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Tiken Jah Fakoly : “Si les enfants de président veulent devenir présidents…”


Déclaré « persona non grata » par le ministre sénégalais de l’Intérieur, le célèbre reggae man ivoirien Tiken Jah Fakoly a confié son amertume à la Voix de l’Afrique.

Tiken Jah Fakoly: J’ai été surpris comme tout le monde d’apprendre cette nouvelle. En tant qu’Africain, je pensais que j’avais le droit de m’exprimer au Sénégal; j’espère simplement que les autorités sénégalaises reviendront, dans les jours qui viennent, sur leur décision. Je pense que le Sénégal n’a pas besoin de ça. Je suis allé au Sénégal, j’ai vu que Dakar était en chantier, que des choses sont en train de se faire, franchement j’ai été surpris...

Comme explique-t-il cette sortie du ministre sénégalais de l’Intérieur ?

Je n’ai aucune explication. J’ai été surpris que le ministre de l’Intérieur prenne cette décision après mon concert. Ce que j’ai dit, c’est quelque chose qui se dit tous les jours au Sénégal. J’ai vu dans les journaux que la polémique était là, les gens en parlaient, mais je m’attendais à tout, sauf ça. Qu’avez-vous dit au fait sur le président Wade et son fils ? J’ai dit simplement que si on ne voulait pas que son fils vienne s’expliquer à l’Assemblée nationale, il ne faut pas le mêler aux affaires de l’Etat. J’ai dit qu’il fallait qu’il le laisse à la maison.

J’ai fait trente concerts en France, et pendant ces concerts, j’ai dit sur scène que la politique de Nicolas Sarkozy par rapport aux tests ADN n’était pas bien apprécié par la jeunesse africaine, que je n’étais pas d’accord ; je l’ai chanté tous les soirs pendant les 30 concerts que j’ai donnés entre la Suisse, la France et la Belgique. J’ai même été suivi pendant trois soirs par les renseignements généraux. Je n’ai pas du tout été inquiété par le gouvernement français.

Quand j’ai été à Bangui, j’ai dit sur scène que je ne souhaitais pas que François Bozizé soit candidat à la présidence, parce qu’on n’avait vécu le cas de Robert Guéi (En Côte d’Ivoire, NDLR) et que ça pouvait créer des problèmes à la Centrafrique. On ne m’a pas écouté, Bozizé est devenu président, on sait que la Centrafrique n’est pas totalement en paix. Je me suis exprimé aussi au Togo par rapport à l’arrivée au pouvoir de Faure Gnassingbé au pouvoir, je n’ai pas été du tout inquiété. Je ne comprends pas pourquoi les autorités sénégalaises ont pris cette décision. Le président Wade fait partie des présidents qui nous ont appris à dire non quand on n’est pas content. Les président Wade et Gbagbo sont les deux qui se sont battus pour le multipartisme, pour la liberté d’expression, donc je suis vraiment surpris que les autorités sénégalaises aient pris cette décision.

Que pensez-vous de cette rumeur de passation du pouvoir de père en fils au Sénégal ?

Je dis qu’il n’est pas question. La jeunesse africaine ne peut pas accepter que tous les efforts qui ont été fournis par nos parents pour arriver à ce petit niveau de démocratie en Afrique (aient été vains, NDLR), et qu’on nous fasse reculer, ce n’est pas possible. Les gens qui étaient à la tête de ce combat, c’était des gens comme Abdoulaye Wade, comme Laurent Gbagbo. Nous avons eu beaucoup de respect pour eux, nous avons encore beaucoup de respect pour eux, mais il faut que tous les chefs d’Etat africains sachent que ce n’est pas possible. Si les enfants de président veulent arriver à la magistrature suprême, il faut qu’ils passent par la voir normale. Je pense que la majorité de la jeunesse africaine pense de la même manière. Pour que l’enfant du président Eyadema devienne président, il a fallu que des jeunes togolais soient assassinés. Nous ne sommes plus prêts à accepter cela…

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