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Léger avantage au socialiste Moreno pour l'élection en Equateur


 Lenin Moreno et Guillermo Lasso, lors d'un débat télévisé à Quito, le 5 février 2017. (AFP PHOTO / RODRIGO BUENDIA)
Lenin Moreno et Guillermo Lasso, lors d'un débat télévisé à Quito, le 5 février 2017. (AFP PHOTO / RODRIGO BUENDIA)

Lenin Moreno, candidat du parti au pouvoir en Equateur, était légèrement en tête de l'élection présidentielle pour désigner le successeur de Rafael Correa et choisir entre socialisme et virage à droite, scrutin crucial pour une gauche latino-américaine affaiblie.

L'ancien vice-président Moreno était crédité de 51,07% des voix à l'issue de ce second tour, selon un résultat partiel diffusé par le Conseil national électoral (CNE) et portant sur 94,20% des bulletins dépouillés.

Mais son adversaire, l'ex-banquier Guillermo Lasso, crédité de 48,93% des suffrages d'après le CNE, a dénoncé une "fraude" présumée et s'est dit prêt à contester le résultat.

"Nous allons défendre la volonté du peuple équatorien face à des présomptions d'une fraude qui a pour objectif d'installer un gouvernement qui serait, dès à présent, illégitime", a-t-il dit à Guayaquil, sa ville natale et capitale économique du pays (ouest).

Des centaines de partisans des deux bords se sont rassemblés devant le CNE, dont les accès ont été barrés pour prévenir d'éventuels incidents, suite aux protestations de l'opposition après le premier tour, le 19 février.

Auparavant, M. Moreno et M. Lasso avaient chacun revendiqué la victoire à partir de sondages de sortie des urnes différents.

Election 'cruciale'

Le candidat socialiste, paraplégique depuis une agression à main armée en 1998, appelait à "voter pour continuer un processus qui marque le chemin vers l'avenir".

Son adversaire jugeait cette élection "cruciale" pour choisir entre la "voie du Venezuela et celle de la démocratie et de la liberté".

"C'est un moment décisif car nous avons eu une réaction conservatrice ces dernières années" dans la région, a estimé M. Correa, en allusion aux virages à droite de l'Argentine, du Pérou et du Brésil.

Le sort de Julian Assange, réfugié à l'ambassade d'Equateur à Londres depuis juin 2012, est aussi en jeu.

Si élu, M. Lasso entendait "réviser l'asile" dans les 30 jours après sa prise de fonction et expulser le fondateur de WikiLeaks, réclamé en Suède pour un viol qu'il nie et qui craint une extradition aux Etats-Unis pour la publication de documents confidentiels, notamment sur les guerres en Irak et en Afghanistan.

Assange félicite Moreno

Dimanche soir, l'Australien a félicité M. Moreno sur Twitter. "J'invite cordialement M. Lasso à se retirer de l'Equateur dans les 30 prochains jours (avec ou sans ses millions offshore) #AssangeSILassoNO" (#AssangeOUILassoNON), a-t-il écrit en espagnol.

Plus de 12,8 millions d'électeurs devaient voter, sous peine d'amende. Au premier tour, M. Moreno avait obtenu 39,36% des voix et M. Lasso 28,09%. Le prochain président prendra ses fonctions le 24 mai.

Ce scrutin est inédit depuis la première élection de M. Correa en 2006, réélu ensuite deux fois dès le premier tour.

Dénonçant "la dictature" du parti corréiste, M. Lasso, 61 ans, a appelé au "changement", promettant de créer un million d'emplois et supprimer des impôts.

Apôtre d'une politique sociale, mais moins polémique que son charismatique mentor, M. Moreno, 64 ans, a promis "une chirurgie radicale (...) aux corrompus de ce gouvernement", "aux corrompus d'hier et de maintenant".

Favori des sondages, interdits de diffusion depuis le 22 mars, le candidat du parti au pouvoir Alliance Pais (AP, Patria Altiva i Soberana: Patrie altière et souveraine - l'acronyme jouant sur le mot pays en espagnol), affichait de quatre à 14 points d'avance sur son adversaire du mouvement Créant des opportunités (Creo, "Je crée/Je crois").

Toutefois, des enquêtes non publiées faisaient état en fin de semaine "d'un nul technique à quasiment 50/50, mais avec une légère tendance en faveur de Lasso", selon le politologue Santiago Basabe.

"Le pays a besoin d'un changement (...) une nouvelle façon de gouverner", a déclaré à l'AFP une électrice, Lourdes Gonzales, 49 ans, femme au foyer.

Aux législatives du 19 février, AP a perdu sa majorité des deux-tiers, conservant néanmoins la majorité absolue à l'Assemblée. Elle a le soutien des classes populaires, bénéficiaires des programmes de la "Révolution citoyenne" corréiste.

"J'ai voté pour Lenin (...) parce que Correa a été un bon président et il faut continuer", a estimé Maria Pillajo, 29 ans, ouvrière en mécanique de précision.

Le président sortant - qui prévoit d'enseigner l'économie en Belgique, pays de son épouse - a mis à profit la manne pétrolière pour moderniser l'Equateur. Mais son gouvernement a été éclaboussé par des accusations de corruption.

M. Lasso séduit des classes moyennes affectées par la crise due à la chute des cours du brut. Il a été accusé par M. Moreno de s'être enrichi pendant la grave crise financière de 1999 alors qu'il était ministre de l'Economie.

Avec AFP

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