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Ankara émerge de ses ruines après le putsch avorté en Turquie


Les portes de cuivre cassées du parlement turc attaqué pendant le coup d'Etat militaire à Ankara, en Turquie, le mardi 19 juillet 2016.
Les portes de cuivre cassées du parlement turc attaqué pendant le coup d'Etat militaire à Ankara, en Turquie, le mardi 19 juillet 2016.

Imposant bâtiment de dix étages, le siège de la police à Ankara devait incarner la force et l'ordre. Il est aujourd'hui en ruines, éventré par une série de frappes aériennes dans la nuit du putsch manqué.

"Je ne sais pas combien de temps prendra la reconstruction. Mais nous avons commencé", dit un responsable de la police à l'AFP sur place, inspectant l'étendue des dégâts.

Les putschistes qui ont tenté de renverser le président Recep Tayyip Erdogan dans la nuit de vendredi à samedi, à l'aide de chars et d'avions, ont ciblé les principaux centres du pouvoir dans la capitale, comme le quartier général de la police, le Parlement, mais aussi le palais présidentiel. Ce dernier doit accueillir mercredi deux réunions importantes.

Ces bâtiments, que les Turcs voient parfois comme une incarnation intimidante du pouvoir de l'Etat, ont subi de lourds dégâts dans ces raids.

Après avoir "piraté" des avions et des hélicoptères d'attaque, les conjurés ont, dans la nuit de vendredi à samedi, survolé la capitale, terrorisant la population.

"Nous avons été attaqués par des hélicoptères et des F-16. Surtout après minuit, l'intensité a augmenté", a raconté le responsable de la police sous couvert d'anonymat. "Ils faisaient une pause, puis revenaient avec encore plus d'intensité".

- Sous le regard de Mustafa Kemal -

La façade du bâtiment de la police est défigurée et le trottoir devant recouvert d'une couche de verre brisé qui craque sous les pas comme de la neige dure.

Les lettres signalant le siège de la police n'ont pas été épargnées: certaines sont tombées et d'autres, ne tenant qu'à un fil, menacent de suivre.

Dans les étages supérieurs, les plus touchés, les murs des bureaux ont explosé. Sur certains d'entre eux, visibles depuis la rue, sont accrochés des portraits du fondateur de la République de Turquie, Mustafa Kemal, qui semble contempler la scène.

Dans le district de Gölbasi, juste à l'extérieur de la capitale, 42 personnes ont péri dans deux frappes aériennes des putschistes contre le quartier général des forces spéciales.

A travers un mur détruit du bâtiment principal, un dortoir se révèle, avec ses lits superposés aux matelas et aux oreillers intacts.

Des proches des victimes pleurent à côté des policiers qui montent la garde devant l'édifice.

- "Mains liées dans le dos" -

Le traumatisme, bien que d'une nature différente, dominait aussi au quartier général de la télévision publique, la TRT, investie par les putschistes qui ont contraint une journaliste à lire la déclaration par laquelle ils annonçaient avoir pris le pouvoir.

"Les employés avaient les mains liées dans le dos et ont été contraints de s'allonger", a raconté l'un des responsables de la TRT, Kudret Dogandemir. "Pendant ce temps, des F-16 nous survolaient à basse altitude".

Quelques jours plus tard, la routine semblait avoir repris ses droits, a constaté l'AFP, un présentateur lançant un sujet sur l'échec du coup d'Etat.

Mais la cible la plus symbolique est sans doute le Parlement turc, où de nombreux députés se sont précipités après le début de la tentative de coup d'Etat et d'où ils ont proclamé que le putsch allait échouer.

Irfan Neziroglu, secrétaire général de l'Assemblée, a raconté qu'il s'était immédiatement rendu sur place avec d'autres élus en apprenant qu'une tentative de coup d'Etat était en cours.

"Avec le vol des F-16 à très basse altitude, c'était une panique indescriptible", a-t-il déclaré.

Selon lui, l'enceinte du Parlement a été bombardée à trois reprises par les pilotes rebelles.

Ce qui était autrefois un hall agréable, décoré de cactus et de pièces d'eau décoratives, est recouvert de bris de glace. Les murs se sont effondrés, les massives portes dorées sont sorties de leurs gonds.

Imperturbables, deux militaires en tenue de cérémonie montent la garde à l'entrée, immobiles, comme figés dans le temps.

"Si l'une des bombes avait dévié de quelques centimètres, nous tous qui nous trouvions dans le parlement ne serions pas ici aujourd'hui", estime M. Neziroglu.

"L'objectif était de tuer".

Avec AFP

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