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Les Américains sont-ils prêts à élire un président noir ?


A moins de trois mois de la présidentielle de novembre, le candidat présumé du parti républicain, le sénateur John McCain accuse son rival démocrate, Barack Obama, de jouer la carte raciale à son profit. D’après les sondages, ce facteur risque de jouer un rôle dans le scrutin puisque, pour la première fois, un Africain-Américain sera le candidat d’un grand parti aux Etats-Unis. Ce sera une étape historique dans la mesure où, aux Etats-Unis, les Noirs n’ont vraiment le droit de vote, dans certaines régions, que depuis quarante ans.

A quelques semaines du scrutin, Barack Obama a accusé John McCain d’essayer de faire peur aux électeurs en jouant la carte raciale. « Ce qu’ils vont tenter de faire, c’est de vous faire peur, en disant : regardez, il ne ressemble pas à tous les autres présidents figurant sur les billets de banque », explique le candidat démocrate. Le sénateur Mccain, lui, se défend d’utiliser le facteur « race » dans sa campagne.

Le débat sur la candidature du sénateur Obama a mis en évidence des différences dans les intentions de vote des Américains, selon qu’ils habitent dans les villes ou les zones rurales. Dans les élections primaires, où il y a eu un face-à-face entre la sénatrice Hillary Clinton et Barack Obama, ce dernier n’a pas réussi à faire le plein des voix des Blancs de la classe ouvrière dans plusieurs grands Etats.

« Je ne pense pas que l’Amérique soit prête pour quelque chose de nouveau…C’est aussi le sentiment de mes amis. Je pense que nous avons intérêt à ignorer ce facteur et à continuer à faire ce que nous faisons d’habibude, c’est à dire voter pour un candidat blanc, plus âgé », explique de son côté Allison Bubb, jeune habitant de 18 ans de Lewistown, une communauté rurale de Pennsylvanie, qui vote traditionnellement pour les républicains.

Curtis Gans enseigne les sciences politiques à American University, à Washington. Il fait observer que des comportements racistes persistent aux Etats Unis, surtout dans les communautés pauvres du Sud. « On sait qu’Obama ne peut pas gagner dans l’Alabama, le Mississipi, la Louisiane et probablement pas en Caroline du Sud et en Géorgie. Mais dans des régions où les situations sont moins tranchées, comme dans l’Ouest de la Pennsylvanie et dans le Sud-Ouest de l’Ohio, il y a le problème du vote de la classe ouvrière blanche », explique M. Gans.

Aux Etats Unis, les grandes villes sont traditionnellement le fief de l’électoral démocrate. C’est notamment le cas de New York, Miami et Los Angeles. De l’avis de Foo Kong, une électrice de Los Angeles, en Californie, « bien qu’il ait fallu un siècle pour combattre la discrimination raciale, dans diverses parties de l’Amérique, elle persiste. » Pour Thomas Mann, un expert de la Brookings Institution, un centre d’études à Washington, il est difficile de prévoir combien de voix Obama pourrait perdre, en raison de préjugés raciaux.

Toutefois, de l’avis des analystes, que le sénateur Barack Obama gagne ou non l’élection présidentielle de novembre, une chose est sure : il aura changé le paysage politique de l’Amérique et brisé une de ses lignes les plus rigides, - celle séparant les Blancs des Noirs. »

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