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Washington redoute que le Mexique tombe entièrement aux mains des cartels de la drogue


Dans un récent rapport, le Pentagone avançait l’idée que le Mexique voisinpourrait devenir un État défaillant, où les puissants cartels de la drogue feraient la loi. Aujourd’hui, les autorités américaines s’inquiètent de la désintégration de l’État de droit de l’autre côté de la frontière, signale notre correspondant au Texas Greg Flakus.

Les autorités du Texas sont sur pied de guerre, littéralement, et préparent des plans d’action au cas où la guerre des cartels qui déchire le Mexique s’étendrait de leur côté de la frontière. Le gouvernement du président mexicain Felipe Calderon fait face à deux grands cartels de stupéfiants, qui s’affrontent également avec une violence inouïe – enlèvements, décapitations, tortures, les pires abus des droits humains sont signalés dans le Nord du Mexique.

La crise est telle le long de la frontière avec les États-Unis que, de l’avis d’un responsable de la société de conseil Stratfor Company, basée à Austin, il se pourrait même que le gouvernement mexicain renonce à faire la guerre aux trafiquants en échange d’un calme relatif dans la région.

« Nous attendons de voir si le gouvernement mexicain décide qu’il est beaucoup plus important de réduire la violence, et opte en faveur de négociations avec les cartels pour avoir une trêve qui permettrait de s’attaquer à d’autres crimes, notamment la multiplication des enlèvements » explique M. Marco Papic de la société Stratfor.

Si le gouvernement mexicain n’a pas réussi à dompter les cartels, il est quand même parvenu à réduire le trafic transfrontalier des stupéfiants, ajoute l’expert. Résultat : les cargaisons de drogue sont à nouveau détournées vers les Caraïbes, et certains trafiquants passent même par les îles Galápagos pour éviter de transiter par le Mexique.

M. Papic ne pense pas que la guerre que se livrent les cartels mexicains affectera les États-Unis. Sachant que Washington ne tolèrerait pas une telle situation, les trafiquants préfèrent le statu quo qui leur permet de poursuivre leurs opérations, ajoute l’expert. Pour la même raison, M. Papic ne pense pas que les trafiquants cherchent à renverser le gouvernement mexicain. Ce dernier, dit-il, est suffisamment corrompu pour constituer une réelle entrave à leurs activités.

D’autres observateurs sont plus optimistes. Il se pourrait, affirme le professeur Howard Campbell de l’université du Texas à El Paso, que la société mexicaine se ressaisisse. Si le Mexique et les États-Unis coopèrent, ils peuvent identifier les vrais problèmes et s’y attaquer conjointement, explique le professeur. Parmi ses suggestions : que Washington redouble d’efforts pour limiter le trafic d’armes le long de la frontière. Car la plupart des armes qui alimentent la violence au Mexique sont achetées aux États-Unis, où l’accès aux armes à feu est beaucoup plus facile.

Malheureusement, limiter les ventes d’armes à feu reste très difficile au plan politique pour les autorités américaines, d’autant qu’en juin 2008, la Cour Suprême a statué que le deuxième amendement à la Constitution protège le droit individuel de posséder une armeà feu.

Un grand nombre d’armes sont toujours achetées à l’occasion de foires aux armes, où elles s’échangent pratiquement sans aucun contrôle. Les autorités américaines préfèrent arrêter et traduire en justice les grands trafiquants, plutôt que de limiter les ventes au détail.

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