Naomi Sims, qui a succombé à un cancer ce weekend à l'âge de 61 ans, avait été parmi les premières femmes noires à faire un tabac dans les grands défilés de mode de New York, siège de la Haute couture aux États-Unis. C'était durant les années 1960, alors que l'Amérique était proie aux remous de la lutte en faveur des droits civiques.
Née en 1948 dans le Mississippi, bien avant la fin de la ségrégation raciale, Naomi Sims avait vécu dans la pauvreté, passant la plupart de son enfance dans des foyers d'accueil avant de remporter une bourse offerte par une école de mode de New York, le Fashion Institute of Technology.
A une époque où les mannequins étaient pratiquement toutes blanches, ou moins foncées de peau, elle avait fait sa place dans les défilés de mode avant d'être propulsée en 1967 sur la couverture d'un magazine du New York Times et dans une publicité diffusée à la télévision. Un an plus tard, c'était la consécration lorsque sa photo apparaissait sur la couverture du The Ladies' Home Journal , l'une des revues favorites des américaines au foyer. Viendraient ensuite d'autres couvertures, dont celles des magazines Life, Vogue et de Cosmopolitan.
Le couturier américain Halston – parmi les premiers à user de ses services - dirait de Naomi Sims qu'elle était une formidable ambassadrice pour tous les Noirs, incarnant le slogan de l'émancipation noire, « Black is beautiful ». Elle aiderait à ouvrir d'innombrables portes pour les mannequins noirs qui seraient enfin intégrées dans les magazines et les publicités à la télévision.
Femme d'affaire avertie, elle lancerait une marque de perruques dès 1973, qu'elle étendrait aux cosmétiques destinées aux peaux noires en 1980. Naomi Sims expliquerait un jour au Washington Post que son but n'avait jamais été de se contenter d'être mannequin.
Elle se ferait également remarquer pour ses ouvrages sur la beauté et la santé, et la réussite sociale. L'école de business de Harvard, tout comme la star médiatique Oprah Winfrey, vanteraient ses qualités d'entrepreneur.