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Amnesty International et HRW réclament justice pour les victimes des violences électorales de 2015 en Guinée


Violences dans la capitale guinéenne le 13 avril 2015
Violences dans la capitale guinéenne le 13 avril 2015

Les ONG des droits humains rappellent qu’au moins 12 personnes sont mortes et plusieurs autres violées, alors que des sympathisants de l’opposition ont perdu leurs biens, durant le scrutin remporté par Alpha Condé.

Les violences qui ont entouré l'élection présidentielle en Guinée en 2015, dont une douzaine de meurtres et des viols, sont restées largement impunies, déplorent lundi Amnesty International et Human Rights Watch (HRW), un constat partagé par l'opposition.

Ces deux organisations de défense des droits de l'Homme ont publié un communiqué conjoint à la veille du premier anniversaire du scrutin, remporté en octobre 2015 par le président Alpha Condé pour un second mandat.

Sollicité par l'AFP après la publication de ce communiqué, le gouvernement guinéen n'a pas réagi dans l'immédiat.

"Un an après les violences électorales, justice n'a toujours pas été rendue", affirment les deux organisations dans ce texte accompagné d'une lettre ouverte à M. Condé.

Le président Alpha Condé (Conakry, 8 octobre 2015)
Le président Alpha Condé (Conakry, 8 octobre 2015)

Amnesty et HRW pressent les autorités d'agir afin que "les membres des forces de sécurité et les groupes liés au parti au pouvoir et à l'opposition répondent de leurs actes pour le meurtre de 12 personnes, pour les viols et pour le pillage de plusieurs marchés perpétrés à Conakry, la capitale" pendant la période électorale.

"A ce jour, personne n'a été traduit en justice pour ces crimes", selon ce texte, qui cite Corinne Dufka, directrice adjointe de la division Afrique de HRW, pour qui "tant que la justice n'aura pas été rendue, les violences électorales se poursuivront en Guinée".

"A chaque fois que la justice est saisie d'une plainte de l'opposition ou de sympathisants de l'opposition, c'est classé sans suite, quand elle ne refuse pas tout simplement de prendre la plainte", a déclaré de son côté à l'AFP le porte-parole de l'opposition, Aboubacar Sylla.

"On accuse souvent l'opposition de violences, mais ce n'est qu'une petite délinquance, en représailles aux violences des forces de l'ordre qui utilisent des balles réelles, font des incursions dans les familles ou violent les concessions, pillent les magasins, et autres", a-t-il ajouté.

Un porte-parole des autorités judiciaires du pays, Ibrahima Béavogui, a rejeté ces critiques, affirmant s'exprimer à titre personnel, en tant que juriste.

"Ces ONG dites de défense des droit humains ne m'intéressent pas, elles n'ont qu'à, avant de faire des rapports comme celui-là, venir discuter avec nous", a-t-il déclaré à l'AFP.

Les ONG reconnaissent "les mesures significatives" prises sous Alpha Condé "pour assurer une meilleure discipline au sein des forces de sécurité et pour rompre avec le passé violent et abusif de la Guinée", mais l'appellent à faire du renforcement de l'Etat de droit une priorité.

Lors d'une réunion la semaine dernière sur ce thème, le représentant spécial dans la région du secrétaire général de l'ONU, Mohamed Ibn Chambas, s'est félicité que l'Afrique de l'Ouest "s'illustre par une absence de violence électorale majeure depuis 2015".

Il a cité le Nigeria, le Niger, le Bénin, le Togo, la Côte d'Ivoire, la Guinée, le Burkina Faso, avec une mention spéciale pour le Cap-Vert, "un exemple remarquable : trois élections, toutes réussies, en 2016".

Avec AFP

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