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Avec Trump, les militaires prennent leur revanche politique


L'ancien général Michael Flynn (Archives)
L'ancien général Michael Flynn (Archives)

Barack Obama se méfiait d'eux, mais Donald Trump les adore: il devrait y avoir au moins trois anciens généraux dans la future administration du président américain élu, une situation peu ordinaire.

Donald Trump a commencé par nommer le controversé général Michael Flynn, ancien chef du renseignement militaire, comme conseiller à la sécurité nationale. Puis il a désigné James Mattis, légendaire général des Marine, comme secrétaire à la Défense.

Et depuis mercredi, John Kelly, autre ancien général respecté, est pressenti pour prendre la direction du tentaculaire ministère de la Sécurité intérieure.

Pour Timothy Hagle, professeur de sciences politiques à l'université de l'Iowa, Donald Trump a beaucoup recours aux généraux car il estime qu'ils "vont aider le gouvernement à faire le job".

"Je ne pense pas qu'il soit particulièrement militariste, mais il voit les généraux comme des gens directs, parlant franchement" et "focalisés sur leur mission", a-t-il confié à l'AFP.

"Trump est très impressionné par le sérieux, l'expérience qu'une série d'anciens généraux a manifesté" lors des entretiens menés depuis son élection dans sa tour de New York, renchérit David Barno, lui-même ancien commandant des forces américaines en Afghanistan et devenu universitaire.

Les militaires sont "très différents des autres personnes dont il était entouré pendant sa carrière, y compris pendant la plupart de sa campagne électorale", a-t-il indiqué à l'AFP.

Sur un plan politique, des chefs militaires comme James Mattis ou John Kelly apportent également à la future administration Trump le grand respect dont ils bénéficient dans l'opinion publique, tant chez les républicains que chez les démocrates.

Leur profession "est la plus respectée dans le pays", souligne David Barno.

Certes, l'entrée d'autant d'anciens militaires à des postes clefs fait lever quelques sourcils chez les observateurs, inquiets de voir s'ébrécher le sacro-saint principe du contrôle du militaire par le pouvoir civil.

"Encore un autre général trois ou quatre étoiles nommé à un poste-clef, et on va pouvoir parler de la junte Trump plutôt que de l'administration Trump", ironisait déjà il y a une semaine Andrew Bacevich, un ancien militaire devenu universitaire, cité par Time.

Un entretien avec Brett Bruen de la firme Global Situation Room à Alexandria, en Virginie
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Certes, les officiers supérieurs à la retraite retenus par M. Trump ont « une expérience très riche en termes de ce qu’ils ont fait au niveau militaire » et universitaire, reconnait Brett Bruen, président de Global Situation Room, une firme de consultance internationale basée. L’analyste note, cependant, « des différences entre quelqu’un qui a étudié des théories de l’Histoire pour des opérations militaires et quelqu’un qui a travaillé dans le secteur privé, le secteur du gouvernement, en dehors des questions militaires. »

- 'Tonalité prudente' sur la guerre -

Mais ces inquiétudes semblent pour l'instant rester limitées.

"A trois ou quatre (anciens généraux), je ne pense pas qu'il faut s'inquiéter, à cinq ou six, il faut peut-être demander s'il n'y a pas quelque chose qui est en train de se passer", estime Timothy Hagle.

"Je ne suis pas extrêmement inquiet, mais c'est vrai que si vous avez un nombre significatif d'anciens militaires dans le gouvernement, vous pouvez peut-être commencer à vous demander si le civil maintient son total contrôle sur le militaire", concède David Barno.

En tout cas, ce n'est pas parce qu'un gouvernement compte d'anciens soldats dans ses rangs qu'il est plus porté sur une politique militaire agressive, remarquent nombre d'experts.

"Les anciens généraux ne réclament pas la guerre, ils sont le plus souvent ceux qui demandent qu'elle ne soit utilisée qu'en dernier recours, quand tous les autres moyens d'action ont été utilisés", a expliqué dans une tribune publiée par le site Vox.com un autre ex-militaire, le général Charles Dunlap, aujourd'hui professeur à l'université Duke.

"Je pense que les militaires apporteront une tonalité prudente sur les campagnes militaires, plus peut-être que certains responsables civils dans le passé", estime de son côté David Barno.

Barack Obama a entretenu des rapports compliqués, souvent empreints de méfiance réciproque avec les chefs militaires et le Pentagone.

Le président qui s'était fait élire sur la promesse d'un retrait d'Afghanistan et d'Irak a toujours imposé une grande réserve à ses généraux, par crainte que des fuites dans la presse ne lui lient les mains avant sa prise de décision.

En 2010, la Maison Blanche avait poussé à la démission le général Stanley McChrystal, considéré comme un des militaires les plus brillants de sa génération, pour des propos rapportés dans la presse.

Le général Mattis lui-même, le futur chef du Pentagone, avait dû quitter son dernier commandement au Moyen-Orient avec quelques mois d'avance début 2013, la Maison Blanche se méfiant de son hostilité vis-à-vis de l'Iran.

Avec AFP

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