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Burkina : la société civile dénonce l'impunité de la répression des manifestations anti-Compaoré


Blaise Compaoré, Paris, 18 septembre 2012
Blaise Compaoré, Paris, 18 septembre 2012

La Coalition contre la vie chère au Burkina, qui regroupe les principales centrales syndicales et une vingtaine d'organisations de la société civile, a dénoncé l'impunité de la répression contre les manifestations ayant abouti à la chute du régime du président Blaise Compaoré, fin octobre 2014.

La Coalition veut aussi faire la lumière sur plusieurs affaires survenues sous le gouvernement de transition qui a conduit le pays aux élections pendant un an après la chute de Compaoré.

"A ce jour, aucune lumière n'a été faite ni sur le dossier des martyrs de l'insurrection (populaire d'octobre 2014), ni sur celui des victimes du coup d'Etat de septembre 2015, ni sur les dossiers antérieurs de crimes de sang et de crimes économiques", a déclaré lors d'une conférence de presse à Ouagadougou le président de la Coalition contre la vie chère, la corruption, la fraude, l'impunité et pour les libertés (CCVC), Chrysogone Zougmoré.

Sur VOA Afrique, M. Zougmoré

Egalement président du Mouvement burkinabè de défense des droits de l'Homme et des peuples (MBDHP), M. Zougmoré a dénoncé la "faillite du système judiciaire" burkinabè.

33 personnes ont officiellement trouvé la mort et plus de 600 ont été blessées lors des manifestations populaires qui ont poussé à la démission le président Blaise Compaoré le 31 octobre 2014, après 27 ans au pouvoir.

Au moins une quinzaine de personnes ont également été tuées mi-septembre 2015, lors du putsch raté de l'ancienne garde prétorienne de M. Compaoré, le Régiment de sécurité présidentielle.

Pour la Coalition contre la vie chère, "il est impérieux et urgent que toute la lumière soit faite sur l'ensemble des affaires louches" sous le gouvernement de transition.

Plusieurs scandales éclaboussent l'ex-Premier ministre Isaac Zida, des membres de son gouvernement et des leaders d'organisation de la société civile l'ayant soutenu durant ses treize mois au pouvoir.

M. Zida et ses ministres sont notamment accusés d'avoir acquis des parcelles à prix cassé dans le quartier huppé de Ouaga2000 et de s'être octroyés des "bonus" salariaux à la fin de leur mandat en décembre.

"Tous les coupables, quels que soient leurs rangs, leurs titres ou leurs grades doivent répondre de leurs forfaits", exige la Coalition contre la vie chère. Des accusations d'enrichissement illicites ont également été lancées.

Les autorités ont annoncé vendredi que M. Zida et son épouse renonçaient aux terrains acquis à Ouaga2000 mais le gouvernement dit avoir ordonné un audit sur l'attribution des parcelles dans ce quartier.

M. Zida, ancien numéro 2 de la garde prétorienne de M. Compaoré, s'était emparé du pouvoir à la chute de ce dernier avant de le céder sous la pression de la communauté internationale à l'ancien diplomate Michel Kafando, dont il est devenu le Premier ministre.

Le président burkinabè Roch Marc Christian Kaboré, élu fin novembre 2015, a annulé mi-mars la nomination du général Zida comme ambassadeur à Washington, annoncée sans son aval au journal officiel et exige son retour du Canada où il s'est rendu avec une permission d'un mois en tant que militaire.

M. Zougmoré a également accusé le pouvoir du nouveau président de n'avoir pas fait grand-chose pour lutter contre la vie chère.

"Plus de trois mois après l'arrivée du MPP (Mouvement du peuple pour le progrès, le parti présidentiel) au pouvoir, la situation sociale des populations n'a guère connu d'amélioration", a-t-il dénoncé.

"Les prix des produits de première nécessité (riz, sucre, huile, carburant...) restent hors de portée de la grande majorité des populations, tandis que l'on assiste à des tentatives de remise en cause des acquis des travailleurs", a-t-il déploré.

Avec AFP

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