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A la frontière gréco-macédonienne, les réfugiés déterminés à traverser par tous les moyens


Migrants en Macédoine.
Migrants en Macédoine.

"En aucun cas je ne rentrerai en Turquie, si les frontières ne rouvrent pas avec la Macédoine je tenterai les traverser par d'autres moyens" : Hassan, un Syrien de 23 ans, est déterminé à attendre "tant qu'il faudra" pour poursuivre son périple vers le nord de l'Europe.

Comme des milliers de ses compatriotes bloqués depuis plusieurs jours au poste frontalier d'Idomeni, dans le nord de la Grèce, Hassan s'inquiète et dénonce l'intention de l'UE de renvoyer une partie des réfugiés et migrants en Turquie, comme cela a été évoqué lundi lors d'un sommet extraordinaire de l'Union européenne.

Il y a dix jours, Hassan était arrivé sur l'île grecque de Lesbos, en mer Egée, par les côtes proches de la Turquie, principale porte d'entrée des migrants et réfugiés en Europe depuis plus d'un an.

"Si l'Europe ne veut pas accepter d'autres réfugiés, il faut qu'elle fasse immédiatement quelque chose pour arrêter la guerre en Syrie", s'insurge Mohammed, Syrien de 27 ans.

Lundi, Mohammed avait participé à une manifestation de 150 Syriens à Idomeni. Ils avaient brandi un drapeau syrien et scandé le nom de la chancelière allemande Angela Merkel qu'ils appelaient à venir les aider.

Mardi, les forces policières grecques se sont renforcées à Idomeni, où plus de 13.000 réfugiés et migrants, en majorité syriens et irakiens, se sont réveillés dans la boue après des pluies diluviennes pendant la nuit.

"Qu'est-ce qu'ils ont décidé à Bruxelles pour nous, qui sommes là depuis plusieurs jours dans des conditions ignobles? Qu'est-ce que tous ces gens vont faire? Nous ne sommes pas des bêtes, nous avons quitté nos maisons à cause de la guerre", poursuit Mohammed.

Des dizaines de migrants trempés se bousculaient mardi dans l'après-midi devant la petite porte du grillage frontalier, érigé par la Macédoine, pour demander quand elle allait rouvrir.

- Encouragés par les trafiquants, des Syriens y croient toujours -

Car après avoir laissé passer 580 personnes ce week-end, la Macédoine n'a depuis lors pas rouvert sa frontière, selon une source policière grecque.

"Je suis arrivé jusqu'ici pour franchir la frontière. Nous n'avons plus d'argent et ce serait un désastre si on nous disait que nous ne pouvons pas passer. Je vais rester là, il n'y a rien d'autre à faire", se désole Ali, un Irakien de 33 ans, arrivé à Idomeni il y a dix jours avec sa femme et ses deux filles.

A Idomeni, de nouvelles tentes ont été plantées mardi et la capacité des deux camps a atteint 6.000 places contre 4.000 auparavant pour parer au nombre accru des réfugiés, dont de nombreuses familles, qui continuent d'affluer.

Le gouvernement a envoyé deux unités du centre de contrôle et de prévention des maladies pour aider les familles.

Lundi, sur fond de restrictions unilatérales déjà adoptées par certains pays membres sur la route des Balkans, l'UE s'est prononcée en faveur du renvoi des migrants en Turquie, un plan, fortement critiquée par l'ONU et les ONG, mais qui devrait être finalisé à la mi-mars lors du prochain sommet.

"L'accord UE-Turquie lors du sommet de lundi est inhumain et porte atteinte à la protection des réfugiés et au droit international, elle ne va résoudre aucun problème concernant les besoins des réfugiés", a fustigé Giorgos Kosmopoulos, responsable de la section grecque d'Amnesty International à Idomeni.

Le haut-commissaire aux réfugiés de l'ONU, Filippo Grandi, s'est dit "profondément préoccupé" par ce projet.

A 600 km au sud d'Idomeni, au Pirée, grand port grec près d'Athènes où débarquent les migrants depuis les îles grecques où ils ont posé le pied en UE, Ramdo, un étudiant en sport syrien d'Alep, veut malgré les difficultés rejoindre Idomeni: "En débarquant du ferry ce matin, des trafiquants nous ont vendu des tickets de bus pour Idomeni à 40 euros. Je pars ce soir avec mon oncle, sa femme et leurs enfants. Ils nous ont dit que comme nous étions syriens, on devrait vite passer la frontière..."

Avec AFP

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