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Interdiction de manifestation au Zimbabwe : l’opposition et Mugabe dans une nouvelle épreuve de force


Le président du Zimbabwe Robert Mugabe livre un discours dans la capitale du pays, Harare, le 9 septembre 2016.
Le président du Zimbabwe Robert Mugabe livre un discours dans la capitale du pays, Harare, le 9 septembre 2016.

Le gouvernement et l'opposition se sont engagés mardi dans un nouveau bras de fer au Zimbabwe, avec l'interdiction par la police de nouvelles manifestations prévues contre le président Robert Mugabe que ses adversaires ont aussitôt promis de défier.

Sur fond de fronde persistante contre le plus vieux chef de l'Etat en exercice sur la planète, le directeur général de la police Newbert Saunyama a prohibé tout rassemblement dans les rues de Harare pour une période d'un mois à compter de vendredi.

Cette mesure vise "l'organisation des manifestations et défilés de toute sorte (...) pour une période maximale d'un mois courant du 16 septembre au 15 octobre", a précisé le texte signé de sa main publié dans les colonnes du quotidien d'Etat Herald.

Même s'il ne le dit pas explicitement, cet ordre vise la nouvelle vague de manifestations de masse annoncées lundi soir, quelques heures plus tôt, dans tout le pays pour samedi par une coalition de partis d'opposition, emmenée par le Mouvement pour le changement démocratique (MDC).

Depuis plusieurs semaines, le Zimbabwe est agité par une fronde populaire contre le régime du président Mugabe, 92 ans, qui dirige le pays d'une main de fer depuis 1980.

Le chef de l'Etat a ordonné la répression de ces manifestations par la force et prévenu qu'il continuerait sur cette voie.

"Que les partis d'opposition et tous ceux qui font le choix du chaos, du désordre et des manifestations violentes soient prévenus que notre patience a des limites", a lancé M. Mugabe le week-end dernier devant le comité central de son parti, la Zanu-PF.

"Ils veulent terroriser les régions rurales en pensant à tort qu'ils peuvent ainsi intimider et harceler nos partisans. Qu'ils soient prévenus, ils ne gagneront pas cette guerre", a-t-il ajouté.

L'ONG Human Rights Watch (HRW) a dénoncé les brutalités infligées aux protestataires, qualifiant la police de simple "appendice" du régime.

- Défi aux autorités -

Les mouvements hostiles au régime ont dénoncé la nouvelle interdiction et assuré qu'ils passeraient outre.

"Ce sont les derniers soubresauts d'un régime qui se meurt, nous n'espérions rien de mieux de sa part", a commenté à l'AFP un porte-parole du MDC, Douglas Mwozora.

"Nous allons maintenir la manifestation prévue samedi, avec ou sans leur autorisation", a-t-il ajouté, "j'ai écrit une lettre au chef de la police pour le lui dire".

"Nous ne tiendrons pas compte de cet ordre anticonstitutionnel", a lui aussi promis Hardlife Mudzingwa, =porte-parole du mouvement #Tajamuka ("Nous sommes agités"), une des organisations de la société civile à la pointe de la fronde.

M. Mwozora a précisé plus tard que son parti allait contester cette interdiction devant la justice et lancer "un boycott des biens et services proposés par les commerçants associés" au régime.

La semaine dernière, les magistrats de la Haute Cour du Zimbabwe avaient ouvertement défié le gouvernement en levant une précédente mesure de la police prohibant tout rassemblement de masse dans les rues de la capitale jusqu'au 16 septembre.

L'opposition réclame notamment des réformes électorales, alors que des élections générales sont prévues en 2018. Le président Mugabe compte se représenter à la fonction suprême. Il avait facilement remporté le dernier scrutin en 2013, entaché néanmoins de soupçons de fraude massive.

La vague de protestation actuelle se nourrit largement de la crise économique que traverse le pays depuis le début des années 2000, marquée par un chômage de masse.

Faute de liquidités, les autorités éprouvent les pires difficultés à payer régulièrement leurs fonctionnaires. Elles ont annoncé la semaine dernière leur intention d'en supprimer 25.000 postes.

Avec AFP

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