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Football : haro sur "l'exode suicidaire" des jeunes joueurs africains


Kevin-Prince Boateng de Schalke du Ghana dégage le ballon au cours du match de football de la Bundesliga allemande opposant le FC Schalke 04 et le VfB Stuttgart à Gelsenkirchen, en Allemagne, 2 mai 2015. Schalke battu Stuttgart par 3-2.
Kevin-Prince Boateng de Schalke du Ghana dégage le ballon au cours du match de football de la Bundesliga allemande opposant le FC Schalke 04 et le VfB Stuttgart à Gelsenkirchen, en Allemagne, 2 mai 2015. Schalke battu Stuttgart par 3-2.

Des responsables du monde du football réunis pour une conférence sur les jeunes joueurs africains notent "un taux d'échec plus important que chez les joueurs européens" et dénoncent un "trafic".

Pour détourner les jeunes Africains des mirages du football professionnel à l'étranger, la lutte doit commencer en amont, sur le continent et au sein même des familles, selon des dirigeants sportifs et militants réunis à Dakar.

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La grande majorité des mineurs africains qui tentent leur chance sur les terrains de foot en Europe ne deviendront jamais professionnels, "un taux d'échec plus important que chez les joueurs européens", a indiqué Jean-Claude Mbvoumin, président de l'Association Foot Solidaire, lors d'une conférence intitulée "Ensemble pour la protection des jeunes joueurs de football en Afrique".

"L'échec des joueurs africains est très élevé. Les enfants sont livrés à eux-mêmes. 70% des enfants, on ne sait pas ce qu'ils deviennent", a ajouté l'ancien international camerounais, qui suit cette question depuis le début des années 2000, citant "des facteurs culturels", mais aussi liés à "l'isolement et au froid".

"Trafic"

Lundi et mardi, les intervenants à cette conférence (dirigeants sportifs, entraîneurs, anciens joueurs professionnels et responsables de la Fédération internationale de football, la Fifa) ont dénoncé le "trafic" dont sont victimes ces aspirants footballeurs.

15.000 joueurs mineurs quittent chaque année dix pays d'Afrique de l'Ouest, tandis que 1.500.000 s'entraînent dans des structures de formation avec pour objectif d'émigrer, selon des statistiques fournies par les organisateurs.

Et ce phénomène ne concerne pas seulement les prestigieux championnats européens, mais aussi des circuits de troisième zone, notamment en Asie. Cette année, 23 mineurs libériens ont été recrutés par l'école de football du club laotien de Champasak United, dans des conditions de grande précarité.

"Neuf des enfants sont restés au Laos. Les autorités du club disent qu'elles s'occupent bien d'eux mais je n'ai aucun moyen de le vérifier", a déclaré à l'AFP à Monrovia Wleh Bedell, un Libérien qui a participé à leur recrutement.

Le continent vidé de ses talents

Le technicien français Claude Le Roy, 67 ans, qui avec huit participations détient le record en tant que sélectionneur à la Coupe d'Afrique des nations (CAN), a appelé lors de la conférence à arrêter cet "exode suicidaire" qui vide le continent de ses talents et de sa jeunesse.

Il a posé "la problématique de tous ces enfants des rues qui disparaissent sans qu'on ait une idée de la traçabilité de leur parcours" après leur départ d'Afrique.

Pour lutter contre ce "trafic", l'Association Foot Solidaire va créer le Centre d'information du jeune footballeur (CIJFOOT), dont la mission sera d'orienter les jeunes Africains et leur entourage.

Deux premiers projets doivent démarrer en 2016 au Cameroun et au Sénégal.

"Les trafiquants d'enfants ont beaucoup d'idées. Il faut qu'on arrive à un accompagnement du jeune footballeur en faisant en sorte que la masse des pratiquants aient une protection minimale. Que les parents comprennent qu'il y a un chemin légal pour devenir footballeur professionnel", a déclaré Jean-Claude Mbvoumin.

La pauvreté en cause

Selon Joseph Koto, sélectionneur de l'équipe juniors sénégalaise, c'est la pauvreté qui fait que "les agents recruteurs et les intermédiaires prennent les enfants comme des esclaves".

"Et ça commence par les parents qui poussent" leurs enfants à partir et "qui ne comprendront jamais" les efforts pour les en dissuader, a-t-il souligné.

La mère d'un des adolescents libériens rentrés du Laos a ainsi préféré garder l'anonymat pour parler à l'AFP de ce "rêve brisé" qui était aussi celui de sa famille.

"Mon fils a failli ne pas rentrer. Il ne voulait plus revenir au Liberia parce qu'on avait fêté son départ", soupire-t-elle, "à présent il passe son temps à la maison à broyer du noir".

Avec AFP

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