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Arnab Goswami, le bruyant trublion nationaliste de la télé indienne


Arnab Goswami. (Photo: Deepak Dobhal / VOA)
Arnab Goswami. (Photo: Deepak Dobhal / VOA)

Arnab Goswami, le présentateur controversé qui a révolutionné la télévision indienne avec son style agressif et sensationnaliste, lance sa propre chaîne d'information et compte bien qu'elle soit à l'image de son personnage: "patriotique et nationaliste".

Le journaliste métamorphosé polémiste de 43 ans est aussi adoré en Inde, pour ses prises de position assumées et férocement anti-Pakistan, qu'il est haï par ses critiques, qui l'accusent de promouvoir avec fracas une certaine droite chauvine.

"Quand un terroriste pakistanais tue un soldat, je ne vais pas essayer de considérer ça avec un regard atténué par l'objectivité", déclare à l'AFP l'animateur aux lunettes cerclées de noir - sur un surprenant ton doux en décalage avec son incarnation hurleuse à l'écran.

Pendant une décennie, son émission de débat d'actualité "The Newshour" sur la chaîne d'information anglophone Times Now a marqué les soirées de la télévision indienne. La patte "Arnab" a obligé ses concurrents à adopter une couverture plus tapageuse de l'info pour rester dans la course à l'audience.

Une émission de Goswami est une expérience aussi bien visuelle que sonore. L'écran est divisé en autant de cases que de participants, généralement une demi-dizaine, qui se crient tous dessus. Les bandeaux rouge vif flashent en grosses lettres capitales. Pas de place pour la nuance.

Au milieu de cette cacophonie, en maître de cérémonie, Arnab Goswami distribue les bons et les mauvais points, balance sa célèbre formule inquisitrice "la nation veut savoir !", jappe des questions et n'hésite parfois pas à humilier des intervenants ou à les évincer de son plateau.

"Je crie parce qu'en Inde si vous ne criez pas, on ne vous entend pas", explique le polémiste, que certains de ses collègues surnomment selon la presse "meethi churri" - un couteau trempé dans le miel.

Les émissions de débat serein ? "Ennuyeux", lâche-t-il.

Fox News indien ?

Après avoir quitté Times Now à l'automne, Arnab Goswami s'apprête à lancer sa propre chaîne de télévision, Republic TV. En quatre mois, il a rassemblé une équipe de 300 journalistes qui s'affaire dans une newsroom flambant neuve du centre de Bombay.

Nouvelle télévision, même recettes. Son ex-employeur le menacerait de poursuites judiciaires mais le présentateur compte bien continuer à rythmer ses émissions de son mantra "la nation veut savoir !", indissociable de sa marque de fabrique.

Arnab Goswami voit grand. Dénonçant une "cabale des médias indiens de Delhi" contre sa personne, il ambitionne de faire de sa chaîne d'informations en continu la plus regardée en anglais du pays. Avant de s'attaquer au reste du monde.

"Je pense que l'hégémonie des médias occidentaux arrive à son terme", déclare-t-il sans modestie.

"Les médias d'information anglophones dans le monde ont été trop dominés par l'Occident. Sous trois ou quatre ans, je suis certain que j'aurai corrigé ça et que je serai en compétition avec des organisations comme BBC ou CNN", lance le diplômé d'Oxford.

Ses détracteurs soulignent qu'il est soutenu dans son projet par des investisseurs proches du Bharatiya Janata Party (BJP), le parti nationaliste hindou au pouvoir en Inde. Mais le polémiste se défend d'être affilié à une formation politique.

Si Arnab Goswami juge "presque embarrassante" la couverture critique de certains médias américains envers le président Donald Trump, il récuse pourtant ses opposants qui le soupçonnent de fabriquer un "Fox News indien", en référence à la chaîne conservatrice américaine.

"Ce sont les minables des médias indiens qui nous appellent "Fox News". Je n'ai jamais regardé Fox News donc je n'en tire aucune inspiration", affirme-t-il.

L'homme se décrit comme un "nationaliste libéral". Il dit être en faveur de la laïcité, d'une plus grande intégration des différentes communautés de la société indienne, s'est fait le porte-voix des droits des femmes et des homosexuels, et a dénoncé les fondamentalismes aussi bien musulman qu'hindou.

Dans la réalité comme devant les caméras, "Arnab" ne se départ jamais de son sens de la formule: "Je fais juste ce qui me vient droit du coeur. Je tire à vue, je ne retiens aucun coup, je ne ferai rien d'autre que ça."

La nation veut savoir la suite.

Avec AFP

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