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Interview de Macky Sall à la VOA


Macky Sall, Président du Sénégal
Macky Sall, Président du Sénégal

Le président du Sénégal, Macky Sall, participe au sommet de cette semaine à Washington entre le président Barack Obama, ses homologues africains et lui-même. Il représente le NEPAD à cette rencontre, en sa qualité de président du comité d’orientation des chefs d’Etat et de Gouvernement du NEPAD.

L’objectif du sommet est de renforcer le partenariat entre les Etats-Unis et l’Afrique et de favoriser le développement inclusif et durable sur le continent.

Le 6 août des séries de discussions sont prévues sur les thèmes suivants: « Investir en Afrique »; « Paix et stabilité régionale »; « Gouverner pour la génération future ».

Dans une interview exclusive à la VOA, Idrissa Seydou Dia a discuté avec le président Sall de ses attentes concernant ce sommet et d'autres questions d'actualité.

Interview exclusive de Macky Sall à la VOA
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Attentes de Macky Sall sur le sommet avec Barak Obama, ses homologues africains et lui-même.

Macky Sall : C’est un sommet pour la 1ère fois sous ce format entre l’Afrique et les Etats–Unis et qui devrait être un moment de déclic pour apporter des réponses attendues sur la coopération commune sur des thèmes actuels : la sécurité et la paix en Afrique, les thématiques sur la jeunesse, l’avenir du continent, et sur l’investissement surtout .

Puisque depuis plus de 10 ans, depuis la mise en place de l’AGOA nous avons compris que l’avenir des relations c’était moins l’aide que le partenariat à partir de l’investissement et du commerce. Mais il y a des obstacles, 10 ans après, 12 ans après nous devons faire le point et donner une nouvelle dynamique à cette coopération entre l’Afrique et les Etats-Unis.

La controverse sur le livre du colonel Aziz NDaw (rappelé de son poste d’attaché militaire à Rome) mettant en cause son ancien patron à la gendarmerie, le général Abdoulaye Fall (qui vient de démissionner de son poste d’ambassadeur au Portugal).

Macky Sall : Le militaire a des obligations que n’a pas forcement le civil, parce que c’est un homme armé, c’est un homme qui dispose de la force, et en tant que tel on a encadré sa liberté , et c’est par une volonté. C’est donc par une volonté individuelle qu’on adhère à ce principe. Donc le militaire a des obligations, et s’il y a un manquement à ces obligations comme la publication d’un livre de cette nature pour un officier supérieur en activité , évidemment le règlement militaire va s’appliquer. Alors le second principe est qu’il a posé des problèmes dans le livre qui sont en train d’être examinés. J’ai moi-même demandé à l’inspecteur général des forces armées de faire une enquête par rapport aux allégations faites. Il a été rappelé lui, le colonel qui a fait cet ouvrage… et j’ai fait appeler …le général Fall qui lui-même a préféré être déchargé pour pouvoir éventuellement se défendre. Tout cela a été fait en peu de temps, il faut s’en réjouir. Maintenant il ne faut pas aller vite en besogne, ce sont des questions qu’on ne peut pas traiter dans la rue. Ce sont des questions qui seront traitées de façon responsable comme on le fait dans un Etat de droit.

Macky Sall se veut tout de même rassurant sur son attachement à la transparence

Bien sûr, ça c’est un credo.

Le procès de Karim Wade, ancien puissant ministre sénégalais et fils de l’ancien président Abdoulaye Wade, accusé d’enrichissement illicite. Sans compromettre l’intégrité de la procédure actuelle, pourquoi – chose plutôt rare en Afrique, a-t-il décidé de juger Karim?

Macky Sall : ...de le faire juger. La nuance est très importante (corrige M. Sall avec le sourire). Il appartient à la cour de juger, à la justice de dire le droit. Oui, moi j’ai en charge en tant que président de la république la politique du pays. Et dans la politique, il y a la politique judiciaire. Moi, j’ai initié – il y a déjà dans mon programme de candidat - la reddition des comptes , et le fait que tous ceux qui sont dépositaires de mandats publics doivent désormais pouvoir rendre compte. C’est un principe de base en démocratie. Et j’ai mis en place des dispositifs déjà pour notre gouvernance à nous, et depuis lors nous avons créé l’OFNAC (l’Office national contre la fraude et la corruption) qui est aujourd’hui en pleine croissance et qui va recevoir l’ensemble des déclarations de patrimoine. Et moi-même j’ai fait ma déclaration de patrimoine, et c’est la première fois que ça se fait. L’ensemble des assujettis, c’est-à-dire des personnels qui gèrent, des autorités qui gèrent des fonds publics supérieurs à 2 millions de dollars par exemple sont tenus de faire des déclarations de patrimoine, donc c’est une dynamique nouvelle que j’essaie d’imprimer qui n’est dirigée contre personne, mais c’est plutôt pour le bonheur du Sénégal et pour la préservation de ses ressources.

