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Au moins 26 morts en près d'un mois de manifestations au Venezuela


Des manifestants de l'opposition se sont réunis contre le président Nicolas Maduro, à Caracas, au Venezuela, le 15 avril 2017.
Des manifestants de l'opposition se sont réunis contre le président Nicolas Maduro, à Caracas, au Venezuela, le 15 avril 2017.

Les manifestations au Venezuela pour exiger le départ du président socialiste Nicolas Maduro ont fait 26 morts en près d'un mois, a annoncé mardi la procureure générale de la Nation, condamnant la violence qui déchire le pays.

"Je ne peux tolérer la violence, je regrette la mort de 26 personnes, qu'elles soient pro-gouvernement ou de l'opposition. La mort d'une personne est toujours regrettable", a déclaré à la presse Luisa Ortega, précisant que les victimes sont "quatre adolescents et 22 adultes".

Le parquet dénombre aussi 437 blessés et 1.289 personnes arrêtées pour divers troubles et pillages survenus dans cette "ambiance de crispation politique", a souligné Mme Ortega.

Peu avant, le Défenseur du peuple (autorité veillant au respect des droits de l'homme), Tarek William Saab, avait annoncé la mort mardi dans un hôpital d'un homme blessé par balle lundi alors qu'il participait à une manifestation pro-gouvernement.

Une autre victime avait été recensée plus tôt par le parquet, un jeune homme de 23 ans tué mardi matin d'un tir dans la tête alors qu'il manifestait dans l'Etat de Lara (nord-ouest).

Malgré ces violences, l'opposition appelle à un nouveau défilé mercredi en faveur d'élections générales anticipées, l'objectif central de ces mobilisations.

"Nous avançons. Nous ne nous rendons pas. Si nous arrivons à maintenir la pression, nous allons obtenir le changement", a déclaré Freddy Guevara, vice-président du Parlement, l'unique institution contrôlée par l'opposition depuis fin 2015.

Mot d'ordre pour mercredi: gagner le centre de Caracas pour protester face à l'une des institutions réputées proches de Maduro et qui se trouvent dans ce secteur.

Jusqu'à présent les milliers d'opposants défilant contre le président ont toujours été empêchés d'atteindre le coeur de la capitale par les forces de l'ordre, qui les ont repoussés avec des gaz lacrymogènes, des canons à eau et des balles en caoutchouc.

Mardi, le Parlement débattra sur la possible révocation des juges du Tribunal suprême, institution qui a déclenché cette vague de protestations le 1er avril en confisquant brièvement les pouvoirs des députés, avant de les rétrocéder 48 heures plus tard devant le tollé diplomatique.

La procureure Ortega elle-même avait critiqué la décision comme une "rupture de l'ordre constitutionnel", affichant ainsi la seule voix discordante au sein du clan chaviste (du nom du défunt président Hugo Chavez, 1999-2013).

'Des morts et des prisonniers'

"Ces actions de résistance qui mettent dos au mur le dictateur (Maduro, ndlr) ont un coût très élevé: des morts et des prisonniers", a reconnu Freddy Guevara dont le parti Volonté Populaire compte lui-même un leader en prison depuis 2014, Leopoldo Lopez.

Lundi, trois hommes ont été tués et sept personnes blessées lors d'une journée de mobilisation au cours de laquelle des milliers d'opposants ont bloqué les routes du pays.

"Combien de morts faut-il encore aux extrêmistes de l'opposition pour abandonner la violence comme moyen de faire la politique?" s'est indigné le général Vladimir Padrino Lopez, ministre de la Défense et chef de l'armée, allié crucial du président Maduro.

Dans ce pays pétrolier dont l'économie s'est effondrée avec la chute des cours du brut, la majorité des aliments et médicaments sont introuvables. Lassés, sept Vénézuéliens sur dix souhaitent le départ de Nicolas Maduro, selon un sondage Venebarometro.

'Fissures'

L'un des hauts dirigeants du chavisme, Diosdado Cabello, a assuré lundi que "Nicolas ne va pas partir" avant la fin de son mandat en décembre 2018.

Pour les analystes du cabinet Eurasia, le camp anti-Maduro est pourtant en position de force: "L'opposition est plus unie dans les rues et semble avoir retrouvé de l'énergie", écrivent-ils dans une note.

Or dans le clan présidentiel, "l'unité est plus fragile que par le passé, et la pression de plus en plus forte de la rue et de la communauté internationale a le potentiel pour élargir, voire faire éclater entièrement, les fissures existantes", ajoutent-ils.

M. Maduro a invité l'opposition à reprendre le dialogue gelé depuis décembre, appelant le pape François à "accompagner" ces discussions. L'an dernier, une médiation sous l'égide du Saint-Siège avait échoué.

Onze pays latino-américains ainsi que les Etats-Unis plaident pour des élections.

Une précédente vague de manifestations en 2014 avait fait officiellement 43 morts.

Avec AFP

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