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L'Italie rappelle son ambassadeur au Caire


Photo d'archives: Le chef du gouvernement italien, Matteo Renzi, à gauche, avec le président nigérian Muhammadu Buhari, lors de sa visite officielle au Nigeria, le lundi 1 février 2016.
Photo d'archives: Le chef du gouvernement italien, Matteo Renzi, à gauche, avec le président nigérian Muhammadu Buhari, lors de sa visite officielle au Nigeria, le lundi 1 février 2016.

L'Italie a annoncé le rappel de son ambassadeur en Egypte pour protester contre le manque de progrès dans l'enquête sur le supplice subi par un étudiant italien, torturé à mort fin janvier au Caire.

"Après la rencontre des magistrats à Rome, l'Italie a décidé officiellement de rappeler son ambassadeur pour consultations", a annoncé le chef de son gouvernement, Matteo Renzi, sur Twitter.

"Nous voulons une seule chose: la vérité sur Giulio Regeni", a insisté également sur Twitter le ministre des Affaires étrangères, Paolo Gentiloni, après le calvaire de cet étudiant de 28 ans, retrouvé mort le 3 février, le corps couvert des stigmates de multiples tortures.

Deux journées de discussions jeudi et vendredi à Rome entre enquêteurs égyptiens et italiens n'ont pas permis de résoudre les tensions entre les deux pays.

Dans un communiqué du parquet de Rome, le procureur chargé de l'enquête en Italie a expliqué que la délégation égyptienne avait remis les relevés téléphoniques de deux amis italiens de l'étudiant qui se trouvaient au Caire au moment de sa disparition, ainsi que des photos prises le jour de la découverte du corps.

Le communiqué ne mentionne cependant pas les images de vidéo-surveillance du quartier où Regeni a disparu le 25 janvier, que les enquêteurs italiens réclament avec insistance depuis des semaines.

- Gang spécialisé -

Les enquêteurs égyptiens ont expliqué qu'ils continuaient leurs recherches sur l'implication possible d'un gang spécialisé dans l'enlèvement d'étrangers, dont la police a tué les quatre membres le 24 mars avant de retrouver chez l'un d'eux les effets personnels de l'étudiant italien.

Les autorités italiennes ont réitéré le peu de crédit qu'elles accordaient à cette version fournie par les enquêteurs égyptiens.

Le procureur italien a ainsi "réaffirmé sa conviction qu'il n'y avait aucun élément liant directement le gang aux tortures à la mort de Giulio Regeni", selon un communiqué du parquet de Rome.

"L'Italie ne s'arrêtera que face à la vérité", a rappelé vendredi M. Renzi, dont le gouvernement rejette les multiples versions -- accident de la route, crime crapuleux, règlement de comptes personnel... -- avancées jusqu'à présent par les enquêteurs égyptiens.

Le ministère égyptien des Affaires étrangères a indiqué de son côté dans un communiqué ne pas avoir été informé du rappel de l'ambassadeur italien, ni des raisons expliquant cette décision, et a précisé qu'il attendait le retour de Rome de sa délégation pour "évaluer complètement la situation".

L'affaire a porté un coup sévère aux relations, qui étaient pourtant au beau fixe, entre le chef du gouvernement italien et le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi.

"Nous n'accepterons pas de vérité fabriquée (... et) nous ne laisserons pas piétiner la dignité de notre pays", avait affirmé le ministre italien des Affaires étrangères Paolo Gentiloni.

Ce dernier a indiqué vendredi soir que son ministère allait désormais évaluer les "initiatives opportunes" à prendre pour faire éclater la vérité sur cette affaire.

Mais l'Italie, dont le groupe énergétique Eni vient de découvrir un gigantesque gisement de gaz en Egypte et qui a besoin de ce pays pour mieux stabiliser la Libye, marche sur des oeufs.

Malgré les vifs démentis du gouvernement égyptien, la presse italienne et les milieux diplomatiques occidentaux en Egypte soupçonnent des membres de l'un des services de sécurité égyptiens d'avoir assassiné Giulio Regeni, sans toutefois préciser les éventuelles motivations.

Selon les rapports d'autopsie, le jeune homme a vécu un véritable calvaire pendant plusieurs jours avant de mourir la nuque brisée.

"Je ne vous dis pas ce qu'ils lui ont fait. Sur son visage j'ai vu tout le mal de ce monde", a témoigné la semaine dernière sa mère Paola, assurant n'avoir reconnu que la pointe du nez de son fils et se disant prête à rendre publique la photo qu'elle a prise à la morgue si l'enquête continuait de piétiner.

Avec AFP

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