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CAN 2017 : la Guinée-Bissau rêve de victoires pour conjurer ses conflits


Le gardien de la Guinée-Bissau Jonas Mendes, au centre droit, célèbre la victoire de l'équipe contre le Gabon, lors de la CAN 2017, au stade de l'Amitié à Libreville, le 14 janvier 2017.
Le gardien de la Guinée-Bissau Jonas Mendes, au centre droit, célèbre la victoire de l'équipe contre le Gabon, lors de la CAN 2017, au stade de l'Amitié à Libreville, le 14 janvier 2017.

La Guinée-Bissau, après son exploit initial contre le Gabon hôte en ouverture de la CAN-2017 (1-1), rêve de prolonger l'effet de surprise pour sa première participation afin de cimenter un pays en proie aux turbulences politiques.

Les "Djurtus" (prononcé "djourtouss") - surnom de la sélection nationale - affrontent le Cameroun mercredi à Libreville puis le Burkina Faso dimanche à Franceville dans le groupe A.

Et ces "Djurtus", qui désignent dans le créole de ce pays lusophone de 1,6 million d'habitants d'Afrique de l'Ouest des chacals ou lycaons, selon les traductions, comptent bien s'illustrer parmi Panthères gabonaises, Lions indomptables camerounais et Etalons burkinabè.

"La CAN est la plus grande opportunité pour sortir la Guinée-Bissau des ténèbres et recoudre le tissu social déchiré par les querelles politiques", a déclaré le Premier ministre bissau-guinéen Umaro Sissoco Embalo dans un récent entretien avec l'AFP.

"C'est par le football que nous pourrons retrouver l'unité nationale", ce sport "va nous permettre de taire nos querelles politiques", a ajouté M. Sissoco Embalo, nommé le 18 novembre.

La Guinée-Bissau connait des turbulences politiques depuis l'éviction en août 2015, par le président José Mario Vaz, de son Premier ministre Domingos Simoes Pereira, chef du Parti africain pour l'indépendance de la Guinée et du Cap-Vert (PAIGC, au pouvoir), auquel tous deux appartiennent.

Le PAIGC a contesté tous les Premiers ministres nommés depuis lors. Ses députés ont refusé de siéger, empêchant le Parlement de fonctionner. Plusieurs médiations ont été menées pour lever le blocage.

Ces troubles politiques sont le dernier avatar de l'instabilité de cette ex-colonie portugaise: depuis son indépendance en 1974, elle a connu des coups d'Etat réussis ou avortés, guerres civiles et assassinats à caractère politique, dans lesquels l'armée a souvent joué un grand rôle.

Le nul face au Gabon a déclenché une grande joie dans les rues de la capitale, Bissau, alors que la CAN était déjà dans tous les esprits depuis la qualification historique des Djurtus à leur première phase finale.

Cela permet "un coup de projecteur sur un pays qui demande à être connu" autrement que par la violence, a estimé Alpha Djalo, président du comité de soutien pour l'équipe nationale "Tous pour les Djurtus".

Ordem Francisco Clabus, jeune informaticien de Bissau, espère une "plus grande surprise encore au Gabon": entendre l'hymne de son pays à la remise de la coupe continentale.

Pas "pour faire de la figuration"

Ce rêve semble pour l'heure hors de portée de la Guinée-Bissau, 68e au classement mondial de la Fifa de la mi-janvier.

Aucun joueur du championnat national ne fait partie des footballeurs retenus par le sélectionneur national Baciro Candé qui, pourtant, s'était dit confiant. "Nous sommes la grande inconnue et, pour certains, la plus faible équipe du groupe. Mais nous n'allons pas au Gabon pour faire de la figuration", avait-il prévenu.

En outre, l'encadrement a eu du mal à réunir le budget nécessaire estimé à 600 millions de francs CFA (environ 914.000 euros). Une fortune dans un pays qui manque d'argent et peine à payer ses fonctionnaires cumulant des dizaines de mois d'arriérés de salaires.

"Nous n'avons pas encore les fonds promis par le gouvernement. Il y a des arriérés de primes à payer. Mais cela ne nous empêchera pas de travailler", avait dit l'entraîneur avant le tournoi, sans précisions.

"Je vais personnellement m'engager avec les membres de mon gouvernement pour trouver des moyens pour permettre à notre pays d'être dignement représenté" à la CAN, a assuré en écho le Premier ministre.

Parallèlement, on cherche des sources alternatives de financement.

L'entreprise de télécommunications Orange-Bissau a signé avec la fédération de football un accord de parrainage d'une durée de deux ans, prévoyant le versement de 100 millions de FCFA (plus de 152.000 euros) à l'équipe nationale pour la CAN-2017.

De son côté, le comité de soutien a "confectionné des T-shirts", mis en vente, et "placé des cagnottes dans les lieux publics pour collecter des contributions" pour la fédération, a révélé Alpha Djalo de "Tous pour les Djurtus".

Des responsables fédéraux se sont aussi rendus au Portugal et en France pour solliciter l'appui financier de leur importante diaspora bissau-guinéenne.

Avec AFP

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