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Aller à l'école, un rêve pour des milliers d'enfants syriens au Liban


Des réfugiés syriens attendent d'être enregistrés dans un centre à Amman, en Jordanie, le 6 avril 2016
Des réfugiés syriens attendent d'être enregistrés dans un centre à Amman, en Jordanie, le 6 avril 2016

Dans un rapport publié mardi à Beyrouth, Human Rights Watch (HRW) affirme que plus de 250.000 enfants syriens réfugiés au Liban n'ont pas accès à l'éducation.

A 15 ans, Mariam Khatib n'a qu'un rêve: retourner à l'école. Mais comme pour des milliers d'autres enfants syriens réfugiés au Liban, son accès à l'éducation reste bloqué.

"Nous ne sommes rien sans éducation", affirme à l'AFP cette adolescente timide, qui n'est plus retournée à l'école depuis que sa famille a fui la province de Deraa (sud) il y a plus de trois ans.

"Le nombre élevé de Syriens déscolarisés représente une crise immédiate. Certains n'ont jamais mis les pieds dans une salle de classe", écrit-il.

Le problème concerne les jeunes Syriens âgés de 15 à 18 ans. D'après HRW, seuls 3% d'entre eux étaient inscrits dans une école publique libanaise durant l'année scolaire 2015-2016.

Alors qu'un million de Syriens ont trouvé refuge au Liban voisin depuis le début en mars 2011 de la guerre dans leur pays, le gouvernement libanais et les donateurs internationaux tentent de développer la scolarisation chez les enfants syriens.

A Qab Elias, dans la vallée de la Békaa (est), des dizaines de camps de réfugiés informels sont remplis d'enfants privés d'école.

Pas d'aides, pas de moyens

"Je ne peux pas expliquer à quel point c'est dur", confie Ismaël, 18 ans, le frère aîné de Mariam, qui n'est plus scolarisé depuis la classe de 4e. "J'ai très envie de retourner à l'école... Mes amis et les professeurs me manquent", souffle-t-il.

Leur père, Imadeddine, assure qu'il n'a pas les moyens de scolariser ses enfants.

"Notre situation financière ne le permet pas et jusqu'à présent, je n'ai reçu d'aide de personne", regrette-t-il. "Sans éducation, je suis très inquiet pour leur avenir".

Le gouvernement libanais a pourtant pris des mesures pour améliorer la scolarisation des jeunes Syriens. Il a supprimé les frais d'inscription en école primaire, autorisé les réfugiés à s'inscrire dans les écoles sans preuve de résidence et ouvert une deuxième période d'étude l'après-midi spécialement pour eux.

Mais selon HRW, ces mesures sont inégalement appliquées ou, dans certains cas, ignorées.

Les réfugiés, eux, décrivent une situation bien plus complexe dans la réalité, citant le coût de la scolarité comme obstacle majeur.

A cela s'ajoutent le coût du transport, les intimidations, le harcèlement, les capacités d'accueil insuffisantes etc, souligne l'ONG.

Appel aux donateurs

Et de nombreuses familles sont coincées avecl'expiration de leur permis de résidence, dont le renouvellement annuel est onéreux. Sans papiers, elles craignent d'envoyer leurs enfants à l'école par peur des arrestations.

Selon HRW, le gouvernement libanais empêche en outre les enseignants syriens de travailler alors même que le nombre des professeurs dans les écoles publiques reste insuffisant.

Pour Abdelkarim al-Salem, un responsable local dans un camp de réfugiés à Qab Elias, des écoles doivent être ouvertes uniquement pour les réfugiés à l'intérieur des camps, ce qui permettrait aux famille d'économiser de l'argent et aux écoles de ne pas être surchargées.

"Dans ce seul camp, il y a 180 enfants qui ne vont pas à l'école, parce qu'aucune n'a la capacité d'en accueillir autant", explique-t-il à l'AFP. "Et même s'ils pouvaient s'inscrire dans des établissements locaux, la route y menant n'est pas sûre".

Dans son rapport, HRW exhorte les autorités libanaises à mieux mettre en oeuvre leurs politiques et à prendre de nouvelles mesures, comme la possibilité d'employer des professeur syriens et de renouveler les permis de résidence gratuitement.

"Le droit à l'éducation des enfants syriens ne se concrétisera pas tant que le Liban n'entreprendra pas des réformes allant au-delà de ses politiques actuelles et sans un financement accru des donateurs", assure HRW.

Avec AFP

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