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Inquiétudes en Ouganda à une semaine des élections


Le président sortant de l'Ouganda Yoweri Museveni, candidat à sa propre succession, en campagne électorale à Entebbe, 10 février 2016
Le président sortant de l'Ouganda Yoweri Museveni, candidat à sa propre succession, en campagne électorale à Entebbe, 10 février 2016

Des organisations de défense des droits de l'Homme sont effet préoccupées par les discours de plus en plus violents que tiennent des dirigeants du pays.

La campagne électorale bat son plein sur tout le territoire ougandais. Le 18 février, les électeurs se rendront aux urnes pour trois scrutins : présidentiel, législatifs et locaux. Mais la tension est très palpable sur le terrain. La peur aussi. Et les forces de l’ordre, censées rassurer la population, semblent plutôt amplifier cette anxiété. Exemple : cette déclaration choc, le mois dernier, du chef de la police Kale Kayihura qui n’a pas hésité à dire que si l’opposition voulait la guerre, il donnerait des armes aux "crime preventers" ou pour traduire, "Empêcheurs de crime". Ce sont officiellement des groupes de jeunes, des bénévoles, qui patrouillent avec la police pour prévenir les actes criminels.

Le parti au pouvoir n’apaise pas les esprits non plus. La secrétaire générale du Mouvement de Résistance nationale (NRM) a été entendue à la radio proférer des menaces à l’encontre des citoyens. "L’Etat tuera vos enfants s’ils descendent dans la rue pour contester les résultats des élections", a déclaré Kasule Lumumba.

Beaucoup d’Ougandais sont restés bouche bée après les propos de Lumumba et Kayihura, bien que tous deux aient timidement fini par dire que leurs propos avaient été mal rapportés.

Mais pour les militants des droits de l’Homme, ce même type de rhétorique dangereuse est repris par les commissaires de district, qui sont nommés par le chef de l’Etat pour gérer les communautés locales, comme l’affirme Patrick Tumwine, de l’ONG Human Rights Network – Uganda :

"Si ça ne s’arrête pas, si la Commission électorale ne condamne pas sévèrement de tels dérapages et ne réclame aux différents camps et candidats de cesser ces discours haineux, tout cela pourrait entraîner à la violence... La secrétaire générale du NRM a fait des déclarations graves. C’était bien sa voix qu’on a entendue. La plupart des commissaires de districts à travers le pays disent la même chose. Ils mettent en garde la population en affirmant qu’ils vont tirer sur les jeunes s’ils décident de manifester. C’est une menace de leur part. Est-ce un avertissement? Tout cela est-il planifié?"

Toutefois, la police est montée au créneau pour vivement contester les déclarations des ONG qui croient que tout est fait pour instaurer la violence dans le pays.

"Nos forces se rencontrent chaque deux jours pour évaluer notre déploiement sur le terrain. Y a-t-il des signes avant-coureurs? Nous avons réussi à avoir des activités politiques très très pacifiques. A l’heure où nous parlons, la police a pu contrôler plus de 900 campagnes présidentielles et législatives et sur ce nombre moins de 10 cas de violence ont été déplorés... Il y a des gens qui pratiquent la politique de la peur et tentent de décourager une partie des électeurs", a déclaré Fred Enanga, un des porte-parole de la police ougandaise.

Néanmoins, certaines campagnes publicitaires à la télévision ne sont pas pour réconforter la population. Des publicités vont jusqu’à montrer des images de crânes, et évoquer l’éventualité d’une guerre. Human Rights Watch a appelé le président Yoweri Museveni et d'autres dirigeants ougandais à prôner la paix et réaffirmer le droit à la liberté de réunion. Mais l’appel demeure pour l’heure sans réponse.

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