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Afrique du Sud : Fitch revoit sa perpective à la baisse sur fond de "risques politiques"


Jacob Zuma
Jacob Zuma

L'Afrique du Sud a échappé vendredi à une dégradation de sa note financière par l'agence Fitch mais a vu sa perspective abaissée de "stable" à "négative" en raison du climat politique agité du pays où le président Jacob Zuma est englué dans les scandales.

"Les risques politiques liés à la gouvernance ont augmenté et resteront élevés (...) avec des conséquences négatives sur les résultats macroéconomiques", a estimé Fitch.

L'agence a toutefois maintenu sa note BBB- à l'Afrique du Sud, juste un cran au-dessus du niveau "spéculatif".

Une autre agence de notation, Moody's, qui crédite pour l'heure l'Afrique du Sud d'une note deux crans au-dessus du niveau "spéculatif", doit publier sa note vendredi à la clôture des marchés.

Standard & Poor's doit lui emboîter le pas dans une semaine.

Depuis des mois, l'ombre d'une dégradation plane avec insistance sur le pays le plus développé du continent.

Depuis des années, la machine économique tourne au ralenti, victime notamment de la chute des cours des matières premières. Après +1,3% en 2015, la croissance de son produit intérieur brut (PIB) ne devrait guère dépasser 0,5% cette année.

Fitch prévoit une progression de 1,3 % en 2017 et 2,1% en 2018.

Vingt-deux ans après la fin officielle de l'apartheid, le pays reste perclus d'inégalités, avec un taux de chômage au plus haut depuis treize ans qui frappe 27,1% de sa population active.

Les investisseurs étrangers doutent de plus en plus de la capacité du président Zuma à faire redémarrer son économie.

Affaibli par une série de scandales de corruption, le chef de l'Etat, dont le deuxième et dernier mandat doit s'achever en 2019, est de plus en plus critiqué, y compris au sein de son parti, le Congrès national africain (ANC).

Dans son propre gouvernement, M. Zuma et son entourage s'opposent au ministre des Finances Pravin Gordhan, qui dispose de la confiance des marchés et a fait de la bonne gestion des entreprises publiques une de ses priorités.

- 'Lutte interne' -

"La lutte interne au sein de l'ANC et du gouvernement va probablement continuer l'année prochaine", a relevé Fitch.

"Cela va distraire les décideurs politiques et produire des signaux qui continueront à saper le climat des investissements, et du coup à handicaper la croissance", ajoute l'agence.

Le ministère des Finances s'est de son côté réjoui d'avoir échappé à une dégradation en bonne et due forme.

"Les efforts accomplis par l'Afrique du Sud pour conserver au pays son statut de pays où il convient d'investir ont payé", s'est-il réjoui dans une déclaration.

Pour éviter une sanction des agences, le gouvernement a multiplié les signes de bonne volonté à l'endroit des investisseurs.

Pour apaiser le climat social, il a ainsi dévoilé dimanche un projet de salaire mensuel minimum. Il a aussi annoncé mardi un étalement de son futur programme nucléaire, dont le coût estimé à 1.000 milliards de rands (65 mds euros) inquiète.

"Nous gardons notre statut", s'est lui aussi félicité le ministre Gordhan sur la chaîne d'information Enca. "Nous gardons le cap pour faire croître notre économie", a-t-il ajouté, "je crois que nous aurons de meilleurs résultats l'an prochain".

Nombre d'analystes restent toutefois persuadés que l'Afrique ne pourra échapper à une sanction, tôt ou tard.

Le principal parti d'opposition, l'Alliance démocratique (DA), a regretté la décision de Fitch et, sans surprise, incriminé la responsabilité du chef de l'Etat.

Elle constitue "une mise en cause caractérisée" de M. Zuma, a estimé un de ses dirigeants, David Maynier, "une preuve flagrante que la politique est en train de tuer l'économie en Afrique du Sud".

Mercredi, M. Zuma avait par avance dénié toute signification politique aux décisions des agences de notation.

"En Afrique du Sud, nous politisons les notations (...) alors que ce n'est pas un problème dans les autres pays", avait-il déploré devant les députés.

Avec AFP

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