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Ethiopie : la répression brutale continue dans la région de l'Oromia, selon HRW


Manifestation dans la région de l'Oromia, en Ethiopie.
Manifestation dans la région de l'Oromia, en Ethiopie.

L'organisation Human Rights Watch dénonce des "assassinats et arrestations arbitraires" quasi quotidiens dans cette région d'Ethiopie où des manifestations pacifiques sont réprimées dans le sang.

Les forces de sécurité éthiopiennes continuent de réprimer brutalement les manifestations antigouvernementales dans la région de l'Oromia, a dénoncé lundi l'organisation de défense des droits de l'Homme Human Rights Watch (HRW).

"Des assassinats et arrestations arbitraires sont presque quotidiennement rapportés depuis le début de l'année", écrit HRW dans son rapport intitulé "Ethiopie: pas de répit dans la répression des manifestations".

Le 12 janvier, les autorités éthiopiennes avaient renoncé à un plan d'urbanisme controversé qui avait été l'élément déclencheur de manifestations largement pacifiques et violemment réprimées à partir de novembre 2015.

Ce plan d'urbanisme avait suscité des craintes d'expropriation de fermiers oromo, le plus important groupe ethnique du pays.

Forte de 27 millions d'habitants, l'Oromia encercle Addis Abeba et s'étend sur de larges parties de l'ouest, du centre, de l'est et du sud du pays. Elle a sa propre langue, l'oromo, distincte de l'amharique, langue du peuple amhara et de l'administration.

Le gouvernement éthiopien affirme que depuis l'abandon du plan, la situation est revenue à la normale. Mais selon HRW, les manifestations se poursuivent, à un rythme moins élevé, et la répression n'a pas faibli.

"Inonder l'Oromia de forces de sécurité démontre le mépris des autorités pour les manifestations pacifiques menées par des étudiants, des fermiers et autres dissidents", a déclaré Leslie Lefkow, directrice adjointe Afrique de Human Rights Watch.

HRW précise ne pas avoir été en mesure de déterminer le nombre de personnes tuées et arrêtées depuis novembre, en raison des restrictions d'accès à la région. "Les militants (éthiopiens) prétendent que plus de 200 personnes auraient été tuées depuis le 12 novembre", rapporte HRW. Dans son précédent rapport début janvier, l'organisation faisait état d'au moins 140 morts.

Plusieurs milliers de personnes ont été arrêtées depuis novembre et sont toujours en détention sans pourtant avoir été inculpées, ajoute l'organisation.

"Les manifestations se poursuivent bien que dans une moindre mesure", a expliqué à l'AFP Felix Horne, spécialiste de la Corne de l'Afrique pour HRW.

"Nous avons de moins en moins de renseignements provenant des zones protestataires. Bon nombre d'individus qui faisaient remonter les informations ont été arrêtés, ou ont disparu, ou ont trop peur de communiquer".

"Le gouvernement éthiopien devrait cesser d'user de la force, libérer chaque personne détenue arbitrairement et mener une enquête indépendante sur les assassinats et autres abus des forces de sécurité", réclame l'organisation.

HRW demande également aux pays donateurs de l'Ethiopie, notamment les Etats-Unis et le Royaume-Uni, "d'arrêter d'ignorer ou de minimiser cette brutalité révoltante".

Interrogé par l'AFP, le ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement, Getachew Reda, a expliqué que les événements en cours n'étaient pas comparables aux manifestations de fin 2015.

"Maintenant, ce sont des gangs armés qui commettent des crimes, détruisent des ponts, brûlent des églises. Ça n'a rien à voir avec le passé", a affirmé le ministre.

"Les forces de sécurité placent en garde à vue chaque personne impliquée dans ces crimes. En aucun cas, ils ne représentent quelque segment de la société oromo. Croire qu'il s'agit de manifestations est loin de la vérité", a-t-il ajouté.

AFP

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