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A Flint, Obama boit de l'eau mais rappelle que le chemin sera long


Barack Obama arrive a Flint, Michigan, 4 mai 2015
Barack Obama arrive a Flint, Michigan, 4 mai 2015

Le président des Etats-Unis a bu mercredi de l'eau de Flint, petite ville du Michigan secouée par un retentissant scandale sanitaire, mais souligné que l'indispensable réparation des canalisations de la ville pourrait prendre plusieurs années.

"C'est juste pour illustrer ce que nous savons scientifiquement", a lancé M. Obama après avoir, sous l'oeil des photographes, bu un verre d'eau et rappelé le verdict des autorités sanitaires: lorsqu'elle a été filtrée, l'eau de la ville est sans danger à l'exception cependant des enfants de moins de six ans et des femmes enceintes.

Cependant, a-t-il souligné aussitôt, cette solution temporaire ne doit pas faire oublier que nombre de conduites d'eau en plomb de la ville devront être remplacées: "Cela pourra pendre un an, peut-être deux ans, peut-être plus", a-t-il mis en garde à l'issue d'une rencontre avec les autorités locales.

Ancienne cité industrielle, économiquement sinistrée, Flint est devenue en quelques mois le symbole de l'absurdité d'un système, de l'inquiétante dégradation des infrastructures dans nombre de zones urbaines des Etats-Unis mais aussi des injustices profondes de la société américaine.

M. Obama devait s'exprimer en fin d'après-midi devant un millier de personnes dans un lycée situé dans le nord de la ville, où l'écrasante majorité de la population est noire américaine.

Flint recevait son eau potable du lac Huron, par Détroit, jusqu'en avril 2014, quand les services du gouverneur républicain Rick Snyder ont décidé d'alimenter Flint en eau de la rivière locale, pourtant acide.

Il est désormais établi qu'environ 100 dollars par jour auraient permis d'ajouter des produits anticorrosion préservant le réseau de distribution. Cela n'a pas été fait, par souci d'économie dérisoire. Résultat, l'eau a rongé les conduites, libérant le plomb qui les compose.

Jusqu'à la révélation du scandale mi-2015, les citoyens de Flint, ont bu une eau gravement contaminée au plomb, qui peut gravement perturber le développement psychomoteur des enfants et être à l'origine de maladies graves.

A six mois de l'élection présidentielle qui désignera son successeur, la visite de M. Obama dans cette ville, où les deux candidats démocrates Hillary Clinton et Bernie Sanders s'étaient retrouvés pour un débat début mars, a aussi une dimension politique évidente.

Le président américain entend en particulier insister sur le rôle des agences fédérales sur les questions sanitaires et environnementales, point de contentieux avec ses adversaires politiques. "Il y un contraste saisissant avec certains candidats républicains qui estiment que les agences de protection de l'environnement ne devraient même pas exister", a souligné Josh Earnest, son porte-parole.

Favori de la primaire républicaine, l'homme d'affaires Donald Trump a notamment promis de sabrer les fonds de la puissante Agence de protection de l'environnement (EPA): "L'EPA est la risée du monde", affirmait-il en début d'année. "Ce qu'ils font est une honte".

Trois employés de la ville et de l'Etat du Michigan ont été inculpés. Deux d'entre eux sont en particulier soupçonnés d'avoir modifié les résultats de tests d'eau dans le but de faire baisser le taux de contamination au plomb qu'ils savaient au dessus des normes.

Mardi, des experts de l'ONU sont montés au créneau pour rappeler que le scandale de Flint, où 57% des 100.000 habitants sont Noirs et plus d'un tiers vivent sous le seuil de pauvreté, n'était pas qu'une affaire d'accès à l'eau mais aussi de respect des droits de l'Homme.

"Les décisions n'auraient jamais été prises de façon aussi cavalière si les populations touchées avaient été aisées et majoritairement blanches", a souligné Philip Alston, rapporteur spécial de l'ONU pour la pauvreté extrême et les droits de l'Homme.

"Les élus auraient été beaucoup plus prudents, il y aurait eu une réponse plus rapide face aux réclamations", a-t-il insisté dans un communiqué publié depuis Genève.

Avec AFP

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