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Cameroun : attendez avant de planter (le gouvernement aux agriculteurs)


Au Cameroun, le gouvernement a demandé aux agriculteurs de ne rien planter pour la prochaine saison, jusqu’à ce qu’il puisse s’assurer qu’il y aura assez de pluies. Le climat, plutôt imprévisible de ces dernières années, s’est traduit par de longues sécheresses et de faibles productions.

Ndukong Kennedy, 42 ans, élève des poulets à Santa, dans la banlieue de Bamenda, dans le nord-ouest du Cameroun. Il cultivait auparavant de l’arachide, mais a connu deux mauvaises récoltes consécutives dues à une pluviométrie insuffisante. Les pluies commencent d’habitude au mois de mars :

"Les pluies ne sont venues qu’à la fin d’avril, et le soleil était tellement chaud qu’il a fini par griller l’arachide sur place. Nous avions l’habitude de préparer nos champs pendant la saison sèche, en sachant que les pluies commenceraient le 15 mars, mais maintenant on ne sait plus ».

Henry Mumah Awah, le principal responsable gouvernemental chargé de l’environnement à Bamenda, a demandé aux agricultures de ne rien planter en 2016 jusqu’à ce qu’il leur donne le feu vert :

"Il y a confusion sur la pluviométrie. Avant nous savions que nous avions une saison sèche et une saison des pluies précises. Maintenant, rien n’est plus très certain. Le rendement a baissé pour certaines cultures à cause de cette situation. Les températures ont aussi augmenté, à cause du déboisement abusif, et il y a beaucoup de CO2 dans l’atmosphère ».

Selon les Nations Unies, la température moyenne par an a augmenté de 0,7 degrés Celsius depuis les années 1960. Pendant la même période, les pluies ont baissé de 2,2% par décennie.

L’écologiste Nestor Buma blâme l’homme pour cette dégradation :

"Plus de 80 à 90% de la population utilise du bois (pour satisfaire ses besoins énergétiques). Cela pousse la population locale à abattre des arbres, et conduit à un usage abusif du bois dans les foyers”.

Dépendant de la région, on commence à planter de la mi-mars à juin au Cameroun. Il est difficile de dire combien d’agriculteurs sont affectés par l’appel des autorités d’attendre leur feu vert, mais 70% des 22 millions de Camerounais dépendent de ce secteur primaire, dont beaucoup dans l’agriculture de subsistance.

Pour le moment, le Cameroun ne signale pas de pénuries alimentaires aigues, mais il y avait un déficit céréalier de 200.000 tonnes l’année dernière. Les prix des haricots, de la pomme de terre et du maïs ont augmenté de 25% ces 2 dernières années, selon le gouvernement, à cause d’une stagnation de la production dans certaines régions.

(Reportage de Moki Edwin Kindzeka, réalisé à Bamenda)

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