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Des pays arabes dénoncent des "entraves juridiques" à la récupération des avoirs spoliés


Femme tunisienne tenant un drapeau avec son doigt taché d'encre après le vote dans un bureau de vote à Tunis 23 Octobre , 2011
Femme tunisienne tenant un drapeau avec son doigt taché d'encre après le vote dans un bureau de vote à Tunis 23 Octobre , 2011

Des difficultés juridiques empêchent les pays du "Printemps arabe" de récupérer les fonds détournés par les dictatures déchues, près de cinq ans après leurs révolutions.

C'est ce qu'ont affirmé en Tunisie des ministres arabes.

"Les années passent (...), les discours se ressemblent ainsi que les mots pour exprimer l'espoir de réaliser la justice et la coopération, afin de lutter contre la corruption. Mais les résultats restent faibles et ne correspondent pas aux efforts déployés", a clamé le ministre tunisien de la Justice par intérim, Farhat Horchani.

S'exprimant lors de la 4e édition du Forum arabe sur le recouvrement des avoirs (Afar) qui se tient de mardi à jeudi à Hammamet, M. Horchani a évoqué "des difficultés et entraves" d'ordre juridique, au vu des différences de régimes d'un pays à l'autre.

Le ministre tunisien n'a pas été en mesure de préciser le montant global de l'argent récupéré par la Tunisie, ni de déterminer la valeur globale des avoirs spoliés. En 2013, la Tunisie, point de départ du "Printemps arabe", avait récupéré 28 millions de dollars détournés au Liban par le clan de l'ex-dictateur Zine El Abidine Ben Ali.

"L'Egypte (...) n'a pu récupérer qu'un montant minime en raison des demandes et des arguments non fondés des pays qui possèdent les fonds détournés", a également déploré le ministre égyptien de la Justice Ahmed Al-Zind.

"Nous avons répondu à toutes les demandes de ces pays mais sans aboutir à des résultats. Ces pays bénéficient de cet argent et ne donnent aucune importance aux conventions internationales. Ils tiennent à appliquer seulement leurs lois", a-t-il poursuivi.

Selon son adjoint, Adel al-Saïd, le montant des fonds concernant l'Egypte est d'environ 900 millions de dollars.

Le procureur général qatari, Ali al-Marri, a de son côté déploré que "les pays qui détiennent l'argent refusent de donner des précisions". "Il n'y a aucune coopération. (...) Il faut qu'il y ait une pression politique sur ces pays. Il reste beaucoup à faire", a-t-il ajouté.

En 2012, M. Marri avait évalué les sommes en jeu à "plusieurs milliards" de dollars.

L'an dernier, lors de la 3e édition du Forum à Genève, la Suisse avait pour sa part affirmé avoir restitué quelque 1,5 milliard d'euros aux pays d'origine des fonds, soit près du tiers des avoirs restitués dans le monde à cette époque, selon elle.

Le Forum arabe sur le recouvrement des avoirs a été créé en 2012 sur initiative de la présidence américaine du G8, dans la foulée du "Printemps arabe". L'édition 2015 est co-organisée par la Tunisie, le Qatar et l'Allemagne, qui préside le G7.

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