique+ et de la solidarité Sud-Sud", a déclaré mardi Irina Bokova, directrice générale de l'Unesco, branche de l'ONU chargée de promouvoir la paix par l'éducation, la science et la culture.

Après son passage aux Nations unies, Boutros Boutros-Ghali, un brillant intellectuel francophone et francophile, avait été le premier secrétaire général de la Francophonie, de 1997 à 2002.

La francophonie voulait un porte-parole politique d'envergure

Né le 14 novembre 1922 au Caire, Boutros Boutros-Ghali, est issu d'une grande famille de la minorité chrétienne copte d'Egypte, marié à une juive d'une famille réputée d'Alexandrie (nord).

Attaché au français, qu'il parlait parfaitement, ce professeur de droit, toujours tiré à quatre épingles et grand connaisseur des relations internationales, avait réussi à s'imposer, en 1992, à la tête des Nations unies, grâce au soutien de la France.

A cette époque, l'Irak venait d'être chassé du Koweït à l'issue de la première guerre du Golfe mais le nouveau secrétaire général n'avait pas cédé à la jubilation ambiante.

Il avait alors prédit que la planète allait être, pendant un bon moment, dans une phase transitoire, pleine d'inconnues et de dangers.

Fin 1996, il avait dû quitter la tête de l'ONU après le combat mené par les Etats-Unis contre sa réélection.

Le monde anglo-saxon ne souhaitait plus voir à la tête de l'organisation internationale celui qu'il considérait comme "l'homme de la France".

L'Amérique de Bill Clinton, soutenue par la Grande-Bretagne de John Major, lui reprochaient, outre ses amitiés françaises, la débâcle onusienne en Somalie fin 1993, et la relative impuissance des Nations unies face à la guerre dans l'ex-Yougoslavie et au génocide au Rwanda.

Boutros Boutros-Ghali s'est alors consacré à la rédaction de ses mémoires ainsi qu'à sa candidature au poste de secrétaire général de la Francophonie.

Parcourant sans relâche l'Afrique francophone, il s'était efforcé de convaincre les chefs d'Etat du bien fondé de sa candidature face à celle de son principal rival, l'ancien président du Bénin, Emile Derlin-Zinsou.

La francophonie mondiale souhaitait se doter d'un porte-parole politique d'envergure pouvant parler d'égal à égal avec les responsables des organisations internationales déjà existantes: ONU, Commonwealth, Ligue Arabe, ASEAN ou Unesco.

Il remporta le poste en 1997 et resta secrétaire général jusqu'en 2002.

Son curriculum vitae avait impressionné: petit-fils d'un Premier ministre égyptien assassiné en 1910 par un nationaliste pour avoir ouvert son pays à l'Occident, lauréat des Sciences Politiques et docteur en droit à Paris en 1948, professeur à l'université du Caire, journaliste au puissant quotidien Al Ahram, il fut ensuite membre, quatorze ans durant, du gouvernement égyptien sous la présidence d'Anouar el-Sadate.

Il fut, face au ministre israélien des Affaires étrangères Moshé Dayan, l'un des principaux négociateurs du traité de paix israélo-égyptien initié à Camp David en 1978 et signé en 1979.

En 1977, c'est lui qui rédige le discours historique que prononce le président égyptien de l'époque, Anouar el-Sadate devant la Knesset, le Parlement israélien. Mais il doit se faire aider par un collègue pour l'écrire en anglais.

"L'anglais n'était que ma troisième langue après l'arabe et le français", confessait dans ses Mémoires ce grand amoureux du français.

Avec AFP

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