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Des affrontements interethniques font 20 morts dans le nord du Katanga en RDC


Des survivants de la communauté pygmée Bambuti dans le petit village de Mbau Mikereba, dans la forêt de l'Ituri, dans le nord-est de la République démocratique du Congo (RDC), 31 Août 2007. epa / PIERO POMPONI
Des survivants de la communauté pygmée Bambuti dans le petit village de Mbau Mikereba, dans la forêt de l'Ituri, dans le nord-est de la République démocratique du Congo (RDC), 31 Août 2007. epa / PIERO POMPONI

Vingt personnes ont été tuées entre dimanche et mardi en trois jours d'affrontements entre Pygmées et Bantous dans le sud-est de la République démocratique du Congo, faisant craindre une reprise sanglante du conflit qui oppose ces deux communautés au Katanga.

Les heurts, qui ont éclaté à Kabalo, dans la province du Tanganyika, ont été provoqués par un désaccord autour d'une récolte de chenilles destinées à la consommation.

"Les affrontements depuis dimanche ont fait 4 morts parmi les Lubas et 16 parmi les Pygmées qui se disputaient autour de la redevance coutumière à verser aux Bantous par les Pygmées", a déclaré à l'AFP Kalunga Mawazo, élu de Kabalo à l'Assemblée nationale.

Les Lubas sont une ethnie bantoue.

"Les Pygmées estiment désormais jouir des mêmes droits comme citoyens. Ils ont refusé de verser cette taxe illégale et tué par flèches deux Lubas qui exigeaient le paiement de la taxe", a indiqué à l'AFP un prêtre catholique joint à Kabalo par téléphone de Lubumbashi, capitale de l'ancienne province du Katanga.

"C'est lors des vagues de [rétorsion] que deux autres Lubas ont été tués, et 16 cadavres de Pygmées ont été découverts", a ajouté le prêtre.

"La tension est vive à Kabalo, nous y avons dépêché une équipe et des renforts pour rétablir l'ordre public", a déclaré à l'AFP le gouverneur du Tanganyika, Ngoy Kitangala, sans confirmer le bilan des 20 morts donné par M. Kalunga et le prêtre.

Depuis décembre 2013, le nord du Katanga (région grande comme l'Espagne morcelée en 2015 en quatre provinces dont le Tanganyika) est le théâtre de nombreux affrontements entre Bantous de l'ethnie Luba et Pygmées de l'ethnie Twa.

Marginalisation

Selon des témoignages recueillis par l'AFP dans la zone en 2015, c'est une relation jugée contre-nature (une liaison adultère entre un Bantou et une Pygmée) qui a mis le feu aux poudres dans une des zones les plus déshéritées de la RDC, pays parmi les moins développés au monde.

D'abord localisé, le conflit a dégénéré sur fond de misère et de frustrations accumulées, et entraîné un cycle de tueries, pillages, incendies de villages ayant fait plus de 200 morts et provoqué le déplacement forcé de plusieurs dizaines de milliers de personnes.

Début septembre, après près d'un an d'accalmie à la suite d'efforts de médiation des autorités locales et de la Mission de l'ONU au Congo (Monusco), de nouveaux heurts avaient fait huit morts dans le territoire de Nyunzu, voisin de celui de Kabalo.

Le 30 septembre, à l'issue d'une longue procédure, la justice congolaise a condamné quatre Bantous à 15 ans de prison pour crimes contre l'humanité en lien avec ce conflit.

Les tensions entre Bantous et Pygmées, chasseurs-cueilleurs d'Afrique centrale sont plus anciennes que l'indépendance de la RDC, obtenue de la Belgique en 1960.

Aujourd'hui, le mode de vie nomade des Pygmées est menacé par la déforestation, l'exploitation des mines et l'extension des terres agricoles par les Bantous.

En outre, malgré des avancées, les Pygmées restent marginalisés. Souvent considérés comme des citoyens de seconde classe, ils cherchent à faire reconnaître leur droits mais leurs revendications se heurtent régulièrement au refus des populations bantoues.

Avec AFP

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