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Dopage: Sharapova, la reine du sport-business lâchée par ses sponsors


Maria Sharapova
Maria Sharapova

Nike d'abord, puis Tag Heuer et Porsche : quelques heures après avoir révélé son contrôle antidopage positif, Maria Sharapova, reine du sport-business et sportive la plus riche du monde, avait déjà été lâchée par ses premiers sponsors mardi, voyant sa stratégie marketing réduite en miettes.

Dès le lendemain de la confession de la joueuse russe, qui a avoué prendre "depuis dix ans" du meldonium, un médicament placé depuis le 1er janvier 2016 sur la liste des produits interdits, l'équipementier sportif puis le constructeur d'automobiles ont suspendu leurs relations avec la Russe. L'horloger suisse a lui décidé de ne pas renouveler le contrat de sponsoring de l'ex-N.1 mondiale.

A 28 ans, la championne au physique hollywoodien est la sportive qui a gagné le plus d'argent en 2015, avec près de 30 millions de dollars de revenus, dont plus des trois-quarts en revenus publicitaires, selon le magazine américain Forbes. Pour une fortune estimée à 200 millions de dollars.

Lundi, lors d'une conférence de presse à Los Angeles, la championne aux cinq titres du Grand Chelem a révélé avoir été notifiée le 2 mars de son contrôle positif le 26 janvier à Melbourne, pendant l'Open d'Australie.

- 'Enorme erreur' -

"Depuis dix ans, je prends un médicament sur prescription de mon médecin de famille (...), ce médicament n'était pas sur la liste des produits prohibés par l'Agence mondiale antidopage, mais le règlement a changé le 1er janvier, ce que je ne savais pas", a-t-elle poursuivi, assumant la "pleine responsabilité" d'une "énorme erreur".

Si la N.1 mondiale, l'Américaine Serena Williams, a salué "le courage" de Sharapova pour avoir "admis ce qu'elle avait fait", la Danoise Caroline Wozniacki, elle aussi ancienne N.1 mondiale a semblé dubitative : "A chaque fois que nous prenons un médicament, nous vérifions deux, trois ou quatre fois, parce qu'un produit contre le rhume ou un vaporisateur pour le nez peuvent être sur la liste", a-t-elle expliqué.

Plus clémente, la Française Marion Bartoli est venue au secours de la Russe : "Je sais qu'elle n'est pas dopée et que c'est certainement un oubli de sa part", a déclaré la vainqueur de Wimbledon à RTL.

La fédération internationale de tennis (ITF) a suspendu provisoirement Sharapova le temps de la procédure. Un jury indépendant, formé d'un juriste et de deux scientifiques, va être constitué. Il réunira les pièces du dossier et entendra les arguments de la joueuse lors d'une audition avant de prononcer une éventuelle sanction. Sharapova, mais aussi l'Agence mondiale antidopage (AMA), auront la possibilité de faire appel de la décision.

- Roland-Garros compromis -

Dans les deux derniers cas de dopage importants traités par l'ITF, ceux du Croate Marin Cilic et du Serbe Viktor Troicki, il s'était passé environ quatre mois entre la date du contrôle et l'annonce de la sanction. Même si elle était finalement blanchie, Sharapova devrait donc manquer toute la saison sur terre battue et sa participation à Roland-Garros paraît compromise.

"Je sais que je m'expose à des conséquences, mais je ne veux pas finir ma carrière de cette façon. J'espère que je vais avoir la chance de rejouer", a dit la championne, qui avait quitté la Russie, enfant, pour l'académie de tennis de Nick Bollettieri en Floride.

"Nous ferons tout ce qui est possible de notre côté pour aider Masha" (NDLR : le surnom de Sharapova), a insisté Shamil Tarpishev, le président de la Fédération russe de tennis.

Officiellement blessée à un bras, Sharapova n'a plus joué depuis sa défaite en quarts de finale de l'Open d'Australie contre Serena Williams, sa grande rivale, qu'elle n'a plus battue depuis douze ans.

- Le Meldonium, un médicament soviétique -

Le médicament en question, le meldonium ou mildronate, lui est prescrit depuis 2006 pour "traiter des problèmes de santé récurrents, un déficit en magnésium, une arythmie cardiaque et des cas de diabète dans (sa) famille", a-t-elle affirmé. Principalement utilisé dans la prévention des infarctus, il est classé parmi les hormones et modulateurs métaboliques (groupe S4) depuis le 1er janvier 2016.

Mis au point dans les années 1970 dans l'ex-URSS, le meldonium agite depuis plusieurs semaines les autorités antidopage : la Suédoise Abeba Aregawi, championne du monde 2013 du 1500 m (athlétisme), la Russe Ekaterina Bobrova (patinage artistique), la biathlète ukrainienne Olga Abramova et le coureur de la formation cycliste russe Katusha Edouard Vorganov ont tous été contrôlé positifs à cette substance.

"Malheureusement, je crois qu'il y aura d'autres" contrôles positifs au meldonium, a lâché mardi le ministre russe des Sports, Vitali Moutko, en annonçant la convocation des principaux responsables sportifs russes pour évoquer ce problème.

Une certitude : le dossier Sharapova tombe au plus mal pour le ministre russe, alors que les athlètes russes sont toujours sous le coup d'une suspension pour les jeux Olympiques de Rio de Janeiro, sur fond d'accusations de dopage institutionnalisé.

Avec AFP

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