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Fifa: Gianni Infantino, l'obscur technocrate qui remporte la présidence


Newly elected FIFA president Gianni Infantino of Switzerland during a press conference after the second election round during the extraordinary FIFA congress in Zurich, Switzerland, Feb. 26, 2016.
Newly elected FIFA president Gianni Infantino of Switzerland during a press conference after the second election round during the extraordinary FIFA congress in Zurich, Switzerland, Feb. 26, 2016.

L'Italo-Suisse était entré à l'UEFA en 2000 comme chargé des questions juridiques et commerciales.

Longtemps confiné dans l'ombre de Michel Platini à l'UEFA, le juriste italo-suisse Gianni Infantino a su tirer profit de la chute de son patron pour attirer la lumière et succéder à Joseph Blatter comme président de la Fifa.

"Nous allons restaurer l'image de la Fifa et tout le monde respectera la Fifa, et tout le monde nous applaudira", a-t-il déclaré juste après son élection, très ému.

Platini était suspendu depuis quinze jours, à cause du douteux paiement de 1,8 million d'euros reçu de la part de Blatter, quand ce technocrate au profil lisse s'est lancé dans la course, le 26 octobre, soutenu par le comité exécutif de l'UEFA dont il est le secrétaire général.

Et voilà donc ce grand chauve affable de 45 ans, connu du grand public pour avoir longtemps présidé aux tirages au sort des coupes d'Europe, vainqueur d'une course hautement politique, devant son principal challenger, le Cheikh Salman, président bahreïni de la Confédération asiatique.

"C'est vrai que peut-être quelque part le destin joue un rôle car il y a quelques mois je ne pensais même pas à me lancer dans cette aventure", avait-il reconnu mercredi auprès de l'AFP.

Elu au deuxième tour avec 115 voix sur 207, ce juriste était, de fait, le candidat européen par défaut. Platini, dans l'impossibilité d'épuiser à temps tous les recours contre sa suspension, réduite de huit à six ans en appel, avait dû finalement jeter l'éponge.

En privé, le camp Platini s'était dit troublé par l'annonce impromptue de candidature du N.2, même si celui-ci a toujours pris soin de ménager son patron en répétant de manière presque mécanique qu'avec l'UEFA il assurait son "soutien à Michel Platini dans son droit à avoir un procès équitable et à laver son image".

- Polyglotte et policé -

Le triple Ballon d'Or n'a d'ailleurs jamais ouvertement adoubé son bras droit. "Gianni, on a travaillé neuf ans ensemble, a dit l'ancien capitaine de l'équipe de France dans L'Equipe de vendredi. C'est un bosseur. J'ai confiance en lui. Il est ambitieux, mais on ne peut pas se présenter à la présidence de le Fifa sans être ambitieux".

"Je n'ai pas mentionné son nom (dans sa première réaction après l'élection), car je n'ai mentionné personne en particulier, mais je le remercie, pour ce qu'il m'a donné, ce qu'il m'a appris, j'ai une très forte pensée pour lui, vous pouvez me croire", a commenté l'Italo-Suisse en conférence de presse post-élection.

Infantino a activement fait campagne ces dernières semaines en sillonnant l'Afrique et en récoltant les soutiens de l'Amérique latine, issus de la Conmebol (Confédération sud-américaine) et de l'Amérique centrale.

Très à l'aise en public et devant les médias, il parle plusieurs langues et, contrairement à Blatter qui avait souvent dérapé, maîtrise aussi la langue de bois.

Marié et père de quatre filles, l'Italo-Suisse est entré à l'UEFA en 2000, chargé des questions juridiques et commerciales. Ce supporter de l'Inter Milan a ensuite été nommé directeur de la division Services juridiques en janvier 2004 et ainsi "entretenu des contacts étroits avec l'Union européenne, le Conseil de l'Europe et les autorités gouvernementales", selon l'UEFA.

- Haut-Valaisan, comme Blatter -

Il devient secrétaire général en 2009, fonction où il a contribué à la mise en place du fair-play financier et a su gagner la confiance des grands clubs européens.

C'est lui qui représentait l'UEFA à la commission des réformes de la Fifa à partir de juillet. Cette instance avait été créée afin de tenter de restaurer la crédibilité de la Fifa, ébranlée depuis mai dernier par un scandale de corruption planétaire. Ce sera sa principale tâche.

Avant l'UEFA, Infantino avait travaillé comme secrétaire général du Centre international d'étude du sport (CIES) à l'Université de Neuchâtel, après avoir été conseiller pour diverses instances du football, dont les ligues espagnole, italienne et suisse.

Ce fin connaisseur des ficelles du foot a vite assimilé celles de la politique. Il faut dire que le destin, décidément, a voulu qu'Infantino naisse à Brigue, dans le Haut-Valais, à quelques kilomètres de Viège, village natal de... Blatter.

Avec AFP

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