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Des grévistes dispersés par la police au Zimbabwe


Le président Robert Mugabe du Zimbabwe, au centre, salue des chefs locaux à la mine Zimplats, près de Harare, le 13 Octobre 2011.
Le président Robert Mugabe du Zimbabwe, au centre, salue des chefs locaux à la mine Zimplats, près de Harare, le 13 Octobre 2011.

La police zimbabwéenne a recouru aux tirs de semonce et aux gaz lacrymogènes pour disperser les grévistes qui manifestaient contre la crise économique.

Leur grève, la première au Zimbabwe depuis 1998, s'inscrit dans une série de récentes manifestations.

En 1998, des protestations similaires étaient menées contre le prix du pain avaient dégénéré.

Dans des banlieues d'Harare mercredi, des manifestants ont brûlé des pneus et bloqué des rues. A l'inverse, dans le centre-ville, habituellement grouillant de monde, la circulation était fluide, et les élèves ont dû rentrer chez eux, faute d'enseignants.

"Je ne peux pas aller travailler si le reste du pays ne travaille pas", a expliqué à l'AFP Sybert Marumo, un électricien. "La vie est dure et nous devons montrer au gouvernement qu'on a atteint la limite", a-t-il confié.

A Bulawayo (sud), deuxième ville du pays et bastion de l'opposition, les magasins, les banques et même les tribunaux étaient fermés, tandis que les transports en commun étaient paralysés, selon un correspondant de l'AFP.

La police a eu recours aux gaz lacrymogènes contre de petits groupes de personnes.

Dans le sud-est du pays, à Masvingo, la police a dispersé à coups de tirs de sommation des manifestants qui s'étaient rassemblés près d'une gare routière.

"Cela montre que les gens n'ont pas confiance dans le gouvernement. Le président a promis des emplois mais à la place les gens perdent leur travail et vont se coucher le ventre vide", a indiqué Zivanai Muzorodzi, porte-parole d'une association de défense des droits de l'Homme à Masvingo.

Ces manifestations sont "un signe de l'effondrement de l'économie. Les gens n'ont plus rien à perdre" dans un pays où 90% de la population n'a pas d'emploi formel, confirme Dumisani Nkomo, porte-parole de l'organisation non-gouvernementale "Coalition contre la crise au Zimbabwe".

"Nous nous dirigeons vers un point de non-retour dans le pays où les citoyens vont exprimer leur mal-être par tous les moyens", a-t-il poursuivi.

Communications perturbées

Les communications téléphoniques, y compris internet et le service de messagerie WhatsApp, fonctionnaient mal mercredi dans le pays, mais les autorités ont nié être à l'origine de ce dysfonctionnement.

Toute personne qui enverra des messages "susceptibles d'inciter à la violence, de menacer des citoyens ou de causer des troubles sera arrêté et jugé selon l'intérêt national", a prévenu l'autorité zimbabwéenne des télécommunications dans un communiqué.

Ce débrayage général, à l'appel de plusieurs syndicats et organisations de la société civile, fait suite à plusieurs jours de manifestations dans tout le pays.

Mardi, les fonctionnaires ont entamé une grève pour protester contre le non-paiement de leur salaire. Ils ont seulement reçu en juin une maigre avance de 100 dollars, faute de liquidités. Seuls les membres de sécurité ont été dûment payés.

Selon le gouvernement, au moins 80% du budget de l'Etat zimbabwéen passe dans le salaire des fonctionnaires.

Lundi, ce sont les chauffeurs de bus qui protestaient contre la corruption policière. Bilan: 113 arrestations et des blessés mordus par les chiens policiers, selon l'organisation des avocats pour les droits de l'Homme au Zimbabwe.

Et vendredi, 71 personnes ont été interpellées après avoir bloqué le poste-frontière de Beitbridge (sud), limitrophe de l'Afrique du Sud pour protester contre l'interdiction de l'importation de certains produits de première nécessité.

Depuis l'indépendance du Zimbabwe en 1980, le pays est dirigé d'une main de fer par Robert Mugabe, âgé de 92 ans, et les manifestations sont habituellement rares.

Ce pays d'Afrique australe traverse une grave crise économique depuis les années 2000 et une réforme agraire controversée où des milliers de fermiers blancs ont été expropriés au profit de la majorité noire. Une forte sécheresse a aggravé cette année la situation.

Depuis 2009, le Zimbabwe n'a plus de devise nationale. Le dollar zimbabwéen a été abandonné car il était devenu inutilisable à cause d'une inflation folle, de l'ordre de plusieurs milliards de pour cent en 2008.

Avec AFP

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