Selon les sondages, l'économie est le sujet de préoccupation numéro un des électeurs américains, avant la guerre en Irak. Un pourcentage extrêmement élevé d’Américains pense que le pays a sombré dans la récession, même si les statistiques officielles ne reflètent pas encore ce pessimisme.
Ce qui est certain, pour l’instant, c’est que l’économie a ralenti de façon dramatique, la crise qui avait commencé sur le marché des prêts immobiliers ayant gagné le secteur bancaire. En outre, la production industrielle a baissé en février par rapport au mois précédent, alors que le prix du baril de pétrole battait de nouveaux records, largement au-dessus des 100 dollars.
Du coup, des millions d’Américains sont inquiets pour leur emploi, leur maison et leur avenir financier. Certes, la Banque centrale américaine, la Fed, a pris un certain nombre de mesures: elle a abaissé son taux d'escompte à deux reprises et proposé des facilités d'emprunts afin de prévenir une crise systémique. Afin de soulager les banques commerciales qui, à l'image de la société de Wall Street Bear Stearns, souffrent de la crise de confiance qui sévit sur le marché interbancaire, la Fed a également élargi sa palette d'instruments pour assurer l'accès à la liquidité.
Ces mesures même semblent pourtant confirmer la sévérité du ralentissement. Lawrence Summers, ancien secrétaire au Trésor sous l’administration Clinton, est pessimiste.
« Je pense qu’il est très probable que nous sommes en récession. Je pense qu’il est certain que nous sommes dans une situation pratiquement équivalente à une récession pour la plupart des gens. J’espère que cela sera facilement contenu et que nous assisterons à un retour à l’expansion. Mais je ne pense pas, après tout ce qui est arrivé sur les marchés financiers, que nous pouvons être sûrs que ce sera le cas » a expliqué M. Summers, lors d’un débat sur la chaîne de télévision Fox.
Par contre Glenn Hubbard, l’ancien chef de l'équipe économique du président Bush à la Maison Blanche, estime que le ralentissement sera bref.
« Nous avons clairement ralenti depuis l’année dernière, passant d’un PNB qui croissait de plus de 3 % à une hausse d’environ 1,5 % seulement cette année. Le marché du travail commence à se détériorer. La pénurie de crédit affecte énormément l’économie. Néanmoins, je m’attends à la fin de l’année à une reprise largement alimentée par des mesures monétaires et fiscales » a souligné M. Hubbard.
En début d’année, le président Bush a soumis au Congrès un plan de relance pour éviter un ralentissement de l'activité économique et montrer aux marchés financiers du monde entier qu'il était prêt à agir sans tarder. Ce plan, signé depuis, prévoit notamment à titre temporaire des avantages fiscaux pour les particuliers et un allègement de la fiscalité qui devrait encourager les entreprises à investir. L’administration Bush a également encouragé les banques à renégocier les hypothèques des Américains qui ne pouvaient plus payer leurs traites mensuelles.
Certains parlementaires estiment que le programme de M. Bush a été lancé trop tard. « Si l’administration avait agi plus énergiquement et plus tôt, lorsqu’un grand nombre de parlementaires le réclamaient, surtout concernant la crise du logement, alors on n’en serait pas là », a estimé le sénateur démocrate de l’État de New York Charles Schumer.
Ce à quoi le sénateur de l’Arizona John Kyl, un républicain, a rétorqué que les démocrates n’étaient pas sans blâme dans la débâcle du secteur immobilier. A noter que le secteur en question a redonné signe de vie lundi. Les reventes de logements ont enregistré en février une hausse inattendue de 2,9% par rapport au mois précédent ici aux États-Unis en raison d'une forte baisse des prix. C'est la plus importante augmentation enregistrée en un an, et un premier signe d'amélioration du secteur. Reste à voir si cette embellie se confirmera en mars.