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Christine Lagarde, patronne du FMI, jugée à partir de lundi en France


La patronne du FMI Christine Lagarde au Council on Foreign Relations, à New York, 26 juillet 2011.
La patronne du FMI Christine Lagarde au Council on Foreign Relations, à New York, 26 juillet 2011.

La patronne du FMI sera jugée à partir de lundi en France pour une "négligence" à l'origine d'un vaste détournement d'argent public quand elle était ministre.

Christine Lagarde a brisé le plafond de verre pour intégrer le club fermé des leaders économiques du globe où elle a réussi à imposer son autorité.

Au terme d'une ascension météorique, elle a pris les commandes du Fonds monétaire international en 2011 après un bail d'une longévité record à la tête du ministère de l'Economie française (2007-2011), deux prestigieuses fonctions qui n'avaient jamais échu à une femme avant elle.

Ce CV exemplaire serait sans nul doute terni si, à 60 ans, la justice française la déclarait coupable d'avoir commis une "négligence" à l'origine d'un vaste détournement d'argent public quand elle était ministre.

Jusqu'à présent, son parcours ressort de la revanche alors que, jeune avocate, elle s'était vu refuser une embauche pour une simple raison: "Ils m'ont dit ‘parce que vous êtes une femme’", a-t-elle raconté.

Opportuniste et fine tacticienne, cette fille d'enseignants qui a fait une partie de ses études aux Etats-Unis a su contourner les obstacles pour se frayer une place parmi les grands de ce monde.

- Franc-parler -

Son apparition dans la vie publique ne remonte pourtant qu'à 2005. Présidente du cabinet d'avocats américain Baker & McKenzie, elle est alors débauchée par la droite française et entre au gouvernement, en charge du Commerce extérieur.

Cette mère de deux fils prend rapidement du galon. Elle s'installe deux ans plus tard aux commandes du ministère de l'Economie, peu avant la crise financière de 2008 et la récession planétaire.

Sa carrière prend encore une nouvelle dimension quand elle est propulsée en juillet 2011 à la tête d'un FMI traumatisé par le scandale sexuel qui a emporté son chef, un autre Français, Dominique Strauss-Kahn.

Offrant le visage consensuel d'une femme végétarienne, athlétique et non-fumeuse, Mme Lagarde a dû convaincre les sceptiques et redorer le blason de l'institution en plaidant, dans un anglais impeccable, pour l'orthodoxie financière aux quatre coins du globe et spécialement en Grèce.

Sur le dossier grec qui continue de la hanter, elle n'hésitera pas à froisser ses anciens partenaires européens et à parfois rompre avec les usages diplomatiques.

Son franc-parler, qui lui avait déjà joué des tours en France, sera à l'origine d'un tollé quand elle appellera les Grecs, essorés par les plans d'austérité, à payer tous "leurs impôts" ou quand elle reprochera implicitement aux autorités de ne pas se comporter en "adultes".

C'est d'ailleurs d'Athènes que viendront, quelques années plus tard, les plus virulentes attaques contre l'action du FMI, accusé d'avoir une "responsabilité criminelle" dans la situation du pays.

- 'Et pourquoi pas?' -

Face aux critiques, Mme Lagarde a récusé, sans grand succès, l'image d'une institution "intransigeante et inhumaine". "Le FMI est un bouc émissaire bien pratique", disait-elle début juillet à l'AFP après avoir été reconduite, pour cinq ans et avec les honneurs, à la tête de l'institution.

Au fil des années, elle a par ailleurs tenté d'ouvrir le Fonds à des questions qui lui sont peu familières comme le changement climatique ou les inégalités sociales, même si le fond de sa pensée économique reste difficile à cerner.

Une chose est sûre: le FMI aura fort à faire dans les années qui viennent face à une croissance mondiale atone et aux conséquences encore incertaines du Brexit britannique.

Il faudra également composer avec le choc majeur de l'élection à la Maison Blanche de Donald Trump, dont les promesses protectionnistes vont à l'encontre des préceptes prêchés par le FMI.

Christine Lagarde bénéficie de sondages flatteurs mais - toute question judiciaire mise de côté- n'envisage pas de revenir sur la scène politique française. "Je pense que je suis mieux faite pour ce que je fais aujourd'hui que pour le monde politique et les acteurs politiques tels qu'ils sont".

Avec AFP

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