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L'Ethiopie met les violences sur le compte d'"ennemis extérieurs"


Des Éthiopiens manifestent lors du festival annuel à Bishoftu, Ethiopie, le 2 octobre 2016.
Des Éthiopiens manifestent lors du festival annuel à Bishoftu, Ethiopie, le 2 octobre 2016.

L'Ethiopie a accusé lundi des "ennemis extérieurs", tels que l'Egypte, d'être à l'origine des violences sans précédent depuis un quart de siècle qui agitent le pays et ont conduit le gouvernement à déclarer l'état d'urgence pour six mois.

Les troubles, qui se sont intensifiés la semaine dernière en région oromo (centre et ouest), sont fomentés par des "ennemis extérieurs" cherchant à "déstabiliser" l'Ethiopie, a déclaré le ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement éthiopien, Getachew Reda, lors d'une conférence de presse à Addis Abeba.

Il a accusé l'Egypte de financer et d'entraîner militairement le Front de libération Oromo (OLF), un mouvement rebelle indépendantiste, qualifié par le gouvernement de groupe terroriste.

"Nous savons pour sûr que le groupe terroriste OLF a reçu toutes sortes de soutiens de la part de l'Egypte", a-t-il affirmé. "Ses dirigeants étaient par le passé à Asmara (en Erythrée), maintenant ils sont au Caire".

Il a estimé que "certains éléments au sein de la classe politique égyptienne" avaient intérêt à alimenter les troubles, cherchant à promouvoir les "droits historiques" de l'Egypte sur l'accès à l'eau du Nil.

L'Ethiopie construit depuis 2012 un immense barrage hydro-électrique sur le Nil, dont l'Egypte, qui tire du fleuve environ 90% de son eau, craint qu'il en affecte le débit.

La semaine passée, l'ambassadeur égyptien avait été convoqué par le ministère éthiopien des Affaires étrangères pour discuter de "la situation actuelle", selon les médias d'Etat éthiopiens.

Des violences d'une rare intensité ont eu lieu la semaine passée en région oromo, où les manifestations visant des intérêts étrangers en plus des bâtiments publics se sont multipliées jusque dans la périphérie d'Addis Abeba.

Elles ont poussé le gouvernement éthiopien à décréter dimanche l'état d'urgence pour une durée de six mois. "Le gouvernement a la responsabilité de restaurer l'ordre (public)", a justifié Getachew Reda.

"Les procédures ordinaires de mise en oeuvre des lois ne permettent pas de faire face au genre de menaces auxquelles nous sommes confrontés, au genre d'attaques qui visent désormais les civils, les infrastructures civiles et les investissements", a-t-il ajouté.

Le ministre a cependant évoqué la possibilité que certaines concessions soient faites aux manifestants, promettant "d'élargir l'espace politique" et faisant allusion à un possible remaniement ministériel.

L'Ethiopie est actuellement en proie à un mouvement de contestation anti-gouvernementale sans précédent depuis 25 ans, qui a commencé en région oromo en novembre 2015, s'est étendu depuis l'été à la région amhara (nord) et dont la répression a déjà fait plusieurs centaines de victimes.

Avec AFP

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