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Ali Bongo rejette la responsabilité des émeutes sur l'opposition


Ali Bongo dénonce des émeutes à Libreville
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Ali Bongo dénonce des émeutes à Libreville

Le président gabonais Ali Bongo a rejeté jeudi la responsabilité des violences qui ont fait trois morts après l'annonce de sa réélection sur des "groupuscules formés à la destruction". Le gouvernement a annoncé un millier d'interpellations.

"La démocratie s'accorde mal des succès autoproclamés, des groupuscules formés à la destruction. La démocratie s'accommode mal de la prise d'assaut d'un parlement et de la télévision nationale", a déclaré Ali Bongo Ondimba lors d'une brève allocution au palais présidentiel.

"Les élections ont rendu leur verdict (...) Qui a perdu? Un groupuscule dont le seul projet était de prendre le pouvoir pour se servir du Gabon et non servir le Gabon", a encore accusé le fils et successeur d'Omar Bongo, en visant Jean Ping, son principal rival à la présidentielle, qui était parvenu à rallier d'autres candidats importants de l'opposition.

L'annonce de sa réélection mercredi en fin de journée par la commission électorale a déclenché une nuit d'émeutes meurtrières et de pillages à Libreville et dans d'autres villes du pays.

Le centre de la capitale était quadrillé jeudi par les forces de l'ordre, notamment aux abords de l'Assemblée nationale, incendiée mercredi, et du QG de M. Ping, pris d'assaut dans la nuit. Les grands axes étaient dévastés, bordés de bâtiments incendiés et jonchés de restes de barricades. Près de l'Assemblée, la police a tiré en fin de matinée des lacrymogènes pour empêcher tout attroupement.

Des pillages étaient toujours en cours à la mi-journée dans des quartiers populaires de la capitale, selon la police. Mais les centres névralgiques du pouvoir étaient sécurisés par un imposant dispositif. Les communications internet ne fonctionnaient pas depuis mercredi soir.

"Sur Libreville, il y a entre 600 et 800 interpellations, et 200 à 300 sur le reste du pays", a annoncé le ministre de l'Intérieur, Pacôme Moubelet-Boubeya. Il a également déploré "la mort de trois personnes". Jean Ping - réfugié dans un lieu inconnu - avait fait état d'au moins deux personnes tuées dans l'assaut contre son QG de campagne dans la nuit de mercredi à jeudi.

"Pour l'instant, nous faisons uniquement du maintien de l'ordre. Lorsque le moment sera venu, nous prendrons des mesures pour rétablir l'ordre sans équivoque", n'a pas hésité à prévenir le ministre de l'Intérieur.

Retenus depuis 06H00 au quartier général de Jean Ping, une vingtaine de leaders de l'opposition et de la société civile gabonaise restaient "séquestrés" dans les locaux jeudi soir, selon Zacharie Myboto, ancien ministre d'Omar Bongo, qui se sentait "en totale insécurité".

'frustration des jeunes'

"On nous a dit qu'on devait être transférés au siège de la gendarmerie, mais nous n'avons toujours pas de nouvelles", a-t-il raconté à l'AFP, en précisant que 25 personnes étaient retenues avec lui dans la cour du QG, dont l'ancien vice-président de la République Didjob Ding Duvungui.

Mercredi en fin d'après-midi, la commission électorale avait annoncé la réélection du président sortant pour un deuxième septennat avec 49,80% des suffrages, devant M. Ping (48,23%), 73 ans.

Cet écart marginal représente une différence de 5.594 voix, sur un total de 627.805 inscrits, dans ce petit pays pétrolier d'à peine 1,8 million d'habitants.

Ali Bongo, 57 ans, devrait sa réélection à son score écrasant dans son fief familial, le Haut-Ogooué, où il aurait obtenu 95,46% pour plus de 99% de participation. Selon le camp de M. Ping, celui-ci avait une avance de plus de 60.000 voix avant les résultats officiels et contestés du Haut-Ogooué.

Le régime d'Ali Bongo se trouvait jeudi sous la pression de la communauté internationale qui appelle à un arrêt des violences et à un nouveau comptage des votes du scrutin de samedi.

Comme l'opposition, l'Union européenne, la France et les États-Unis ont demandé la publication des résultats de tous les bureaux de vote du Gabon (environ 2.500).

La chef de la diplomatie européenne Federica Mogherini a évoqué jeudi une crise profonde" et a appelé les différentes parties "au calme".

Par la voix de son président François Hollande, la France, ancienne puissance coloniale, a appelé "toutes les parties à la retenue et à l'apaisement, ce qui suppose un processus garantissant la transparence sur les résultats du scrutin".

Disant entendre "la frustration du peuple gabonais, et des jeunes en particulier", le secrétaire général des Nations Unies Ban Ki-moon a lui aussi appelé à une "vérification transparente" des résultats.

A la présidence, le porte-parole d'Ali Bongo, Alain-Claude Bilie-Bye-Nze, ne semblait pas apprécier ces conseils: "Nous faisons les élections en fonction de la loi gabonaise (qui prévoit la publication des résultats par région). Les pressions internationales doivent tenir compte de la loi gabonaise: ce ne sont pas elles qui vont la changer".

A la Confédération africaine de football, on se voulait confiant, promettant qu'à ce jour, il n'y avait "aucun changement" dans le calendrier de la CAN-2017 que doit accueillir le Gabon du 14 janvier au 5 février.

Avec AFP

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