Imaginez que dans dix ans que cela devienne le principe, et que c’est toute notre économie qui va bénéficier et c’est toute la société sénégalaise qui gagnera dans ce principe. Mais comme nous sommes en phase de démarrage, les transitions sont difficiles, mais très vite les gens se rendront compte que c’est ça la norme. Aux Etats-Unis, ça se fait. Ca ne dérange personne. Et nous nous venons de le commencer, donc c’est normal qu’il y ait des difficultés, mais je pense que dans quelques années tout le monde comprendra que si on veut prendre un mandat public, il y a des contraintes, et soit on accepte d’y aller avec les conséquences , c’est-à-dire qu’on n’a plus la liberté de faire ce qu’on veut, on doit rendre compte régulièrement, on doit faire la reddition et au besoin à la fin de son mandat on doit aussi faire une nouvelle déclaration de patrimoine. Donc, ça c’est vraiment dans la gouvernance que j’ai initié cela, et je sais que ça ne plait pas, y compris dans mon propre camp, puisque les gens ils considèrent que le pouvoir, c’est aussi l’exercice aussi des privilèges, le lieu où l’on doit pouvoir se réaliser selon sa volonté, or malheureusement ce n’est plus le cas.

Débat relancé sur le rôle de sa famille et celle de son épouse Marième Faye dans les affaires de l’Etat, après les récentes locales : son oncle ou cousin, Abdoulaye Thimbo à Pikine ; son frère Aliou Sall à Guédiawaye, et son beau-frère Mansour Faye à St-Louis. Qu’est-ce à dire maintenant pour les candidats Sall, Faye, voire…Dia ?

Macky Sall : Oui, Dia, parce que maintenant on me donne tellement de noms…Oui, je pense que les gens doivent être sérieux dans le débat. Ces personnes qui sont visées dans ces élections, heureusement que ce sont des élections, ce ne sont pas des décisions du président de la république par son pouvoir régalien qui ait mis son frère, par exemple, à Guédiawaye, qui est l’une des principales villes du Sénégal. Il a pris ses responsabilités en allant militer à Guédiawaye avant même de me demander mon avis. Il a été sanctionné par le vote des citoyens de Guédiawaye, et dès qu’il s’est manifesté le débat a fait rage « Pourquoi il vient. Il n’est pas d’ici. C’est de la dynastie, etc. Mais le peuple de Guédiawaye a choisi. Il en est de même pour celui qui est mon beau-frère qui est maire de Saint-Louis. Il s’est offert aux citoyens, a proposé et a été élu. Où est la dynastie dans ça ? J’aurais voulu que dans l’Exécutif qu’un ministre, un Premier ministre pour que des pouvoirs particuliers soient donnés à nos proches, on ne le citera pas. Et pourtant, j’aurais pu le faire, puisque depuis le président Senghor, d’ailleurs depuis que le Sénégal existe, tous les chefs d’Etat ont pu en un moment ou en un autre nommer parmi leur entourage, ça n’a jamais été le problème. D’ailleurs, je ne le reproche à aucun chef d’Etat qui a eu à le faire. Mais aujourd’hui, je pense que c’est un mot d’ordre politique qui peut mobiliser. Mais les élections viennent de mettre fin à ce débat stérile, puisque finalement la souveraineté appartient au peuple. C’est au peuple de décider. Si le peuple décide d’élire Aliou Sall à Guédiawaye, écoutez, qu’on arrête de parler de dynastie Sall. Si le peuple de St-Louis élit Mansour Faye (son beau-frère) comme maire de St-Louis, je crois que le débat il s’éteint de lui-même. Maintenant il y a des gens qui continuent de vociférer sur cela. On est en démocratie, et la liberté de parole est aussi consacrée. J’accepte bien que les gens continuent de parler comme ils l’entendent.

La promesse de réduction du mandat présidentiel de 7 à 5 ans, 2 ans et demi après son accession à la présidence.

Macky Sall : Vous savez, je ne suis pas un homme qui s’engage à la légère. Lorsque je prends un engagement, j’entends le respecter. Il n’y a absolument rien qui ait changé depuis que j’ai fait cette déclaration. Maintenant les gens voudraient que tout de suite je fasse le changement. Je ne pourrai pas tout de suite, parce que je suis responsable de l’agenda. C’est à moi de savoir à quelle période j’entends faire cette réforme. Mais je n’ai fait que deux ans et demi sur un mandat de 7 ans que je compte réduire, donc il n’y a pas de quoi fouetter un chat. C’est un débat qui n’a pas de sens. Je ne comprends pas. Qu’ils attendent que le président fasse 4 ans et demi, ou 4 ans et 8 mois peut-être pour dire ‘Ah ! Il y a risque de non-respect de sa parole. On n’en est pas encore là. Par contre, ceux qui sont pressés de lancer une campagne électorale maintenant, sont pressés de voir le président, eh bien ils vont déchanter, moi je ne le fais pas maintenant, je suis préoccupé par les taches quotidiennes de construction du pays. J’entends respecter mes engagements.

La menace djihadiste qui est réelle dans sa région sahélienne, comme on l’a vu récemment chez le voisin malien. Comment il y fait face ?

Macky Sall : Ce que nous faisons, c’est d’abord la solidarité entre Etats et nous travaillons au sein de la CEDEAO, au sein de l’Union Africaine, et en partenariat avec la France, les Etats-Unis et l’Union Européenne, et tous les autres Etats qui sont soucieux de la stabilité et de la paix dans le monde. Nous essayons par les échanges d’informations à travers la surveillance des frontières d’avoir une maitrise de l’information sur les personnes qui circulent, et de pouvoir faire face en cas de nécessité aux menaces qui se posent à nos pays, qui sont des menaces nouvelles, qui sont des défis nouveaux par rapport à notre développement. Donc, il faut malheureusement que nous intégrions ces nouveaux défis parce qu’ils sont aussi importants que ceux du développement.

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