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France : le démantèlement partiel de la "Jungle" de Calais devant la justice


Des migrants marchent dans la boue dans la «jungle» à Calais, nord de la France, le 22 février 2016.
Des migrants marchent dans la boue dans la «jungle» à Calais, nord de la France, le 22 février 2016.

La justice française examine mardi, à la demande d'associations de défense des migrants, la légalité de l'ultimatum lancé par l'Etat aux occupants d'une partie importante de la "Jungle" de Calais (nord) leur demandant de quitter les lieux avant 19h00 GMT.

Le tribunal administratif de Lille doit statuer en début d'après-midi sur un référé déposé par 250 migrants et 10 associations, selon leur avocate, Me Julie Bonnier.

Ils réclament la suspension d'un arrêté pris vendredi par la préfecture du Pas-de-Calais, représentant de l'Etat, qui ordonne aux occupants de la zone sud du bidonville de quitter les lieux d'ici mardi soir. La perspective d'une évacuation par la force s'est toutefois estompée lundi, le ministre français de l'Intérieur Bernard Cazeneuve promettant qu'elle se ferait "de manière progressive".

"Il s'agit d'une violation des droits fondamentaux des migrants. Les solutions proposées ne sont pas du tout adaptées à leurs besoins. Il faut qu'ils puissent rester ici en attendant que d'autres solutions soient trouvées", a argumenté Me Bonnier.

Le juge administratif devrait, selon l'avocate, se rendre d'abord sur place mardi matin pour rencontrer les parties et se faire une idée de la situation.

Sa décision sera suspensive: autant dire que la justice administrative pourrait contrarier les plans du gouvernement français, qui entend commencer à faire évacuer la partie sud de la "Jungle" à partir de mardi 19h00 GMT (20h00 locales).

Là vivent de 800 à 1.000 migrants selon la préfecture, contre 3.450 selon les associations. Une guerre des chiffres qui traduit de vives tensions entre les deux parties apparues dès l'annonce de ce projet d'évacuation le 12 février. "C'est un terrible retour en arrière!", s'était ainsi emporté Christian Salomé, président de l'Auberge des migrants, estimant que "les faire bouger en pleine période hivernale" relevait d'un "mépris total pour les réfugiés de guerre".

- Une étape 'humanitaire' -

L'opération suscite aussi les réserves de l'autorité indépendante chargée des droits de l'enfant, la Défenseure des enfants Geneviève Avenard. Elle a critiqué lundi les modalités prévues par l'État pour le déménagement des enfants isolés, se prononçant pour "la création urgente d'un dispositif de mise à l'abri des enfants" concernés.

L'Etat souhaite réduire à terme la population de la "Jungle" à 2.000 personnes, contre 3.700 selon elle aujourd'hui.

Celles évacuées de la zone sud devront donc soit se rendre dans le Centre d'accueil provisoire (CAP) ouvert en janvier dans la partie nord du camp, capable d'héberger 1.500 personnes (1.200 y sont déjà) dans des conteneurs aménagés, soit rallier l'un des centres d'accueil et d'orientation (CAO) créés ailleurs en France.

Le ministre de l'Intérieur a tenté de temporiser lundi: cette évacuation, qu'il qualifie de "mise à l'abri", se fera "bien entendu en procédant de façon progressive et en privilégiant à chaque instant le dialogue, la persuasion et l'information des migrants". Il s'est dit prêt à "prendre le temps qu'il faut" pour mener à bien cette "étape humanitaire".

La préfecture du Pas-de-Calais s'était montrée plus ferme vendredi, évoquant des "exactions" commises par les migrants et indiqué qu'après 20h00 locales, "il sera procédé à l'évacuation (...) si nécessaire avec le concours de la force publique".

Ce n'est pas la première fois que le tribunal administratif de Lille s'empare du dossier de la "Jungle": saisi par des ONG comme Médecins du monde et le Secours catholique - ce dernier est aussi dans le référé de mardi -, il avait ordonné en novembre à l'Etat de réaliser une série d'aménagements sanitaires dans le plus grand bidonville de France. Motif: "urgence caractérisée".

Avec AFP

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